Figure importante de l’art contemporain gabonais ces 20 dernières années, Georges M’bourou s’est éteint le 25 juillet 2024 à l’âge de 59 ans. Peintre novateur, il a su marier avec brio l’abstrait et le symbolisme traditionnel, faisant de l’Ogooué sa muse principale. Après celui de Marcellin Minkoe Minze en novembre 2023, son décès marque la fin d’une ère pour la scène artistique du pays.

Georges M’bourou (1965-2024). © GabonReview (montage)

 

Georges M’bourou, figure emblématique de la peinture contemporaine et promoteur de la Galerie d’Arts Efaro, s’est éteint le 25 juillet 2024 au Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angondjé, à l’âge de 59 ans. La nouvelle, annoncée par Radio le 26 juillet, a été confirmée par des proches de l’artiste. Perdant de la voix ces dernières années, il avait déjà subi une intervention chirurgicale à l’Hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba, communément appelé hôpital militaire de Libreville, puis une autre au Maroc, toujours niveau des cordes vocales. Son extinction au CHU d’Angondjé, spécialisé dans les cancers, laisse donc penser à un cancer de la gorge.

Avec près de trois décennies de création derrière lui et sans aucun doute le peintre le plus prolifique du Gabon, M’bourou laisse un héritage artistique d’une richesse inestimable, marqué par son style abstrait unique et son exploration poétique des traditions gabonaises. Né en 1965 à Port-Gentil dans la province de l’Ogooué-Maritime, Georges M’bourou s’est imposé comme l’une des figures les plus importantes de la peinture gabonaise contemporaine. Issu de l’École nationale d’arts et manufacture (Enam), il a su, au fil des ans, développer un style unique qui a captivé tant le public national qu’international.

Promoteur de la Galerie d’Arts Efaro, M’bourou était reconnu pour sa maîtrise de diverses techniques picturales, travaillant aussi bien à l’huile qu’à l’eau ou à l’acrylique. Sa prédilection pour l’abstrait lui a permis de créer un univers visuel riche et évocateur, où les natures mortes, dominées par un camaïeu de gris, enveloppaient le spectateur d’un voile de mystère dans une tonalité toujours lumineuse, presque phosphorescente.

Un parcours jalonné de succès, une œuvre ancrée dans la tradition et la modernité

Georges M’bourou. © D.R.

Le talent de Georges M’bourou a été reconnu bien au-delà des frontières du Gabon. En 2005, il a été lauréat du concours pour la décoration de la façade du pavillon et la conception du symbole de l’Afrique à l’Exposition universelle de Nagoya, au Japon. Cette consécration internationale a été précédée en 2002 par le Prix du Maire de Brazzaville lors de la 7ème Biennale du Ciciba (Centre international des civilisations Bantu), et suivie de nombreuses expositions prestigieuses, notamment à Washington en 2011.

L’art de M’bourou puisait sa force dans une profonde compréhension de la spiritualité et des traditions gabonaises, tout en s’inscrivant résolument dans la modernité. Ses toiles, véritables métaphores musicales, évoquaient souvent l’Ogooué, fleuve emblématique du Gabon, dans une symphonie de couleurs et de formes abstraites.

Le critique d’art Ludovic Obiang décrivait ainsi son œuvre : «Dans l’art de Georges M’bourou, l’Ogooué est une donnée cartographique, un axe territorial. Il appartient au symbole mythographique.» Cette fusion entre le symbolisme traditionnel et l’abstraction moderne a fait de M’bourou un véritable «magicien des eaux», capable de transformer la toile en un miroir magique reflétant l’âme profonde de son pays.

La disparition de Georges M’bourou marque la fin d’une période importante pour l’art gabonais contemporain. Avec celui d’autres artistes, formés à l’Enam et ayant emboité le pas pictural à leurs maîtres (Jean Prosper Ekoré, Marcellin Minkoë Mi Nzé, Nalvad, Jean-Baptiste Onewin-Walker, entre autres, eux-mêmes produits de l’Enam pour la plupart), son travail a contribué à la reconnaissance de l’art gabonais sur la scène internationale, notamment grâce à ses expositions à l’étranger et ses distinctions internationales. Bien que son décès laisse un vide dans le paysage artistique du pays, son influence continuera probablement à se faire sentir à travers les artistes qu’il a inspirés et les œuvres qu’il laisse derrière lui.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gab dit :

    Georges un artiste, un vrai qui a dédié sa vie à son art avec son style éclatant d’où jaillissent les couleurs du Gabon.Il aimait la beauté dans toutes ses formes et au milieu de ses oeuvres s’exprimait l’amour universel.
    Grand hommage à toi Georges et merci pour ton hospitalité et pour tout ce que tu étais. Homme simple au coeur discret tu restes immortel et ton art est notre héritage à toutes et à tous. Respect l’artiste !

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