S’attaquer aux droits et libertés d’autrui en prétendant défendre les siens, c’est créer les conditions d’une application différenciée de la loi.

D’autres populations, d’autres fédérations PDG pourraient céder à la tentation de rejouer le vaudeville d’Okondja. Le message était clair : les originaires de la contrée sont tenus de militer au PDG et nulle part ailleurs. © Facebook/Mongabao

 

Peu importent les justifications, leur objectif est connu : faire de cette province la chasse gardée du Parti démocratique gabonais (PDG) pour, le cas échéant, s’en servir comme variable d’ajustement des résultats électoraux. Pour ainsi dire, les actes de vandalisme enregistrés le 22 août courant visaient à transformer Okondja en donjon et le Haut-Ogooué en château fort. De l’avis général, l’incendie de la résidence de Jean-Pierre Lemboumba Lepandou envoie un message clair : les originaires de la contrée sont tenus de militer au PDG et nulle part ailleurs. Quant aux stratagèmes visant à empêcher la tournée d’Alexandre Barro-Chambrier, ils édictent un principe nouveau : la territorialité des droits civils et politiques. En clair, le droit d’aller et venir, le droit à la sûreté, le droit à la liberté d’expression et de réunion et, le droit à la liberté d’opinion, sont opposables partout sur le territoire national sauf… dans le sud-est. Simplement abscons !

Libres et égaux en droit

Visiblement acquis au particularisme, des vandales ont cru devoir se protéger d’une lecture différente de la leur. De leurs agissements se dégageait une conception erronée du jeu politique et des principes démocratiques. En dégoulinait une compréhension hérétique de la République et de ses fondamentaux. Malheureusement, certains zélotes n’ont pas manqué de voler à leur secours. Selon eux, ces mesquineries avaient pour but de défendre les arrières du PDG et d’Ali Bongo en évitant de «livrer ce fief politique à un indésirable.» Autrement dit, les «vassaux» avaient le devoir d’engager des «politiques qui (…) garantissent le maintien de (l’) hégémonie (du pouvoir en place) dans (cette circonscription).» Entre silences volontaires et interprétations spécieuses de notions héritées de l’Ancien Régime, cette rhétorique hasardeuse relève d’un autre âge.

Les hommes étant libres et égaux en droit en République, il n’y a ni vassaux ni suzerains. Les militants étant avant tout des citoyens, ils jouissent de la liberté de décider en âme et conscience. Or, en indiquant aux militants PDG une ligne de conduite, on leur a dénié le droit à la liberté d’opinion. Comme s’ils n’avaient connaissance des valeurs de leur formation politique, comme s’ils n’ont jamais subi de formations internes, ils ont été infantilisés, réduits au statut d’automates sans libre arbitre. Comme si leur champ d’application s’arrêtait aux portes d’Okondja, Alexandre Barro Chambrier s’est vu contester deux de ses droits fondamentaux : le droit d’aller et venir et, le droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion. Comme s’il n’était pas fondé à tenir des réunions, le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) a été contraint de naviguer dans un climat d’insécurité. Quant à Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, son droit à la propriété lui a été contesté.

Déconstruction de l’Etat unitaire

Quand bien même certains feignent de croire le contraire, personne ne tire bénéfice de ces malheureux événements. Nul n’a intérêt à en minimiser le sens et la portée. S’attaquer aux droits et libertés d’autrui en prétendant défendre les siens ? C’est créer les conditions d’une application différenciée de la loi. C’est travailler au triomphe du communautarisme voire du régionalisme et de l’ethnisme. Est-ce le dessein des militants PDG de la ville d’Okondja ? Comme le secrétaire général du PDG, le président du RPM est libre d’aller à la rencontre des populations partout sur le territoire national. Comme lui, les citoyens sont libres d’écouter tous les responsables politiques. Comme lui, Jean-Pierre Lemboumba Lépandou dispose de la liberté d’adhérer au parti de son choix et d’investir partout où bon lui semble. Certains plaident-ils la nécessité de «solidifier» les fiefs et bastions, au risque de les voir «disparaître» ? On ne consolide pas ses positions en interdisant aux autres de circuler ou de s’exprimer. Encore moins en bridant les libertés individuelles. On bétonne ses positions en travaillant, en nouant une relation de confiance.

Face à la récurrence de tels agissements, d’autres populations, d’autres fédérations PDG pourraient céder à la tentation de rejouer le vaudeville d’Okondja. Sans jouer les Cassandre et loin de toute grandiloquence, on peut en tirer une conclusion : l’idée de «République une et indivisible» n’est pas comprise par tous. Au grand dam des républicains de tout bord, l’absence de réaction des détenteurs de l’autorité publique renforce la position des vandales. Elle peut même avoir valeur de protection voire d’encouragement. Or, céder aux particularismes, c’est entamer la déconstruction de l’Etat unitaire.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    L’État unitaire n’existe pas au Gabon. Et il n’existera pas tant que les Bongo (père – fils – petit fils- etc.) resteront au pouvoir avec la bénédiction de la francafrique. Même si on mettait une autre personne qui n’a rien avoir avec les Bongo, l’État unitaire n’existerait toujours pas. Pourquoi? Réponse: parce que beaucoup de ceux qui sont proches de celui qui est au pouvoir se croient ainsi les « gardiens du temple. » Beaucoup vous diront: »nous avons le pouvoir, nous le conservons » pour nous. Nous = l’ethnie, le clan,la région.

