La France et le Gabon redessinent leur coopération militaire. Le schéma en construction a notamment démarré, le 9 juillet, avec l’’inauguration d’une école d’administration militaire à Libreville. Axée sur la formation et le partage des compétences, cette transformation, accompagnée d’une réduction des effectifs français au Gabon, illustre la volonté des deux nations d’adapter leur partenariat aux défis du 21ème siècle, dans un contexte géopolitique africain en pleine mutation.


L’EAFDL s’installe au camp de Gaulle. Auparavant basée au camp Ntchorere, cette institution à vocation régionale formera les officiers et sous-officiers d’Afrique centrale en administration générale. © EAFDL

 

La base militaire française du Camp de Gaulle à Libreville a été le théâtre, le mardi 9 juillet 2024, d’un événement marquant une évolution significative dans les relations militaires entre la France et le Gabon : l’inauguration de l’École d’administration des Forces de défense de Libreville (EAFDL).

Présidée par les généraux Martin Ossima Ndong du Gabon et Régis Colcombet de France, la cérémonie a été marquée par les honneurs militaires rendus par les armées des deux nations. «C’est un renouveau dans le cadre de la coopération militaire entre nos deux États», a déclaré le général Ossima Ndong, Secrétaire général du ministère gabonais de la Défense. Cette transformation du Camp de Gaulle en pôle d’excellence de formation reflète une volonté partagée des présidents français et gabonais de redéfinir leur partenariat militaire. Le général Régis Colcombet, Directeur de la coopération de sécurité et de défense du ministère français des Affaires étrangères, a souligné l’importance de cette évolution : «Dans un monde qui est complexe, il faut qu’on travaille ensemble. La France ne part pas, ne reste pas, mais se transforme vraiment dans son travail ici au Gabon

Cette réorientation s’accompagne d’une réduction significative de la présence militaire française au Gabon. Les effectifs des Éléments Français du Gabon (EFG) passeront ainsi de 350 à 200 soldats, principalement dédiés à la formation des forces de défense gabonaises et d’autres pays africains.

L’EAFDL n’est que la première étape de ce projet ambitieux. Dans les mois à venir, une Académie de Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles (APERN) verra également le jour, visant à former des cadres dans des domaines cruciaux tels que la lutte contre le braconnage et le combat en milieu jungle.

L’initiative s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition de la présence française en Afrique. Face aux défis géopolitiques et à la concurrence croissante d’autres puissances comme la Russie ou la Chine, la France cherche à adapter sa stratégie. Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président Macron pour l’Afrique, n’avait-il pas évoqué, mi-mai devant le Sénat français, la volonté d’une «présence visible moindre» tout en maintenant «un accès logistique, humain, matériel à ces pays» ?

Le général Jean Martin Ossima Ndong n’a pas manqué de souligner l’importance de cette évolution : «Nous avons une relation de partenariat de longue durée entre le gouvernement et la France ; elle mérite d’être revue et adaptée au contexte du jour

Cette transformation du Camp de Gaulle en Académie marque ainsi un tournant dans les relations franco-gabonaises, illustrant une volonté commune de s’adapter aux réalités contemporaines tout en préservant des liens historiques. L’avenir dira si ce nouveau modèle de coopération militaire saura répondre aux défis sécuritaires et aux aspirations des nations africaines.

 
GR
 

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