Espionnage ou lutte contre le vol des téléphones ? Bientôt la création d’un registre national
Présenté comme une révolution sur le plan national, le futur Registre d’identité des équipements mobiles dont la mise en place est annoncée par les autorités est supposé être un moyen de dissuasion efficace pour les voleurs, en plus de contribuer à la création d’emplois… à moins qu’il ne serve en réalité à mieux espionner les Gabonais.
Le Gabon n’entend plus se contenter du seul code IMEI (International Mobile Equipment Identity) fourni à chaque terminal permettant à un opérateur de téléphonie mobile de l’identifier et de délivrer ou non l’autorisation pour l’usager de se connecter au réseau mobile avec celui-ci. Le pays envisage de lancer prochainement un Registre d’identité des équiments mobile (MEIR, en anglais). Contrairement à l’IMEI fourni au niveau international, ce fichier servira à identifier les terminaux sur le plan national. Un code d’une quinzaine de chiffres sera donc attribué à chaque téléphone, ordinateur et tablette numérique vendu sur le territoire national.
Seulement, si le projet est présenté comme une révolution pour le gouvernement qui y voit la marche du Gabon «vers son avenir numérique», celui-ci ne suscite pas moins des inquiétudes. L’on doute que les militaires au pouvoir veuillent uniquement renforcer la lutte contre le vol des téléphones portables comme le prétend ce mardi 11 juin le ministère de l’Économie numérique. Avec à sa tête l’ex-patron du Renseignement, il est quasiment impossible que ce futur registre ne permette en réalité au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) de mieux espionner les Gabonais, bien que les méthodes actuelles sont déjà parmi les plus rodées du monde. Certains estiment cependant qu’avec ce nouveau fichier, les usagers seront mieux «fliqués».
Il n’empêche, convaincues de l’utilité de ce MEIR, les autorités assurent déjà qu’il «promet des retombées économiques importantes pour notre pays». Mieux, ce registre devrait contribuer à la création d’emplois. Comment ? Ça reste à voir. La Communication gouvernementale soutient, en tout cas, que «le MEIR marque un tournant pour notre développement».
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