Dictature du capital : Total Gabon impose le vaccin anti-Covid à ses travailleurs
Alors que le vaccin anti-covid n’est pas obligatoire dans le pays, du moins pas encore, la société Total Gabon a annoncé, fin-juin dernier, l’obligation pour son personnel d’être vacciné à la date du 15 septembre prochain. Une décision qui ne choque pas plus que ça la tutelle. Celle-ci se débine et semble plutôt approuver la démarche de la société pétrolière.
Plombée par les contrecoups du Covid-19, Total Gabon souhaite repartir de l’avant. Pour relancer la machine, la société pétrolière mise sur l’implication de l’ensemble de son personnel qui devra obligatoirement être vacciné. «La vaccination nous permettra d’envisager un retour pérenne au bureau, tout en respectant les mesures barrière, la reprise de la fréquentation de nos salles de convivialité et la tenue des réunions en présentiel», a expliqué le directeur général de Total Gabon dans une note datée du 21 juin.
De plus, a ajouté Stephane Bassene la «vaccination du plus grand nombre permettra de lever les périodes de confinement exigées actuellement pour aller sur site et qui sont ressenties par nos collègues et partenaires comme étant très éprouvantes. Compte tenu de la difficulté croissante à vivre le confinement exigé au personnel avant accès aux sites industriels, de son coût très élevé et des perturbations que cela engendre dans les rythmes de travail, il est désormais plus que nécessaire de revenir à un fonctionnement normal». La prose et l’argumentation sont recevables et justifiées, mais le pétrolier ne semble se soucier que très peu de l’agenda des autorités nationales, notamment du Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie à Coronavirus au Gabon (Copil-Coronavirus).
L’impuissance de la tutelle ?
En programmant l’arrêt des confinements avant accès aux sites à partir du 15 septembre prochain, Total Gabon crée et impose son propre dispositif et calendrier. «Il est donc impératif que toutes les personnes concernées puissent avoir été vaccinées à cette date», a insisté Stephane Bassene, sans indiquer si cette décision va s’étendre aux partenaires de l’entreprise. Pourtant, le vaccin anti-Covid n’est pas obligatoire au Gabon, comme l’a d’ailleurs rappelé le ministre du Pétrole, le 12 juillet dernier, lors de l’émission ‘’Face À Vous’’.
Interrogé sur l’injonction de Total Gabon par le secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), Sylvain Mayabi Binet, le ministre du Pétrole, du Gaz, et des Mines s’est d’abord étonné de la décision, usant de la langue de bois, restant dans le convenu et le politiquement correct et avouant n’en avoir été informé que sur le plateau de télévision. «Nous encourageons les Gabonais, en tant que membres du gouvernement, à aller se faire vacciner, car c’est le meilleure moyen riposte contre le Covid-19. Le vaccin n’est pas obligatoire mais nous encourageons fortement les Gabonais à aller se faire se faire vacciner», a déclaré Vincent de Paul Massassa, sans prendre position ou commenter la décision de Total Gabon, laissant ainsi perplexe.
Comment donc comprendre qu’une simple société, aussi puissante soit-elle, puisse prendre une telle décision sans en référer à la tutelle et sans que cela ne fasse réagir le gouvernement ? Dans le même sens, l’opérateur pétrolier sera-t-il libre de décider du sort de ceux de son personnel qui ne voudront pas se faire vacciner, préférant les tests réguliers ? Qu’adviendront ceux qui n’auront pas encore été vaccinés ? Licenciés ? En tout cas, l’Onep devrait suivre ce dossier avec beaucoup d’intérêt.
2 Commentaires
A-t-on besoin de l’avis de quiconque pour se protéger ?
La tutelle ? Quelle tutelle quand un pays se complait à ne vivre que des revenus du pétrole ?
Je comprends la surprise alors que les entreprises et les administrations dans leur quasi totalité font comme si le virus n’existait pas !
@diogene
Il existe un droit positif auquel doit se conformer tout le monde (les entreprises y compris). Si une entreprise peut prévoir une stratégie de lutte contre la covid dans le but de protéger son activité, elle ne peut le faire que dans le cadre de la loi. Or la stratégie qu’entend implémenter Total ne s’y conforme pas.
Donc pour répondre à votre question, je dirais qu’on n’a pas besoin de l’avis de quiconque pour se protéger. Cependant on ne peut le faire que dans la limite de ce que la loi autorise. Ce qui veut dire, par exemple, que si j’ai le droit de me protéger, je ne peux le faire en gardant sur moi une arme à feu. Car cela est, par principe, interdit par notre loi (enfin je crois).