Le départ d’Olam Agriculture du Gabon, suite à sa cession à SALIC pour 1,78 milliard de dollars, est résolument un tournant économique important pour le pays. Alors que les nouvelles autorités militaires tentent de redéfinir les équilibres économiques, l’avenir des emplois, des investissements agricoles et de l’impact environnemental reste incertain. En parallèle, la position stratégique d’Arise, entité autrefois liée à Olam mais non incluse dans cette transaction, amène à s’interroger sur la continuité des projets industriels et logistiques au Gabon. Quels défis et opportunités l’arrivée des Saoudiens dans cette nébuleuse apporte-t-elle réellement ?

L’ère Olam s’achève, laissant place à une nouvelle phase dont l’issue dépendra des choix politiques et économiques qui seront faits dans les mois à venir. © Googleusercontent

 

Le 24 février 2025, le groupe singapourien Olam a officiellement cédé sa filiale africaine Olam Agri à la Saudi Agricultural and Livestock Investment Company (SALIC), une entité contrôlée par le fonds souverain saoudien Public Investment Fund (PIF). Cette transaction, évaluée à 1,78 milliard de dollars (environ 1 070 milliards de FCFA), marque la fin de près de 26 ans de présence d’Olam au Gabon et signe le début d’une nouvelle ère sous la houlette de SALIC.

Un retrait en catastrophe

Depuis son installation en 1999, Olam a joué un rôle central dans l’économie gabonaise, notamment dans les secteurs de l’huile de palme, du caoutchouc et de la transformation du bois. La chute du régime d’Ali Bongo, le 30 août 2023, a cependant modifié le climat politique et économique pour le groupe singapourien. Accusé de complicité avec le pouvoir déchu et de bénéficier d’avantages contestables, Olam s’est retrouvé sous pression des nouvelles autorités militaires. Plusieurs de ses dirigeants expatriés ont quitté le pays après des interpellations et gardes à vue, notamment pour M. Darshan Raiyani, alors responsable de la direction d’Olam Palm Gabon et Olam Rubber Gabon.

Dans ce contexte tendu, la vente d’Olam Agri à SALIC pourrait apparaître comme une stratégie de repli pour le groupe singapourien, lui permettant de se retirer d’un environnement devenu hostile tout en réalisant une plus-value significative.

Le départ d’Olam de ce segment de son activité amène à des interrogations sur l’avenir des investissements agricoles au Gabon. L’acquisition par SALIC des branches agricoles d’Olam pourrait cependant apporter une nouvelle dynamique. Spécialisé dans l’agriculture et l’élevage, le groupe saoudien dispose d’une expertise et de ressources financières solides pour poursuivre les projets entamés.

L’impact pour le Gabon

Il y a d’abord, le maintien de l’emploi et continuité des activités. Olam avait créé environ 17 000 emplois en sept ans, contribuant à la diversification économique du Gabon, traditionnellement dépendant du pétrole. Si SALIC parvient à maintenir ces emplois et à renforcer les capacités locales, la transition pourrait être positive. L’incertitude plane toutefois sur la stratégie à long terme du nouvel acquéreur, notamment en matière d’investissements additionnels et de respect des engagements sociaux.

Ensuite, l’impact environnemental et développement durable. Olam a été critiqué pour son impact environnemental, notamment en raison de la déforestation massive liée à ses plantations de palmiers à huile. Bien que la société ait adopté des engagements en faveur de la conservation, la gestion des ressources naturelles sous l’ère SALIC reste à définir. Le Gabon, qui mise sur un développement durable et une gestion responsable de ses forêts, devra veiller à ce que les nouvelles orientations respectent ces principes.

Il y a enfin le cas Arise, entité distincte mais stratégique. Arise, créé par Olam, a longtemps été perçu comme une simple branche du groupe. Dans les faits, il ne fait pas partie de la cession à SALIC. Arise a joué un rôle crucial dans le développement économique du Gabon, notamment à travers la gestion de la Zone économique spéciale du Gabon (GSEZ), le New Owendo International Port et l’Aéroport de Libreville. Bien que ces infrastructures aient renforcé l’attractivité économique du pays, elles ont également suscité des controverses, notamment sur leur impact inflationniste et les liens étroits avec l’ancien régime d’Ali Bongo.

Un avenir incertain mais porteur de potentialités

Bien avant la chute d’Ali Bongo, Olam avait cédé ses parts dans Arise IIP et Arise IS pour environ 116 milliards de FCFA, marquant une étape significative dans la restructuration de ses investissements au Gabon. La présence d’Arise dans des secteurs stratégiques comme la transformation du bois, les transports et la logistique, ainsi que le développement industriel, ne devrait poser aucun problème quant à sa continuité sans l’appui direct d’Olam.

Si la transition d’Olam à SALIC représente un changement majeur, elle offre aussi une opportunité pour le Gabon de redéfinir ses relations avec ses partenaires économiques. Le gouvernement devra être vigilant quant aux engagements pris par SALIC et à l’impact de cette reprise sur l’économie nationale.

L’ère Olam s’achève, laissant place à une nouvelle phase dont l’issue dépendra des choix politiques et économiques qui seront faits dans les mois à venir.

 
GR
 

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