Près de trois ans après le déclenchement de la polémique sur l’état de santé d’Ali Bongo, un peu moins de deux ans après le lancement de la stratégie de lutte contre la covid-19 et, à 18 mois de la prochaine présidentielle, l’opinion s’interroge. Les états-majors politiques aussi.  

Certes, les partis politiques sont animés par des idéologues aux ambitions opposées. Mais, sur l’essentiel, ils peuvent s’accorder. Surtout quand il en va de l’intérêt supérieur de la nation ou de la survie des populations. © Gabonreview

 

Et maintenant ? Comment aborder la suite ? Près de trois ans après le déclenchement de la polémique sur l’état de santé d’Ali Bongo, un peu moins de deux ans après le lancement de la stratégie de lutte contre la covid-19 et, à 18 mois de la prochaine présidentielle, l’opinion s’interroge. Les états-majors politiques aussi. Le 10 février courant, la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence (MRSE) s’est réunie. But de la manœuvre ? Procéder à une «analyse contextuelle (…) en lien avec l’exercice du pouvoir (…)» Le même jour, l’Union nationale (UN) célébrait son 12ème anniversaire. A cette occasion, sa présidente a choisi d’aller «à la rencontre (des) femmes (…) qui animent l’économie populaire (…)» Sur sa lancée, Paulette Missambo a rendu visite aux structures de base deux jours plus tard. De son propre aveu, il était question de faire le bilan de campagne d’adhésion et réitérer les grandes orientations de leur action.

Des lectures diamétralement opposées

Face aux doutes sur l’identité du donneur d’ordres au sommet de l’Etat, eu égard au ras-le bol exprimé par les populations et au regard de l’imminence d’une échéance électorale majeure, ces formations politiques ont des lectures diamétralement opposées. Pour le Parti démocratique gabonais (PDG) et ses alliés, il était urgent de réaffirmer leur allégeance au président de la République. Pour l’UN, il était nécessaire de se mettre à l’écoute des petites gens tout en se rapprochant des militants. Au dépit suscité par un certain autisme, aux sarcasmes générés par sa gouvernance, l’ex-parti unique a répondu en magnifiant le poids des institutions, au point de présenter le président de la République comme son atout majeur dans «l’occupation du terrain.» Aux propos peu amènes de ses contempteurs, le parti d’André Mba Obame a opposé du volontarisme.

De cette description émerge une conclusion : entre mauvaise foi, cécité feinte et opportunisme, la classe politique nationale ne peut se mettre d’accord sur le minimum, y compris l’état des lieux. En fonction des brimades endurées, des avantages acquis ou escomptés, les partis décrivent des mondes différents. Même d’un point de vue juridique et institutionnel, ils ne parviennent pas à accorder leurs violons. A entendre les dirigeants de la MSRE, leurs textes-fondateurs (statuts, règlement intérieur et charte constitutive) peuvent contrebalancer la Constitution. N’établissant aucune différence entre «Distingué camarade président (DCP)» et président de la République, ils réduisent le pays à leurs chapelles. Du coup, ils peinent à saisir le sens et la portée du débat sur les capacités physiques et cognitives d’Ali Bongo. Pour eux, il s’agit d’une polémique malsaine et impertinente. Confronté à ce mur d’incompréhension, l’opposition, singulièrement l’UN, semble avoir fait le pari de la citoyenneté, appelant les populations à «défendre (leurs) droits

Faire montre d’un minimum d’objectivité

Ces divergences de vues transparaissent aussi dans l’évaluation des conséquences de la crise sanitaire. Pour Paulette Missambo, la destruction de l’économie populaire a été aggravée par les restrictions imposées depuis mars 2020. «Vous avez aujourd’hui des mères de familles, des commerçantes à l’abandon, qui n’ont rien pour nourrir leurs enfants», déplorait-elle en décembre dernier chez nos confrères de Radio France internationale (RFI). Pour Eric Dodo Bouguendza, cette appréciation relève «d’une exploitation irresponsable» de la situation. «Ces mesures (…) ont pour seul objectif : éviter une catastrophe humanitaire en sauvant le plus grand nombre de vies possible», assénait-il dans un propos convenu, en février dernier. Malgré un «taux de positivité de 3,9%», son avis n’a guère évolué un an plus loin. D’où son refus de commenter l’annulation des arrêtés n° 0559/PM et 0685/ suite aux requêtes introduites par le Copil citoyen. D’où aussi le silence assourdissant de la MSRE sur la question.

Certes, les partis politiques sont animés par des idéologues aux ambitions opposées. Mais, sur l’essentiel, ils peuvent s’accorder. Surtout quand il en va de l’intérêt supérieur de la nation ou de la survie des populations. Sur le fonctionnement des institutions, comme sur le dynamisme de l’économie, la redistribution de la richesse nationale ou le vivre-ensemble, le décence commande de faire montre d’un minimum d’objectivité. Structurants par essence, ces sujets doivent être abordés sans calcul ni arrière-pensée politicienne. Comme l’ont montré les derniers événements, nombre de responsables se complaisent dans le déni et l’enfumage. Pour le plus grand malheur de l’Etat de droit, au grand dam des populations, notre classe politique ne s’accorde sur rien sauf… sur ses désaccords.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Alors! si l’on suit le dernier paragraphe que faire alors d’une classe politique qui se f*… complètement du citoyen au point même sacrilège suprême car divin et donc de DIEU mentir au peuple sur la forme de ses dirigeants? Que faire lorsque certaines autorités feignent ou ne respecte pas ou plus le principe sacro saint de l’administration » que chacun reste à sa place ». Ainsi, l’on assiste de plus en plus à une sorte de participation à un concours et dont les copies des épreuves sont corrigées par chaque candidat personnellement. Résultats: ego surdimensionné, pédophilie, outrage, inflation, flambée des prix, pauvreté galopante et surtout nos papys et mamys retraités complètement à la peine pour recevoir les miettes.

    Toutes choses qui contraste avec l’obligation qui est la leur de nourrir, éduquer, épanouir, loger, soigner.

    les indicateurs ci après le permettent pourtant: hormis LBV le reste du territoire a en moyenne 60 à 50000 hbts avec au moins une richesse sur son sol. Exemple: OM(pétrole), OGOOUE IVINDO(fer), HO(manganèse uranium et tout et tout..), WOLEU(café, cacao). le pays ayant en partage le bois comme richesse NATIONALE. Ainsi, la NGOUNIE, la NYANGA, LE MOYEN OGOOUE et l’ESTUAIRE en sont royalement dotés.

    l’image posté pour illustration par GABONREVIEW résume à suffisance la carte postale du GABON. Faut il en rire ou pleurer la question reste posée. Mais comme désormais chacun corrige sa copie vous imaginez la réponse qui se rapproche de cette suite de mots de ROXANNE BOUENGUIDI  » entre mauvaise foi, cécité feinte et opportunisme ». Amen.

  2. Paul Bismuth dit :

    Et la suite ? Le Distingué Camarade doit faire l’acte 2 de l’état des lieux. Nous devons tous lui accorder nos suffrages en 2023 pour qu’il puisse achever de faire du Gabon un État des lieux où il ne fait pas bon vivre. C’est le projet du Distingué Camarade ; c’est aussi le nôtre. C’est l’objet social de notre entreprise sociale.

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