Enseignement à distance : Le Talon d’Achille de Mouguiama-Daouda

La propagation du Coronavirus à travers le monde a amené plusieurs États à mettre en œuvre des programmes de cours à distance pour pallier la fermeture des établissements. Au Gabon, ce n’est pas le cas. Le pays n’est pas encore prêt pour ce challenge.

Patrick Mouguiama-Daouda, le ministre de l’Education nationale. © D.R.

Comme un peu partout dans le monde, les écoles gabonaises sont fermées. Pandémie de Coronavirus oblige, élèves et étudiants sont en confinement. Entre cours à la télévision et e-learning, bien de pays ont tenté de trouver des solutions alternatives pour les milliers d’apprenants privés d’école. Le Gabon n’en fait pas partie. Après deux semaines d’arrêt de cours et avec le prolongement de la fermeture des établissements, parents et élèves attendent du gouvernement des mesures pour que les enseignements à distance soient dispensés. Mais à en croire le ministre de l’Éducation nationale, le pays n’a pas encore les moyens de répondre à cet impératif.

Si Patrick Mouguiama-Daouda a estimé que la propagation du Coronavirus à travers le monde est une situation inédite qui rappelle au pays la nécessité urgente de développer les méthodes d’enseignement alternatives et novatrices, il assure «qu’en l’état actuel de notre système éducatif, nous sommes loin de parvenir convenablement à la satisfaction de cette exigence». Le pays n’a donc prévu aucune mesure pour assurer les cours durant cette période de fermeture d’établissements aux allures de vacances forcées. Il compte sur la patience et le bon sens des élèves pour tenir jusqu’à la fin de ce confinement dont personne ne connaît l’épilogue. «J’invite donc l’ensemble des acteurs de la Communauté éducative à davantage de patience et de solidarité», a-t-il.

Songeant tout de même à des solutions alternatives pédagogiques en période de confinement, Patrick Mouguiama-Daouda affirme qu’il est impérieux de remédier à la situation actuelle avec le concours des partenaires du Gabon. Selon lui, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) avec ses structures spécialisées accompagneront le Gabon pour garantir un système d’enseignement à distance «équitable, utilisant différents canaux de diffusion». L’idée : prendre en compte tous les élèves, quel que soit leur lieu de résidence sur l’ensemble du territoire. Là encore, le rêve prend les allures d’un vœu pieux. «C’est un défi qui prendra du temps», a admis Patrick Mouguiama-Daouda.

Des cours à la télévision nationale ?

Au Maroc, par exemple, des cours sont diffusés sur une chaîne publique et sont également accessibles sur une plateforme numérique du ministère de l’Éducation. Au Sénégal, une chaîne privée appartenant à un artiste propose des programmes télévisés. Bien d’autres pays africains ont développé ce genre de méthodes et certains acteurs au Gabon appellent le ministère de l’Éducation nationale à envisager cette possibilité. «Et si la TV nationale, en lien avec l’Éducation nationale, consacrait ses programmes de la journée à la scolarisation des enfants ?», a posté Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

Qu’à cela ne tienne, pour rassurer parents et élèves quant à l’issue de l’année académique 2019-2020, le ministre de l’Education nationale promet que le prolongement de la fermeture des établissements nécessitera le réaménagement du calendrier scolaire. Selon lui, il se fera sans compromettre l’organisation des examens de fin d’année.