Décès de Johan Bounda : Les militaires dans le viseur d’Oligui Nguema

Après le décès tragique du second-maître Johan Bounda de la Marine, les militaires sont dans le viseur du général président qui a ordonné le retrait de l’enquête au B2 pour la DGR. En plus de deux officiers généraux cités et devant être auditionnés par la DGR, huit militaires présumés auteurs dudit décès ont été placés en détention préventive. Brice Clotaire Oligui Nguema exige que des sanctions appropriées soient infligées et servent d’exemple pour tout militaire qui tenterait de poser des actes similaires.

Oligui Nguema contre toute forme de torture employée pour la manifestation de la vérité. © D.R.
L’armée est-elle coupable de la mort tragique du second-maître Johan Bounda de la Marine ? Dans le pays où l’armée a souvent été accusée de bavure et d’excès de zèle, une bonne partie de l’opinion répond sans sourciller par l’affirmative et les premiers éléments de l’enquête ouverte ainsi que les mesures prises par le général président ne disent pour l’heure, pas le contraire. Après l’organisation exceptionnelle du Conseil de sécurité le mardi 24 décembre 2024, indique un communiqué du ministère de la Défense, le président de la Transition par ailleurs chef suprême des forces de défense et de sécurité a ordonné la tenue d’une réunion de crise du Haut commandement des forces armées gabonaises.
Les premiers suspects
Mais surtout, le retrait de l’enquête de la Direction générale de contre ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM) appelée B2 pour l’orienter vers la Direction générale des recherches et la Direction générale des services spéciaux (DGR) ; l’audition par la DGR des deux officiers généraux cités dans ladite affaire selon les procédures en vigueur et la traduction devant les juridictions militaires et civiles compétentes des huit auteurs présumés actuellement en détention préventive. Soit, deux lieutenants, un adjudant-chef major, un sergent-chef major, trois sergents-chefs et un sergent.
Si le ministère de la Défense précise qu’il s’agit des mesures avec effet immédiat, il souligne que «ces personnels cités sont les premiers suspects» et que «l’enquête déterminera tous les autres cas de complicité active ou même passive afin de mieux connaître les auteurs». Le président de la Transition qui dit tenir au respect de la dignité et des droits humains, s’indigne contre «toute forme de torture employée pour la manifestation de la vérité». Il instruit fermement le ministre de la Défense nationale de veiller personnellement à l’aboutissement de cette enquête afin que «des sanctions appropriées soient infligées aux coupables et qu’elles servent d’exemple pour tout militaire qui tenterait de poser des actes similaires».
Quid des velléités corporatistes ?
Alors que les images du corps sans vie du second maître Johan Bounda ont fait le tour de la toile, Brice Clotaire Oligui Nguela qui se dit tout aussi soucieux de la dignité due aux morts, constate pour le déplorer la publication des images et autres vidéos indécentes de la dépouille du disparu. Il en appelle à la responsabilité de la force publique pour «ester en justice toute personne physique ou morale qui véhiculerait désormais de tels drames». Pour sa part, le procureur de la République Bruno Obiang Mve a rappelé que «nul n’est au-dessus de a loi». Pour lui il paraît inadmissible que les représentants de l’ordre, garants de la discipline et de la justice se rendent coupables d’actes barbares violents le fondement des institutions du pays.
«Toute tentative de dissimuler la vérité et de mettre en lumière des velléités corporatistes tendant à détourner l’enquête sera traitée comme une entrave à l’action de la justice», a prévenu le procureur qui a «requis l’ouverture d’une enquête» pour que les responsables soient identifiés, poursuivis et traduits devant les juridictions compétentes. Le corps de Johan Bounda a été retrouvé à la morgue de l’hôpital militaire du PK9. Ce, après avoir été entendu par les services du B2 pour des accusations de vol d’argent et de bijoux au domicile du général Ossima Ndong, l’actuel secrétaire général du ministère de la Défense dont il était l’un des agents de sécurité. L’argent et les bijoux ont-ils été retrouvés ? Johan Bounda était-il coupable de vol ?

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