Un an après le renversement spectaculaire de la dynastie Bongo, le Gabon va commémorer, à partir de ce jeudi 28 août, le «coup de libération» dans un mélange d’optimisme et d’incertitude. Entre festivités [voir programme dans cet article] et défis colossaux, le pays cherche sa voie vers une démocratie stable et une économie diversifiée. Alors que le nouveau pouvoir s’efforce de marquer cette date historique, les observateurs s’interrogent : cette transition représente-t-elle vraiment un nouveau départ pour le Gabon, ou n’est-elle qu’un simple changement de visages à la tête de l’État ?

L’histoire retiendra sans doute le 30 août 2023 comme une date cruciale pour le Gabon. Reste à savoir si elle marquera le début d’une véritable renaissance nationale ou si elle ne sera qu’un simple changement de garde à la tête d’un système qui peine à se réformer en profondeur. © GabonReview

 

Le Gabon commémore, le 30 août 2024, le premier anniversaire d’un événement qui marquera absolument son histoire contemporaine : le coup d’État ayant mis fin à 56 ans de règne de la famille Bongo. Surnommé «Le coup de libération» par ses artisans, ce putsch a résolument bouleversé le paysage politique gabonais et ouvert une nouvelle ère pour le pays, riche en ressources naturelles mais miné par des inégalités criantes sous le règne de la famille déchue du pouvoir.

Un héritage politique controversé

La dynastie Bongo a, en effet, dominé la scène politique gabonaise pendant plus d’un demi-siècle. Omar Bongo, arrivé au pouvoir en 1967, a régné sans partage pendant 42 ans, établissant un système de gouvernance basé sur le clientélisme et la distribution stratégique des richesses pétrolières du pays. Son fils, Ali Bongo, lui a succédé en 2009, promettant modernisation et diversification économique, mais peinant à se défaire des pratiques héritées de son père.

Le coup d’État du 30 août 2023, mené par un groupe d’officiers réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), a été justifié par ses auteurs comme une nécessité pour mettre fin à une «gouvernance irresponsable et imprévisible mettant en péril la cohésion sociale».

Les festivités prévues pour marquer l’An 1 de cet évènement reflètent à la fois la volonté du nouveau pouvoir de consolider sa légitimité et le besoin de la population de tourner une page de son histoire.

Le programme des célébrations comprend :

  • Une grande parade militaire et civile sur l’esplanade de la mosquée Hassan II, symbole de la puissance retrouvée de l’État et de l’unité nationale.
  • Un match de football opposant le CTRI aux parlementaires et membres du gouvernement, illustrant une volonté d’apaisement et de rapprochement entre les différentes composantes de la société.
  • Un banquet au Palais de la Rénovation, mettant en valeur la culture gabonaise à travers des prestations artistiques.
  • Un concert populaire dans les jardins du bord de mer en face du palais présidentiel, permettant une célébration plus large et inclusive.
  • Des feux d’artifice clôturant les festivités, symbolisant l’espoir d’un avenir plus radieux pour le Gabon.

Entre espoirs et réalités

Si ces célébrations témoignent d’un enthousiasme certain pour le changement politique, elles ne doivent pas occulter les défis considérables auxquels le Gabon fait face. La transition démocratique reste un enjeu majeur, avec le CTRI qui s’est engagé à organiser des élections libres et transparentes, mais dont le calendrier et les modalités du retour à l’ordre constitutionnel demeurent flous. Sur le plan économique, la dépendance au pétrole continue de peser lourdement sur les perspectives de développement du pays. La diversification économique, promise depuis des décennies, s’impose plus que jamais comme une nécessité pour assurer un avenir durable et prospère à tous les Gabonais.

Par ailleurs, la lutte contre la corruption et le démantèlement des réseaux clientélistes hérités de l’ère Bongo s’annoncent comme des chantiers de longue haleine, nécessitant une volonté politique forte et des efforts soutenus. Enfin, malgré l’apparente unité affichée lors des célébrations, des tensions persistent entre les partisans de l’ancien régime et ceux du nouveau pouvoir, soulignant l’importance d’un véritable processus de réconciliation nationale.

Un tournant historique à consolider

Le premier anniversaire du «coup de libération» célèbre un moment charnière pour le Gabon. Au-delà du faste des célébrations, c’est l’occasion pour le pays de réfléchir sur son passé et de se projeter vers l’avenir. Le succès de cette transition dépendra de la capacité du nouveau pouvoir à transformer les promesses en actions concrètes, à instaurer une véritable culture démocratique et à répondre aux attentes d’une population aspirant à plus de justice sociale et de développement économique.

L’histoire retiendra sans doute le 30 août 2023 comme une date cruciale pour le Gabon. Reste à savoir si elle marquera le début d’une véritable renaissance nationale ou si elle ne sera qu’un simple changement de garde à la tête d’un système qui peine à se réformer en profondeur.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Le 7eme paragraphe à lui seul résume la véritable bataille pour sortir de ces menottes que constitue ce système. Amen.

  2. Akoma Mba dit :

    Rien ne sert courir, il faut partir à point. Aucun pays au monde après une dictature de 56 ans ne peut se reconstruire en deux ans de transition. L »Espagne et le Portugal avaient eu besoin de 10 ans pour pour se développer.
    D’abord les routes car aucun développement n’est possible sans routes.La classe politique actuelle a la mentalité des Bongo. Il nous faut du sang neuf et pendant ce temps que les militaires continuent à travailler

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