    Beaucoup de gabonais résonnent malheureusement ainsi. Ce qui prouve à suffisance que dans notre pays il y a encore beaucoup de tribalisme.

    Ce qui s’est passé à Okondja avec les télés et onObama se serait bien passé de la même façon dans une autre région du Gabon si nous avions un président d’une autre ethnie. Par exemple, si notre président était fang, beaucoup de fang auraient agi de la même façon. Je le dis avec certitude en étant moi même fang, quoique étant opposé radicalement à toute forme de tribalisme. Je n’ai pas une femme fang, mais bien d’une autre ethnie du Gabon. Et mes enfants aussi ne sont pas tribalistes. Certainement parce qu’ils sont bien de deux cultures :fang (par moi, leur père) Et de l’autre ethnie de leur mère.

    Et cette situation tribale fait plutôt la joie de la francafrique qui aime bien voir les africains s’entretuer, et eux venir jouer au sauveur.

    Ne vous attendez pas à un changement radical dans ce pays si nous ne nous décidons pas de nous asseoir ensemble (fils et filles de ce pays) pour réfléchir à tous les maux qui gangrènent notre pays.

    C’est l’unique solution envisageable pour que la paix s’installe au Gabon pour de BON. S’assoir et se parler.

    Et cela doit se faire au Gabon et non plus en France avec les stupides accords de Paris qui n’ont servis qu’aux « intérêts » (quels intérêts ont-ils dans une terre qui leur est étrangère ?) LE GABON AUX GABONAIS SVP.

    Voilà pourquoi j’insiste sur ces rettoretrouvailles en FAMILLE (gabonais du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest). Laissons tomber nos égos pour PONDRE ENSEMBLE ce projet de société qui nous évitera désormais de nourrir toute forme de tribalisme. C’est possible de réaliser celà. Mais il faut d’abord que l’on puisse s’asseoir ensemble et commencer enfin ce travail. Comprenne qui voudra.

    Bonne journée à tous les gabonais.

  2. Gayo dit :

    Un criminel reste un criminel. Tant que le crime lui profite Ali Bongo, le chef du Ndjèlè Ndjèlè Power a la même moralité que ceux qui ont installé les conditions qui ont dirigé le génocide rwandais. La seule chance que les autres gabonais ne se voient pas exterminés est que les altogovéens ne constituent pas une majorité comne celle des hutus au Rwanda. En se laissant pousser ce genre de zèle par Ali Bongo, sa court et les pédégistes c’est simplement l’avenir du pays dont le leur qu’ils mette en danger en posant des actes qui feront que plus d’un gabonais que l’altogovéen est une mauvaise graine pour notre vivre ensemble. Si l’empire romain a pris fin, ce ne sont pas les altogovéens qui resteront éternellenent au pouvoir. Qu’il se ressaisisent au risque que ce jour ne leur cause trop de souffrance avec l’esprit de vengeance qu’ils font naitre dans les coeurs par leurs actes de brimades.

    • asphalt dit :

      Attention à ne pas mettre tous les altogovéens dans la même soupe de  »mauvaises graines pour notre vivre ensemble ».Il s’agit là pour ma part d’un groupuscule dont l’idiotie n’est plus à démontrer, manipulés par d’autres idiots et adeptes de la pensées unique.C’est incidents sont regrettables mais au moins ont le mérites de l’inquiétude et la panique qui prévaut au sein du parti unique.

  3. Gayo dit :

    Les militants du PDG du Haut-Ogooué veulent nous dire qu’ils sont prêts à défendre leurs intérêts par tous les moyens comme l’ont fait le hutu power au Rwanda. Le fait que dans ce pays qu’il y’ai des hommes qui sans honte ont le courage de défente des bassesses aussi dangereux est la preuve qu’on a un criminel et un tueur froid à la tête de ce pays.

  4. Paul Bismuth dit :

    Ali Bongo et son gang d’obligés ne sont jamais que des hypocrites. Comme je l’ai déjà dit dans un post sur un autre article, les principales ambitions de Ali Bongo sont de demeurer président à vie et veiller à ce que la présidence de la République n’échappe pas à sa famille. Tout le reste (démocratie, état de droit, développement économique, justice sociale…) ne sont pour lui que des accessoires qu’on peut aisément sacrifier sur l’autel desdites ambitions.

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