Déroulement du référendum : Prévenir les risques de récidive
En cette période de Transition, tout devrait être conduit dans un esprit de transparence, d’inclusion, de responsabilité, en tenant compte des états de service et de la réputation des protagonistes. Au-delà des mots, tout doit se faire dans le respect de la Charte et des rôles dévolus aux organes.
Les récentes déclarations d’Albert Ondo Ossa ne peuvent laisser de marbre. Respectivement initiateur et organisateur du référendum constitutionnel, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et le gouvernement ne peuvent les traiter par-dessous la jambe. Sans nourrir la querelle des chiffres, ils doivent les entendre. Sans sombrer dans la polémique politicienne, ils doivent réfléchir à leurs implications politiques et à leur portée institutionnelle. Aux dires de l’ancien candidat consensuel de l’opposition à la présidentielle d’août 2023, le scrutin référendaire n’aurait été ni transparent ni sincère. Pêle-mêle, il parle d’une victoire du «Non», de dispositions censées «favoriser la fraude», d’un taux d’abstention de 70%, de «bourrage des urnes», d’«usage in fine de cartes non retirées»… Pachydermique, cette charge rappelle les dénonciations entendues au terme des présidentielles truquées de 93, 98, 2009 et 2016.
Revisiter les derniers mois
Au lendemain de la validation des résultats du référendum, le dernier challenger d’Ali Bongo les rejette. Avec ses mots et de façon incisive, il dénonce des «résultats tronqués». Par mauvaise foi politicienne ? Ou par désir de faire connaître la vérité ? Pour répondre à cette question, il faut faire le chemin à rebours. Entre travail en vase clos et tentation bonapartiste, une impression de verrouillage s’est dégagée tout au long du processus référendaire. En raison d’un recours massif au personnel du régime déchu, la crainte d’un retour aux méthodes du passé a émergé. Au final, l’idée d’une élection jouée d’avance ou d’un «Oui» victorieux à tout prix s’est ancrée. Au-delà de son réel taux, la forte abstention s’explique en partie par une addition d’erreurs d’appréciation.
Comme le gouvernement, le CTRI doit revisiter les derniers mois, particulièrement l’intervalle allant de la fin du Dialogue national inclusif (DNI) à la tenue du référendum. Fallait-il truffer le Comité constitutionnel national (CCN) de personnalités vierges de tout engagement ou d’universitaires aux positions controversées, connus pour leur allégeance au régime déchu ? Fallait-il réduire le mandat de la Constituante à une simple dimension consultative ? Fallait-il recourir aux services du Parti démocratique gabonais (PDG) ? Fallait-il donner au comité de campagne pour le «Oui» un aspect institutionnel ? Fallait-il y associer des vieux baroudeurs de la vie politique nationale ? Fallait-il rouvrir la liste électorale à quelques jours de l’échéance ? N’aurait-il pas été plus pertinent d’observer une égalité de traitement entre les deux positions ? À toutes ces questions, il faut apporter des réponses. Même si d’aucuns feignent de le nier, le déroulement du référendum suscite des inquiétudes quant à la suite et à la régularité des futures élections.
L’objectif général demeure le même
Comme de nombreux compatriotes, Albert Ondo Ossa a dû suivre le déroulement des événements. Comme eux, il a dû être interpellé, interloqué ou désorienté par certaines options. Comme eux, il a dû s’interroger, au point de croire en une volonté de manipulation. Pourtant, à l’ère de la restauration des institutions, tout devrait être fait pour tordre le cou à certaines idées fixes. Au-delà des mots, tout devrait être conduit dans un esprit de transparence, d’inclusion véritable et de responsabilité, c’est-à-dire en tenant compte des états de service et de la réputation des protagonistes. Au-delà, tout devrait être fait dans le respect de la Charte de la Transition et des rôles dévolus aux organes. En charge de la gestion quotidienne du pays, le gouvernement aurait dû se contenter des aspects organisationnels pour laisser la propagande aux partis politiques, censés concourir à l’expression du suffrage universel. Chargé de voter la loi, le Parlement aurait dû avoir le droit d’amender la mouture présentée par le CCN. Quant au président de la Transition, il aurait dû rester au-dessus de la mêlée, au lieu de s’impliquer dans la confection du texte, comme en attestent les rencontres tenues à Pointe-Denis et Owendo sous son autorité.
De toutes ces remarques et suggestions, le CTRI doit tirer leçons et enseignements. Aux sectateurs zélés, il doit rappeler cette loi d’airain : même en cette période de Transition, les lois ne sauraient être des vêtements sur-mesure, taillés pour un homme. Mieux, l’objectif général demeure le même, à savoir : «bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable». De ce point de vue, il faut se garder d’en faire une affaire de personnes ou une entreprise visant la protection des intérêts de quelques-uns. Ainsi, pourra-t-on prévenir les risques de récidive.
2 Commentaires
TRANSITION DE M… ALLEZ VOUS FAIRE F…
Un grand BRAVO pour GR et l’auteur de cet article qui vient brillement de faire une analyse objective de la sortie d’Albert Ondo Ossa, si les millaires n’avaient pas fait ce coup de force en 2023 la cours constitutionnelle devait inévitablement valider les faux résultats donnant Ali bongo vainqueur a plus de 60 % et c’est ce quelle vient de faire en validant un scrutin injuste malhonnête inéquitable et frauduleux , si la cours avait un petit sens de patriotisme elle aurait du invalidé cet vote, comment comprendre que seul le camp du oui a bénéficie de la subvention de l’argent publique ? les militaires les membres du gouvernement les députés et sénateurs et même la présidence ont fait campagne pour le oui , nous avons vu des vidéos montrant la distributions d’argent pour voter oui , et malgré ses gros manquements le cours constitutionnelle a validé ses résultats comme au bon vieux temps, DAME TOUR DE PISE a encore frappé et dans ses conditions rien de bon ne présage les futurs scrutins .