Eddy Heindrickx : du prospectus à l’œuvre d’art
De simples flyers à un objet d’art il n’y a qu’un pas… et de nombreuses heures de travail. Eddy Heindrickx, artiste gabonais de 34 ans, plie des bouts de papier depuis ses 17 ans. Une passion pour le jeune homme qui vit aujourd’hui de ses créations originales, et veut rêver en grand.
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«Mes œuvres suscitent toujours beaucoup de curiosité. Lorsqu’un de mes objets est exposé, c’est comme un aimant : tout le monde veut le toucher», s’amuse Eddy Heindrickx. Dans le monde coloré de ce jeune artiste gabonais, vases, corbeilles ou lampes ressemblent à des hérissons de papiers. Faits de prospectus ou même de cartes de visites pliés, les objets ressemblent, au toucher, à des rouleaux de massage.
«Je crois que j’ai créé quelque chose de nouveau», pense l’artiste. En 2012, il reçoit le prix de la chambre de commerce de Ouagadougou, au Burkina Faso, lors d’un salon international de l’artisanat. Fin 2017, il expose en Russie au festival mondial de la jeunesse et de l’étudiant.
Dans son «atelier» qui n’est autre que le salon de sa maison, située en banlieue de Libreville au PK9, Eddy Heindrickx fabrique toutes ses créations. «Chaque papier est plié neuf fois, puis j’ajoute de la colle pour que toute la structure tienne. Je dois calculer chaque fois le nombre de papiers utilisés, et établir les couleurs». Pour un vase d’une vingtaine de centimètres de haut, le jeune homme minutieux et planificateur dit avoir travaillé sur cet objet pendant trois jours.
Recyclage
Dans son art, il pose des actes citoyens : «je m’inscris dans l’économie circulaire. Je veux dire aux gens que tout ce que l’on considère comme déchet ou sans valeur peut être recyclé, remis en circulation». En plus des prospectus, l’artiste n’hésite pas à utiliser, par exemple, un bocal de mayonnaise pour la structure d’un vase. «J’ai aussi des projets avec d’autres matières, comme du plastique», ajoute-t-il.
Un rêve : des œuvres monumentales
Des projets, Eddy Heindrickx n’en manque pas. Le jeune artiste imaginatif n’hésite pas à se lancer des défis. En janvier 2019, il confectionne une grande corbeille avec exactement 2.408 bouts de papiers (photo). C’est avec fierté qu’il regarde aujourd’hui sa création encore posée sur une chaise dans son salon. Son rêve : faire des œuvres «monumentales».
Pour l’instant, il n’en a pas encore eu «les moyens», et surtout n’a pas assez d’espace dans son atelier. L’idéal, selon lui, serait de réaliser une création gigantesque à l’étranger. «J’aimerais faire partager ma passion avec d’autres personnes», explique-t-il.
Une façon certainement de rendre hommage à celle qui lui a fait découvrir l’origami. Alors qu’il n’avait que 16-17 ans, le jeune homme originaire de Lastourville apprend la technique du pliage de papiers auprès d’une religieuse brésilienne. «Un jour, chez elle, sur la table basse, j’ai vu un objet vraiment bien fait. J’ai demandé : c’est fait à la base de quoi, je peux toucher ? Oui tu peux toucher, m’a-t-elle répondu. J’ai répondu : mais moi j’aimerais apprendre à faire quelque chose comme ça», se souvient-il. Rapidement, l’élève dépasse le maître. «Je n’ai pas choisi l’origami, c’est l’origami qui m’a choisi», lance Eddy Heindrickx, comme un mantra.
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