Evaluée à 4 110,4 milliards de francs CFA cette année, la dette publique du Gabon préoccupe le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), l’association Survie et l’ONG «Tournons la Page-Gabon» qui entendent l’auditer pour y voir clair.

Un collectif citoyen entend auditer bientôt la dette publique du Gabon en vue de son annulation. © la-croix.com

 

La dernière note de conjoncture de la Direction générale de l’Economie et de la Politique fiscale informait en novembre dernier que le stock de la dette publique du Gabon avait augmenté de 38,9% par rapport à mars 2016. Celle-ci atteignait désormais 4 110,4  milliards de francs CFA. Depuis, plusieurs analystes qui s’en étaient inquiétés n’ont reçu de la part des autorités gabonaises que des gerbes de confettis d’optimisme en guise de réponse. «Il n’y a aucun risque», «le processus d’endettement du pays est contrôlé», ont toujours rétorqué les membres du gouvernement face aux critiques. Cet optimisme nimbé d’assurance est loin d’être partagé par le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), l’association Survie et l’ONG «Tournons la Page-Gabon» qui ont annoncé qu’ils auditeront bientôt la dette publique du pays.

Le but visé par cet «audit citoyen» est l’annulation pure et simple de cette dette qui, selon le collectif, ne profite pas véritablement à la population gabonaise, une des plus pauvres du continent africain dont le seuil de pauvreté est évalué 32,7% par la Banque mondiale. Mais avant la demande de son annulation, selon Simon Perrin, «le collectif citoyen sur la dette du Gabon se donne pour objectif de révéler les montants véritables de cette dette». Le membre du CADTM soutient que «le Gabon n’a eu de cesse de cacher ses arriérés et avances de la Banque centrale, c’est pourquoi l’on ne sait pas exactement à combien s’élève aujourd’hui le niveau réel d’endettement». Or, «depuis qu’Ali Bongo est arrivé à la présidence en 2009, la dette a au minimum triplé, représentant une hausse du taux d’endettement – par rapport au PIB donc – de +256%. Le service de la dette, lui, dépasse les 30% des recettes budgétaires, ce qui empêche tout projet de développement pour la population gabonaise».

Pour Régis Essono, «il est de notoriété publique qu’une importante partie des fonds publics sont détournés par des membres du pouvoir, comme l’illustrent très bien les nombreux hôtels particuliers en France, et dans d’autres pays occidentaux, des Bongo». Mais ce que le membre de l’association Survie dit ne pas comprendre, c’est que, sachant cette réalité, les créanciers continuent d’accorder des prêts au Gabon. «On peut donc légitimement penser qu’une partie de la dette du pays est illégitime et odieuse. Cet audit citoyen a aussi pour but de mettre en lumière les parties illégitimes et odieuses de la dette du Gabon, afin d’exiger leur annulation», conclu-t-il.

Coordinateur de la branche gabonaise de l’ONG «Tournons la Page», Marc Ona Essangui, lui, accuse plutôt les partenaires internationaux du Gabon, et particulièrement la France. «Depuis l’indépendance du Gabon, le pouvoir en place brade les ressources naturelles du pays à des entreprises étrangères – au premier rang desquelles des françaises – et ce au détriment de la population. Le collectif citoyen sur la dette du Gabon compte mettre en lumière l’implication des multinationales, soutenues par les bailleurs, dans ce processus d’endettement, mais aussi leurs responsabilités dans les violations des droits humains, économiques, sociaux et environnementaux.»

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Victor Mabe dit :

    Êtes vous sur de votre chiffre? Il me semble que vous avez ajouté un Zéro au chiffre de la Direction Générale de lEconomie. C est plutôt 4200 et non 42.000

  2. La République dit :

    Et que vive la Société Civile…

  3. LE Gabonais dit :

    Il y a longtemps qu’on attendait une telle intervention.Car qu’on nous explique l’absence de nombreuses ressources comme les revenus de manganèse,l’or…au niveau des recettes budgétaires.
    La dette est dit-on « en augmentation constante » mais des prêts y sont toujours accordés à nos dirigeants.A côté,des projets surfacturés,faramineux mais jamais finis et des précieux dons offerts par l’autre-là au nom du Gabon.
    Pour un pays où la dette est « en augmentation constante »,cela en fait un peu trop.

    • beka dit :

      Dette, dette, dette… quand tu nous tiens ! @ Le Gabonais, bonjour ! J’ai quelques questions saugrenues. Les livres de géographie sur le Gabon indiquaient à une époque donnée, que notre pays exploite l’or, le diamant. Où sont passées ces richesses ? Pourquoi n’en parle-t-on plus alors que des exploitants de ces matières font des affaires en or dans nos forêts ? Ces richesses ne sont pas comptabilisées dans les revenus du Gabon ? Pourquoi ?

  4. Mboung dit :

    Ns ne rembourserons pas des dettes illégitimes contractées par des illégitimes,ventripotents,irresponsables pervers afin d’entretenir leurs trains de vie excessifs 1 point c’est tout !!!

    « L’utile n’est et ne sera jamais où ne se trouve pas l’honnête ; quiconque doute de cette vérité peut être regardé comme déjà criminel. » J-Étienne-J Forestier

    http://www.cadtm.org/Audio-Dettes-illegitimes-Un-combat

  5. Ramses dit :

    Très bonne initiative de ces ONG Continuez de creuser!!

  6. brasiali W dit :

    sont ‘elles vraiment des dettes???
    au regard des chantiers jamais achever et des emprunt ilegal, peut’on parler de dette???

  7. natty dread dit :

    « des gerbes de confettis d’optimisme en guise de réponse »…j’adore cette phrase! pour les résultats de l’audit, on attend impatiemment, cela ferait un sublime cadeau de noel, question de comprendre pourquoi nos routes publiques sont blafardement éclairées, pourquoi nous vivons à côté des poubelles (bien remplies!),pourquoi l’insécurité augmente de façon exponentielle, pourquoi on frôle la pauvreté et la misère de façon vicieuse, pourquoi il n’y a plus d’école au Gabon, pourquoi il n’y a plus de système de santé publique, pourquoi le logement public decent est inexistent, pourquoi les artistes locaux ne vivent pas de leur art, pourquoi la ville n’est pas décorée à noel, pourquoi la ville est si glauque, pourquoi certaines ethnies se pensent supérieures à d’autres, pourquoi des citoyens restent 1 an, 2 ans et plus en prison sans jugement, pourquoi, pourquoi, …..?

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