Si l’octroi d’une enveloppe de 7 milliards de francs CFA à chaque province est louable, les militaires au pouvoir sont aussi attendus sur l’achèvement de la réforme liée à la décentralisation, politique indispensable au développement véritable des territoires. À moins qu’ils fassent preuve de la même absence de volonté politique que leurs prédécesseurs.

Brice Clotaire Oligui Nguema vivement attendu sur le sujet de la décentralisation. © GabonReview (Montage)

 

Pour sortir les territoires de leur morosité, il est clair que les 7 milliards de francs CFA distribués tour à tour ces 12 derniers mois par Brice Clotaire Oligui Nguema à chaque province qu’il a visitée ne suffiront pas. Le général-président doit se hâter de signer le décret fixant les modalités de transfert des compétences et des ressources financières de l’État aux collectivités locales. Les choses traînent depuis trop longtemps, et ce n’est pas pour plaire aux principaux concernés : les populations. En témoigne le phénomène de l’exode rural qui se poursuit laissant les villages à l’abandon faute de perspectives d’avenir, notamment pour les jeunes.

Pourtant, plus grand-chose ne bloque l’aboutissement du processus de décentralisation lancé en 2006. Mieux, depuis l’adoption de la Loi organique n°001/2014 du 15 juin 2015, on sait désormais exactement quel est le domaine d’intervention des collectivités locales, quelle est la nature de leurs charges et leurs ressources, quelles sont les modalités d’exécution ainsi que la coopération locale et décentralisée. Ouverts le 26 février dernier, les travaux de la deuxième réunion du Comité technique de la décentralisation, organe du ministère de l’Intérieur, auraient dû donner suite à l’élaboration du décret tant attendu. «Il n’en a rien été et c’est fort dommage», a d’ailleurs regretté Paulette Missambo, le 2 septembre, à l’ouverture de la 2e session ordinaire du Sénat de la transition.

Une absence de volonté politique ?

Si la décentralisation n’est pas effective jusqu’à lors, c’est en raison du manque de volonté politique du régime d’Ali Bongo et son père avant lui. Ayant accaparé le pouvoir pour restaurer les institutions et redonner leur dignité aux Gabonais, les militaires manqueraient-ils eux aussi de la même volonté politique ? Sinon, comment comprendre la lenteur actuelle ? D’autant plus que le président de la transition a lui-même reconnu la grande précarité des populations à l’intérieur du pays, particulièrement dans les localités reculées. Qu’est-ce qui coince ? Au Sénat, institution représentante par excellence des collectivités locales, des grincements de dents se font à nouveau entendre sur la question.

«Aujourd’hui, les circonstances politiques sont propices, achevons cette réforme indispensable au développement de nos territoires qui se meurent. Si nous voulons hâter le développement local, gage d’une amélioration significative de la qualité de vie de nos concitoyens ainsi que la réduction de l’exode rural, nous devons faire évoluer le processus de décentralisation. Cela passe nécessairement par l’établissement de synergies entre l’État et les collectivités locales», invite la patronne du palais Omar Bongo Ondimba.

Espérons que, contrairement à ses prédécesseurs, à l’instar de Lucie Milebou Aubusson épse Mboussou, elle sera véritablement écoutée et suivie par les plus hautes autorités. 

 

 
GR
 

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