Le Gabon est résolument en décadence pour ne pas dire en déliquescence. De cette vérité une dizaine de pastilles feront foi, tant la chose en preuves abonde. Abslow a mal au Gabon, comme d’autres ont mal à la gorge ou mal à la tête. Il débite ici le blues économique, social, culturel et même existentiel des Gabonais. Un blues guttural à la fois nerveux, triste, interrogatif et révolté.

© Gabonreview

 

1. Peuple gabonais, mes chers compatriotes, plus personne ne peut nier que notre pays est en lambeaux et mérite d’être réparé. Mais par où commencer quand tout est à refaire ? Par quel bout devrait-on commencer à restaurer ce pays abimé ? Par Libreville, sa capitale, devenue un cimetière d’immondices qui s’inonde à la moindre averse ? Par Oyem qui subit les délestages d’électricité pendant des nuits et des journées entiers ? Ou par Port-Gentil qui est en proie à un chômage endémique ?

2. Doit-on plutôt s’occuper de Lambaréné, de ses ponts fragilisés et de ses quartiers noyés par l’Ogooué quand sort de son lit ? Où réside la priorité dans ce pays ? Est-ce de construire les routes ou plutôt de réhabiliter les aéroports ? Est-ce au contraire acheter des bateaux ? Ou doit-on au davantage construire des ponts ? Pourquoi pas privilégier les barrages électriques ? L’eau étant plus vitale, n’est-il pas plus judicieux d’investir massivement dans son adduction ?

3. Dans le même temps qu’on se pose ces questions, il se trouve que nos écoles et nos universités sont aussi sinistrées. Il faudrait urgemment les réhabiliter et en construire de nouvelles. Nos hôpitaux pourtant modernes sont aussi mal ou sous-équipés et leur plateau technique défaillants. Là également se trouve une certaine urgence. Et le personnel de ces deux secteurs a aussi urgemment besoin de formation. Dans cet océan d’urgences, par où commencer et comment procéder ?

4. Comment nourrir par exemple 1,8 millions d’habitants est aussi une extrême urgence. C’est une préoccupation majeure constante pour un pays que de nourrir son peuple ? Doit-on ad vitam aeternam continuer à dépendre de l’extérieur pour remplir nos assiettes ? N’est-il pas temps de produire nous-mêmes ce que nous mangeons ? Cela est-il possible sans une agriculture compétitive ? Et toutes ces autres matières premières extraites de notre sol et de notre sous-sol ?

5. Ne peut-on pas les transformer localement ? Doit-ont continuer à vendre du pétrole brut après près d’un siècle d’exploitation ? Doit-on continuer à exporter le bois en grumes ou déroulé et débité simplement ? Doit-on continuer à exporter notre or brut ? Idem pour notre manganèse. N’y-a-t-il pas urgence de créer des industries autour de ces matières premières ? Nous est-il inaccessible de raffiner du pétrole brut pour en faire de l’essence, du gasoil, du kérosène, des lubrifiants pour nos véhicules ?

6. Ne peut-on pas produire des maisons, des meubles, de la papeterie et tous les produits de notre quotidien en bois ? Sommes-nous condamnés à la dictature du plastique importé d’Europe, de Chine et d’ailleurs ? Quid du leadership dans la protection de l’environnement dont on nous bassine les oreilles depuis 20 ans ? Pour quelle plus-value au juste depuis tout ce temps ? L’écotourisme de luxe construit autour de nos parcs est-il un choix réellement porteur et profitable ?

7. Quand on fait le tour de toutes ces questions pourtant pas exhaustives de nos malheurs, en comparaison aux autres pays, à moins d’être de mauvaise foi, on se rend vite compte que notre pays a un sérieux retard à l’allumage. Dans tous les domaines, nous sommes à la traîne au point que les urgences sont devenues saillantes partout. En 50 ans, notre pays n’a pas été capable de bâtir un modèle économique qui soit le reflet d’une réelle ambition portée par ses dirigeants.

8. Il est resté empêtré dans une économie de saupoudrage caractérisée par des petits bidouillages ci et là ! Rien d’assez ambitieux, d’assez convaincant n’y a été entrepris pour créer un modèle économique inspirant. Tout est du domaine de l’approximation. Et c’est d’ailleurs assez vérifiable à travers la propension des gabonais à aller faire leurs courses ailleurs, en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie. Ils parcourent le vaste monde à la recherche de ce qu’ils auraient dû trouver chez eux.

9. Pour se soigner, ils voyagent ; pour s’instruire, ils voyagent ; pour se spécialiser, ils voyagent ; pour s’amuser, ils voyagent ; pour s’équiper, ils voyagent ; pour les vacances ils voyagent ; pour s’évader, ils voyagent. Pour se marier, ils voyagent… Ils voyagent partout dans ces pays lointains, sauf chez eux, pour s’offrir des services, loisirs et plaisirs qu’ils auraient eus chez eux s’ils n’étaient pas si inconscients de la capacité de leur pays à être un leader mondial dans bien des domaines si l’envie leur venait.

10. La légèreté dans la conduite des affaires d’un état est une facture qu’on paie cash. 50 ans de schémas frileux et de choix hasardeux ont construit une économie de saupoudrage adossée à une gouvernance chaotique, annoncent plus que jamais la ruine programmée de l’état et de ce modèle économique fait de bric et de broc. En effet, les signes annonciateurs de la ruine programmée de l’état se manifestent déjà dans le Haut-Ogooué par la pénurie générale qui affame ses populations ? Est-ce un hasard ou le juste retour de manivelle ?

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Moi gabonais dit :

    Que des urgences, on pourrait ajouter:
    – la création d’une compagnie aérienne nationale ;
    – la création d’une nouvelle décharge et de recyclage des ordures ;
    – la construction d’une cité administrative pour réduire la location et permettre la création de postes de travail aux agents publics ;
    – la mise en place d’un SIGRH pour notre Fonction Publique pour une meilleure gestion des ressources humaines et financières de l’état;
    – la construction de nouvelles prisons sinon l’extension de certaines afin de coler à nos engagements de respect des droits de l’homme ;
    – la réhabilitation des stades construits lors des can 2012 et 2017 sans oublier la situation l’ominisport qui porte le nom de y’a Omar;
    – la prise en charge des malades mentaux;
    – l’insertion des personnes vivants avec un handicap;
    – les droits d’auteurs des artistes gabonais ;
    – l’arrimage des pensions retraites des au NSR;
    – les situations de la poste, cnss, Cnamgs, CPPF (à la suite des conclusion du rapport de l’étude actuarielles menée par le cabinet FINACTU);
    – la reprise de l’établissement et de délivrance des CNI;
    – la construction de logements et la viabilisation des parcelles;
    -etc.

  2. udfr dit :

    Triste constat mais tellement juste.

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