Délestages à Libreville : Baisse inquiétante du niveau d’eau de la retenue de Tchimbélé
La capitale gabonaise est sous le coup d’une crise énergétique qui pourrait s’exacerber du fait de l’absence des pluies dont la conséquence est la baisse inquiétante du niveau d’eau de la retenue de Tchimbélé. Pour faire face à cette phase critique et continuer à alimenter ses clients, la SEEG qui s’active pour éviter d’atteindre la côte de sécurité, invite ces derniers à faire des économies d’énergie. Au-delà des solutions qu’elle s’attèle à mettre en œuvre, elle est contrainte d’isoler chaque jour en journée certains quartiers pour faire des économies d’énergie.
À des centaines de kilomètres de la capitale gabonaise, sur le Mont de Cristal et dans la vallée de Mbei, se dévoilent tour à tour l’usine hydroélectrique de Kinguélé, celle de Tchimbélé et les installations qui s’y rapportent. Un ensemble d’installations qui permettent à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) d’alimenter en électricité une bonne partie des foyers de Libreville. Tchimbélé-Kinguélé représente pour ainsi dire, 40% de la production du réseau électrique de Libreville (RIC). «Tchimbélé qui est la retenue, permet de gérer en même temps l’usine de production en amont et l’usine de Kinguélé qui turbine l’eau 6h après», a déclaré Arna Ndoutoumou Minto’o, le directeur électricité Estuaire de la SEEG.
Une explosion de la demande
Seulement, ces installations sont rudement éprouvées ces derniers mois. Alors que la SEEG prévoyait une augmentation de la demande de l’ordre de 5%, elle a plutôt dû supporter une croissance d’environ 12%. À la clé, deux contrecoups climatiques dont la montée des températures dès le début d’année 2024 et une sécheresse inattendue. «Ces deux phénomènes ont fait qu’après la forte demande en début d’année, les réserves de Tchimbélé ont été mises à rude épreuve», a fait savoir Arna Ndoutoumou Minto’o. À la retenue du barrage de Tchimbélé, une baisse inquiétante du niveau d’eau s’observe à l’œil nue.
«Le niveau aujourd’hui est autour de 522m. Ce niveau, c’est celui que nous avons atteint l’année dernière en fin septembre. Donc après la période de la saison sèche et là nous l’avons de façon précoce en juin», a expliqué le directeur électricité. «C’est un niveau véritablement inquiétant parce que ce barrage doit monter à niveau maximum de 530m en décembre pour pouvoir turbiner durant la période de forte demande entre décembre et juin», a-t-il ajouté. Ce qui contraint la SEEG à appliquer des délestages en journée et de façon plus accrue depuis le mois d’avril, pour faire des économies d’énergie et permettre aux populations d’être alimentées la nuit.
Une côte de sécurité de 517m
«Nous avons la capacité de produire mais si nous produisons la capacité qui correspond à la demande, la descente sera brutale et nous pouvons vider le barrage avant le retour des pluies prévu en septembre», a dit Arna Ndoutoumou Minto’o. La SEEG qui entend bien couvrir la période critique allant de juillet à septembre, espère ne pas atteindre la côte de sécurité de 517 m avant fin août. Une côte en-deçà de laquelle elle devra arrêter de produire au risque de turbiner de la boue. Pour arriver à 517m à la période indiquée, il faudra perdre en moyenne 6cm par jour dans un contexte où, le niveau d’eau actuel correspond à 45GW d’énergie qu’elle peut produire en trois mois.
Elle demande donc à sa clientèle de revoir ses habitudes de consommation d’autant plus qu’en plus qu’aux problèmes climatiques s’ajoutent des questions techniques «qui font que l’offre n’est pas à la hauteur de la demande». Soit, l’indisponibilité des machines, le retard dans la maintenance et l’utilisation des machines au-delà du temps requis. En clair, dans les 60% de la production restante, une part relève de l’énergie thermique et l’autre du gasoil. Le gaz provient de Port-Gentil avec l’entreprise Perenco qui alimente la centrale d’Alénakiry (60MW) et la Centrale thermique d’Owendo (CTO). Un pipe arrivé à saturation et qui impose une production de gaz estimée à 120MW à compenser par une production au gasoil.
Deux montées à respecter au niveau de Tchimbélé
Deux montées au niveau de Tchimbélé doivent être observées pour garantir la continuité du service d’électricité. Une première en début d’année suivie d’une descente entre janvier et avril, et une deuxième montée après avril. Deux montées après lesquelles la SEEG freine la production hydraulique pour s’appuyer sur la production thermique et faire face à la saison-sèche. Or cette année, a souligné Arna Ndoutoumou Minto’o, «il n’y a pas eu de pluie pour la deuxième remontée et la production thermique n’était pas au beau fixe». Néanmoins, pour tenir le coup, la SEEG prévoit à court terme, la finalisation de la maintenance de la centrale d’Alénakiry d’ici fin juillet pour un gain de 13MW.
Mais aussi, l’arrivée d’une première cuvée de centrales flottantes d’ici fin juillet pour environ 40MW supplémentaires. À moyen terme, finaliser la maintenance de la CTO, renforcer la ligne Owendo-Bisségué pour transiter entre 150 et 200MW, renforcer les transformateurs du point source d’Owendo, mettre en service la ligne HTV entre les lignes 90 Owendo-Nkok et Ntoum-Bisségué, disposer d’un deuxième pipe. À long terme, finaliser les projets structurants, réaliser les interconnexions entre région. Un comité de crise surveille l’évolution de la situation et détermine les actions à mener avec des agents mobilisés pour limiter la gêne.
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