Déclaration de politique générale de la Première ministre : Une actualité mineure
Attendue sur sa stratégie de sortie de la crise engendrée par une gestion chaotique de la Covid-19, Rose Christiane Ossouka Raponda a opté pour le statu quo, reprenant la novlangue en vigueur depuis six mois maintenant.
Le passage de Rose Christiane Ossouka Raponda devant l’Assemblée nationale restera une simple péripétie, une actualité mineure sans impact aucun. Attendue sur sa stratégie de sortie de la crise engendrée par une gestion chaotique de la covid-19, la Première ministre a opté pour le statu quo, chaussant les bottes de son prédécesseur. N’ayant nullement tenu compte de l’évolution de la crise sanitaire, elle a opté pour le maintien d’un climat d’exception. Pour de nombreuses semaines encore, les Gabonais devront se soumettre à une limitation de leur liberté d’aller et venir. Ils devront tout autant composer avec un inexplicable couvre-feu de 20h à 5h du matin. Au moins jusqu’à la fin de ce mois de septembre, les lieux de culte et de divertissement resteront fermés. Au grand dam des forces sociales, des entreprises et même des populations, la vie politique, économique et sociale restera atone.
Desseins inavoués
Même si elle a motivé sa décision par la nécessité de «maîtriser le risque sanitaire», la Première ministre a simplement repris la novlangue en vigueur depuis six mois maintenant. Concrètement, elle a inscrit l’action de son gouvernement dans la «surveillance active de la pandémie, (l’encouragement des) opérations de dépistage volontaire, (la prise) en charge (des) cas positifs (et), (la protection des) personnels soignants.» Tout en vantant le triptyque «dépister-isoler-traiter», elle a plaidé pour le maintien des «mesures barrières.» A tout point de vue, son discours avait des airs de déjà entendu. Rappelant furieusement celui de son prédécesseur, il n’a nullement tenu compte de la tendance baissière, ramant à contre-courant de la réalité.
Certes, Rose Christiane Ossouka Raponda a reconnu la nécessité pour notre pays d’«apprendre à vivre avec ce virus.» Certes, elle a dit vouloir redonner aux populations «le droit à la vie et le droit au progrès.» Mais son propos a manqué de réalisme, de prospective et surtout de courage. Comme si le gouvernement lui-même n’avait pas annoncé des «chiffres de guérison supérieurs aux cas actifs», comme s’il n’a jamais conclu à une «situation sous contrôle», elle a maintenu le couvre-feu. Faisant mine ne pas avoir entendu parler des manifestations populaires organisées par certains membres de son gouvernement, elle a reconduit l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes. Comme si l’application différenciée de la loi était devenue la norme, elle a refusé de tirer les conséquences de l’attitude de ses collègues. Au final, elle a laissé le sentiment de servir des «desseins inavoués», selon la formule du député Jean-Robert Goulongana.
Surplace
Contrairement aux insinuations de la cheffe du gouvernement, personne n’a jamais interprété «le déconfinement progressif» comme «la fin de la pandémie.» Comme elle, les Gabonais veulent juste «repartir de l’avant.» La «période de sidération» étant passée, ils entendent recouvrer leurs droits civils et politiques. A l’instar des membres du gouvernement, ils veulent jouir de leur droit d’aller et venir ou de leur liberté de réunion. Face au «ralentissement de l’activité économique», ils envisagent se retrousser les manches pour mieux se prendre en charge. Comment «saisir chaque opportunité (…) offerte par la reprise des activités de par le monde» quand des secteurs comme le tourisme ou les loisirs sont bridés ? Comment «débrider l’action d’investissement» quand la vie politique et sociale est chargée d’incertitudes ? Comment «raviver (…) le rêve et l’espoir» quand les libertés individuelles sont restreintes voire confisquées ? Autant de questions demeurées sans réponse. Or, si elle les avait traitées avec une froideur technocratique, la Première ministre serait parvenue à d’autres conclusions. Son propos aurait certainement gagné en profondeur. Il aurait peut-être ouvert d’autres perspectives.
Pour l’heure, Rose Christiane Ossouka Raponda a opté pour le surplace. A-t-elle cédé aux pressions politiciennes ? Certains l’affirment. A-t-elle privilégié les intérêts partisans ? Beaucoup le pensent. Son action les fera-t-elle mentir ? On demande à voir. Arrivera-t-elle à rétablir la confiance ? On peut nourrir quelques doutes. Réussira-t-elle à mettre en mouvement le corps social ? Rien n’est moins sûr. Déjà, ses débuts sont parasités par deux polémiques d’importance : le non-respect des mesures de lutte contre la Covid-19 par certains ministres et, la violation de l’article 28a de la Constitution. Au vu de tout cela, le soutien de son camp, comme le dernier gymkhana juridique de la Cour constitutionnelle, relève de ces connivences institutionnelles mille fois dénoncées. Un air de déjà-vu…
5 Commentaires
Couvre feu jusqu’en 2023 !
Grand Dieu, qu’est ce qui se passe en réalité avec cette histoire de Covid-19, avec ce confinement qui finalement dure une éternité! Nous avons appris à vivre avec le SIDA quand cette pandémie est arrivée chez nous. Quand bien même on aurait fait croire dans un premier temps que les gabonais étaient naturellement immunisés contre le VIH parce que « grands mangeur » de singes, nous avons tenu le bon bout jusque là. On vit avec le SIDA, on le tutoie même. Alors pourquoi ne pas faire autant avec le Covid-19? Jusqu’à quand durera ce confinement qui ne lèse que le petit peuple pendant que certains membres du gouvernement vadrouillent et rassemblent autour d’eux des milliers de personnes comme des Rock stars au mépris des gestes barrières. Au regard de l’ambiance dans les marchés et autres coins publics n’y-a-t-il pas déjà un déconfinement dans le déconfinement ?
Mais vous attendez d’elle quoi ? C’est une marionnette du clan Valentin. Les Bongo c’est fini. Et les Valentin sont eux-mêmes des marionnettes du Quai d’Orsay.
ALI BONGO EST MORT.
Mme le Premier ministre maintient toutes les mesures du confinement. Ok, d’accord. Et bravo, un grand bravo !
Mais alors, où sont les rations alimentaires qui vont avec le confinement, quand on sait que 85 % de la population gabonaise est constituée de pauvres, des gens qui vivent dans la précarité la plus totale, avecmoins de 250 Fcfa par jour sans confinement ?
M’enfin, la déclaration de politique générale ne s’est limitée que sur le Covid19 et puis c’est tout ?
Qu’en est’il du reste, économie, travail, social, éducation, infrastructure, santé etc.. quelles sont les grandes lignes ?