Lors du dernier Conseil des ministres, les responsables des universités et grandes écoles publiques gabonaises ont été remplacés par de nouvelles têtes censées s’assurer d’une meilleure gouvernance de ces établissements d’enseignement supérieur. À l’École normale supérieure d’enseignement technique (ENSET) où le sortant était déjà sur la corde raide, son successeur ne fait cependant pas l’unanimité. Guy Richard Kibouka est à la base un réfugié congolais.

Guy Richard Kibouka (gauche) et Jean Brice Mandatsy (droite) avec qui il avait été jugé apte au Cames. © GabonReview/Montage

 

Alors que se tiendra un nouveau Conseil des ministres ce vendredi 23 février 2024, les yeux des enseignants de l’École normale supérieure d’enseignement technique (ENSET) sont rivés vers le communiqué final et particulièrement, les mesures individuelles. Guy Richard Kibouka va-t-il être démis de sa fonction de directeur général de cette école publique d’enseignement supérieur ? Ces enseignants espèrent qu’il en soit ainsi. Nommé lors du dernier Conseil des ministres au même titre que d’autres responsables d’universités et grandes écoles publiques gabonaises, cet homme de 48 ans ne fait pour ainsi dire, pas l’unanimité à l’ENSET.

Là-bas, des enseignants ont sollicité du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) l’annulation de cette nomination. Selon eux, Guy Richard Kibouka aurait frauduleusement acquis les diplômes de Master en génie industriel, Doctorat ainsi que les grades de Maître assistant et Maître de conférences Cames. Il aurait soutenu sa thèse de Doctorat au Gabon à l’École doctorale des grandes écoles (EDGE) en 2017, alors qu’elle a ouvert ses portes en 2016. Ces enseignants ne comprennent pas comment il a fait pour devenir professeur aussi rapidement.

L’ombre de Nganga Kouya ?

Si certains notent que Richard Kibouka fait partie de la première promotion de Master en génie industriel en 2012, qu’il s’est inscrit en thèse de Doctorat en 2013 en cotutelle avec entre autres, le Pr Donatien Nganga-Kouya, le directeur de l’ENSET avant celui que Guy Richard Kibouka devrait remplacer, les enseignants qui crient à l’annulation de cette nomination laissent entendre que Guy Richard Kibouka est le poulain de Donation Nganga-Kouya qui voulait faire de l’ENSET sa chasse gardée. Ils ont encore en mémoire l’épisode de la contestation par lui, de l’élection de Jean Christophe Moundjigui à la tête de l’Enset. Selon ces bruits de bottes, il aurait tout fait pour aider ce réfugié à obtenir le grade de Maître de conférences Cames.

Notamment, à l’époque où le Gabonais Bertrand Mbatchi occupait le poste de secrétaire général du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Vrai ou faux ? Ils appréhendent l’ouverture d’une boîte de pandore qui pourrait exhumer les scandales gabonais au Cames et contester la fiabilité des thèses sorties du laboratoire de Nganga Kouya. Il est par ailleurs, soupçonné d’être à la manœuvre de cette nomination tout de même actée par le ministre de l’Enseignement supérieur, le Pr Hervé Ndoume Essingone que d’aucuns ont applaudi pour avoir, à travers les nominations dans l’Enseignement supérieur, «marquer un grand coup». 

Quid de la préférence gabonaise ?

Si l’on est en droit de se demander si ce ministre du gouvernement de la transition avait connaissance de ce dossier, les enseignants mécontents de l’ENSET relèvent que Guy Richard  Kibouka est un enseignant de lycée à la base. Son changement de corps serait intervenu il y a deux ans, mais ses proches indiquent que dans son cas, le texte précise que ce changement est rétroactif à partir de 2014. «Ainsi, la Fonction publique reconnaît le corps d’enseignant chercheur à Guy Richard Kibouka depuis 2014», assurent-ils au grand étonnement des enseignants mécontents qui reprochent surtout à Guy Richard Kibouka d’être non gabonais d’origine.

Selon certaines indiscrétions, Guy Ruchard Kibouka est un Congolais de Brazzaville, né à Pointe-Noire et arrivé au Gabon après son bac. Il y fera ses études supérieures, notamment à l’ENSET. Dans le pays, il obtiendra le statut de réfugié et en décembre 2001, la Commission nationale pour les réfugiés lui reconnaîtra le statut de réfugié «prima facie». Elle lui délivrera une attestation valable jusqu’au 28 février 2002, l’autorisant à travailler sur l’ensemble du territoire national. Dans les murs de l’ENSET, il se dit qu’entre temps, l’homme s’est fait adopter par «une baronne vomie» du régime déchu qui aurait «géré ses affaires de nationalité». Il a été intégré à la Fonction publique depuis lors, et dispose d’un passeport gabonais. Assez pour prétendre à un tel niveau de responsabilité dans son pays d’accueil ? Cette affaire relance le débat sur la préférence gabonaise dans l’attribution des postes.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. messowomekewo dit :

    Après l’affaire des fourgons blindés qui a défrayé la chronique, dans les années 90/2000 où pour ceux qui ne le savent pas, un certain Bl, à l’époque tout puissant TPG,était à la manœuvre, voilà un autre scandale qui va mettre à nu les manigances de son frère DNK…A croire que ces gens ont une tare …la malhonnêteté.

  2. Yann Lévy Boussougou-Bouassa dit :

    Autant les accusations de fraudes (si elles sont avérées) me paraissent un motif légitime pour annuler la nomination de ce monsieur, autant celles relatives au fait qu’il ne soit pas gabonais de souche me paraissent ridicules et tendancieuses. Est-il précisé dans nos textes qu’il faut être gabonais de souche pour prétendre à diriger l’ENSET ? Je ne crois pas. Donc si ce monsieur justifie des compétences requises (attestées entre autres par des diplômes acquis comme il se doit) et qu’il confesse le vert-jaune-bleu (même si c’est depuis une vingtaine d’années « seulement »), alors il peut être notre homme. Il faut dire que ces derniers temps on est prompts à créer des chikayas xénophobes, dès lors qu’e sont en cause des personnes qui ont des origines ailleurs qu’au Gabon. Quel abus! Le politique a aussi sa part de responsabilité en cela. Car il a parfois soufflé sur les braises, même lorsque cela était injustifié.

Poster un commentaire