Élections 2023 : Ndong Sima dénonce un «banditisme d’État»
Candidat à la toute prochaine élection présidentielle, Raymond Ndong Sima a animé, le 15 juillet, une causerie politique au PK7. Invité de l’association «Osons pour le Gabon», l’ex-Premier ministre a insisté, commentant le processus électoral, sur le fait que l’on «met en place un système pour recréer la fraude électorale» lors des élections générales à venir. Il invoque un «banditisme d’État», déclarant : «vous ne pouvez pas changer la loi, la veille du vote».
Un mois après l’interruption de ses causeries politiques du fait d’un deuil familial, l’ancien chef du gouvernement, Raymond Ndong Sima, a échangé, le 15 juillet, avec les populations du PK7-Derrière la station Ola. La rencontre intervenait un jour après la montée de tension sur le parvis du Sénat. Pour ce rendez-vous avec ses militants, plusieurs thématiques ont été abordées à l’instar de la modification de la loi électorale, l’importance de l’élection et la nécessité de surveiller les bureaux, le jour J.
S’il l’avait déjà fait remarquer dans sa tribune sur Facebook titrée «Le coup d’État permanent», l’ex-Premier ministre qui brigue pour la seconde fois la magistrature suprême, après 2016, n’apprécie pas le cours actuel du processus électoral. «Cette année, il va se passer quelque chose pour la première fois dans notre pays. Et cette chose-là, c’est du banditisme d’État. Pourquoi ? On fait trois élections en une seule fois. Vous avez déjà vu ça depuis que le Gabon existe ? Comment est-ce possible de faire en un seul jour, trois élections ? Nous sommes dans une situation qui ne ressemble à rien du tout», a-t-il relevé face à ses militants.
Fustigeant la modification intervenue le 14 juillet dernier, l’ex-patron de l’administration gabonaise souligne qu’on a changé «deux, trois, quatre fois» les lois commandant le déroulement des élections devant se tenir dans 45 jours. «On a changé la dernière loi avant-hier [14 juillet] soir, dans la nuit. C’est pour ça qu’un certain nombre d’autres personnes et moi sommes allés au Sénat pour protester», a-t-il expliqué, précisant que «maintenant, ce qui avait été décidé depuis un certain temps, que quand on vote, personne ne sort avec le bulletin des gens qu’il n’a pas voté… on enlève ça». «Les gens vont donc ressortir avec les bulletins», a-t-il regretté.
Pour lui, les organisateurs de ces échéances sont en train de mettre en place «un système pour recréer la fraude électorale». Ndong Sima renchérit, faisant comprendre que «dès qu’on fait ça, cela veut dire qu’il y a des gens qui vont se mettre dehors avec des valises d’argent pour vérifier si vous avez voté la personne qu’ils souhaitent. Et comme ça, ils paient».
«Nous irons à l’élection»
«C’est pour cela que nous sommes allés (Madame Missambo, messieurs Chambrier, Ndong Obiang, Jocktane, …) pour dire que ce que vous faites là, ce n’est pas normal. Vous ne pouvez pas changer la loi, la veille du vote. Les gens, dans les villages, n’auront même pas encore eu le temps de comprendre ce qui se passe quand ils vont arriver dans la salle de l’élection», a expliqué l’économiste, non sans dénoncer le fait qu’à l’heure actuelle «on ne sait pas comment vont se faire les trois élections». «Vont-elles se faire dans la même salle ?», a-t-il interrogé.
Raymond Ndong Sima s’est également appesanti sur la représentation des candidats dans les bureaux de vote. «On va désigner par exemple deux personnes qui vont représenter l’ensemble des candidats indépendants. Nous disons non ! Ce n’est pas possible ! Parce que chacun de nous paie sa caution individuellement. Il doit donc avoir son représentant. Or, ça fait partie des choses qu’on est allé enlever», a-t-il déploré, ajoutant que «cela veut dire qu’on organise les éléments de contestation. Parce que si vous avez payé une caution et que c’est le ministre de l’Intérieur ou les gens du Centre gabonais des élections (CGE) qui désignent quelqu’un qui va vous représenter, comment pouvez-vous être sûr qu’il va vous représenter correctement ?».
A propos de l’élection en elle-même, le candidat a rappelé à ses militants et sympathisants qu’il s’agit du «moment de faire un choix pour vous-même, pour votre mari, pour votre femme, pour votre enfant, pour tout le monde». «Quand vous vendez votre voix, quand vous acceptez qu’on vous donne 10000 francs, vous vendez l’avenir de vos enfants. Quand vous allez prendre cet argent, souvenez-vous et dites-vous : «je vends l’avenir de mon enfant»», a-t-il mis en garde.
Malgré toutes ces observations, Ndong Sima reste persuadé qu’il peut gagner cette élection présidentielle. «Nous irons à l’élection. Nous irons à l’élection pour gagner. Quelle que soit la façon dont on va armer la fraude, nous allons partir à l’élection, nous allons voter et surveiller l’élection dans les bureaux, le jour de l’élection», a-t-il déclaré fermement.
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