Pourquoi faudrait-il réduire au silence un compatriote qui ne cherche qu’à améliorer son pays ? Pour quelles raisons Hervé Omva, fervent défenseur d’une réforme agricole efficiente, serait-il mis à l’écart par certains cadres du ministère de l’Agriculture et de l’administration gabonaise ? Son tort serait-il d’avoir dénoncé des dérives avérées ? Ou dérange-t-il simplement parce qu’il ose dire tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas ?

Pour quelles raisons Hervé Omva, fervent défenseur d’une réforme agricole efficiente, serait-il mis à l’écart par certains cadres du ministère de l’Agriculture et de l’administration gabonaise ? © D.R.

 

Depuis des décennies, les projets agricoles gabonais se succèdent avec des budgets colossaux, sans que les résultats ne soient au rendez-vous. L’Institut gabonais d’appui au développement (IGAD), lancé en 1992, aurait absorbé des milliards de francs CFA en vain. Le Programme agricole de sécurité alimentaire et de croissance (Pasac) de 2010, censé garantir la sécurité alimentaire, n’a pas tenu ses promesses malgré un budget de plus de 38 milliards de FCFA. Le Programme national pour la sécurité alimentaire (PNSA 2008-2014), le programme Graine initié en 2014 avec des centaines de milliards de FCFA, ou encore les fermes de Morry Investissement, n’ont pas réussi à transformer le secteur agricole gabonais. Devrait-on, dès lors, ignorer les alertes du coordonnateur des programmes de l’ONG IDRC Africa, Hervé Omva simplement parce qu’elles mettent en lumière des échecs répétés ?

Plutôt que de tirer des enseignements de ces constats, certains cadres du ministère et de l’administration auraient opté pour une posture radicale : le blacklister. Mais cette stratégie ne trahirait-elle pas une crainte de la remise en question ? Ceux qui l’écartent auraient-ils des comptes à rendre sur leur propre gestion ?

Une alternative constructive mise de côté

Loin de se contenter de critiques stériles, Hervé Omva propose des solutions concrètes pour redresser l’agriculture gabonaise : formation des producteurs, développement de l’irrigation, promotion de l’agriculture durable, création d’un fonds de soutien, renforcement de la recherche, traçabilité et certification des produits locaux… Des recommandations qui, si elles étaient mises en œuvre, pourraient enfin permettre à l’agriculture nationale de répondre aux attentes du peuple gabonais.

Pourquoi refuser d’entendre une voix qui cherche à bâtir ? Pourquoi préférer la marginalisation d’un acteur engagé plutôt que d’écouter et d’agir ? À l’heure où le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema veut redonner espoir aux Gabonais, ne serait-il pas opportun d’accorder à Omva l’audience qu’il réclame pour partager ses propositions ?

L’échec de l’autosuffisance alimentaire : jusqu’à quand ?

Si l’objectif est réellement de renforcer la souveraineté alimentaire du Gabon, les décideurs ne devraient-ils pas être en quête des meilleures idées, quelles que soient leurs origines ? Peut-on continuer à justifier des budgets faramineux sans résultats probants, tout en écartant ceux qui posent les bonnes questions ?

Plutôt que de blacklister Hervé Omva, le gouvernement ne devrait-il pas s’inspirer de son expertise partagée au-delà du Gabon et de son engagement ? Ne serait-ce pas là une preuve d’intelligence et de pragmatisme politique ? L’histoire jugera ceux qui auront préféré l’omerta à la construction d’un avenir agricole durable.

 
GR
 

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