Croix-Rouge gabonaise : La colère gronde chez les volontaires
Plusieurs volontaires de la Croix-Rouge gabonaise (CRG) dénoncent des irrégularités dans le processus électoral qui sanctionnera les travaux de l’Assemblée générale nationale élective dont les travaux ont été ouverts ce 10 juin, pour s’achever le 12 juin avec l’élection du nouveau président de la CRG. Entre déceptions et dénonciations, ils ont été déguerpis de leur siège le 10 juin par les Forces de police nationale (FPN).
Le 10 juin, aux premières heures de la matinée, plusieurs volontaires de la Croix-Rouge gabonaise (CRG) ont investi leur siège. Débutée ce 10 juin, l’Assemblée générale nationale élective s’y tiendra jusqu’au 12 juin et pour ces volontaires, c’est un gâchis. «Nous assistons là à une violation des textes de la CRG», s’est insurgé Robert, un volontaire soutenu par des dizaines d’autres volontaires et membres. Le motif de cette colère ? Les « bizarreries » de la présidente intérimaire, Véronique Tsakoura, par ailleurs candidate unique au poste de président de la CRG. «En se présentant candidate unique de la CRG, elle s’est impliquée de manière volontaire dans la manipulation des élections», assurent ces volontaires qui l’accusent d’avoir organisé des fraudes depuis le renouvellement des bureaux provinciaux. Notamment, dans le Haut-Ogooué et dans l’Ogooué-Ivindo.
Rejet du dossier de l’autre candidate à la présidence de la CRG
Seule adversaire de Véronique Tsakoura, Habiba Issa épse Yanga a vu sa candidature rejetée. Selon le Comité des élections, cette candidature n’était pas conforme aux dispositions statutaires de la CRG dont l’article 8 dispose que «le président ou la présidente d’honneur ainsi que les membres d’honneur et les membres bienfaiteurs ne jouissent pas du droit de vote ou d’être élu au sein des organes de gouvernance de la société nationale». Cette candidature serait également non conforme aux dispositions de l’art.12 alinéa 13 qui interdisent aux candidats de «ne pas occuper les plus hautes fonctions dans l’administration publique et dans un parti politique qui menacent les intérêts de la société nationale».
En clair, le Comité qui a considéré Habiba Issa comme un membre bienfaiteur a également estimé que sa fonction de secrétaire générale du ministère de la Fonction publique était incompatible avec ses aspirations au sein de la CRG. Des motifs repoussés par la concernée qui a revendiqué son statut de membre actif de la CRG.
Ce d’autant plus qu’elle dispose de sa carte de membre délivrée le 10/05/2021, car ayant régulièrement payé sa cotisation annuelle auprès du Comité du 1er arrondissement dont elle est issue pour prouver son statut de membre actif. C’est du moins ce que prouve le reçu délivré par la Direction administrative et financière ainsi que des informations affichées par le Comité des élections qui rappellent que le Comité du 1er arrondissement compte un membre d’honneur (Gabrielle Igoho), un membre bienfaiteur (Assita Madeleine Padzys née Ngalo) et 85 membres simples dont Habiba Issa. Soit un total de 87 membres, comme souligne-t-on, résumé dans un tableau affiché au siège de la CRG conformément aux informations transmises par le président du Comité local du 1er arrondissement de Libreville au Conseil national de direction le 3 mai 2021, avant la révision générale des listes de membres par les soins de l’intérimaire. Aussi, elle a assuré qu’il n’y a aucun conflit d’intérêt.
Une AG aux forceps ?
Conformément aux statuts de la CRG, les volontaires et membres disent avoir fait des recours au niveau des instances internes, dont le Comité des élections. Doutant de la crédibilité de ce Comité chapeauté par la présidente intérimaire, des copies desdits recours ont été envoyés au ministère des Affaires sociales (ministère de tutelle), au cabinet de Sylvia Bongo la présidente d’honneur de la CRG, et à la fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. «Nos recours sont restés sans suite», a déclaré un membre de la CRG. Mais selon des informations parvenues à la rédaction de Gabonreview, le ministre de tutelle a réagi en demandant de surseoir l’Assemblée générale nationale élective prévue les 10, 11 et 12 juin.
Selon certaines indiscrétions, les manquements sont tels que le ministère de tutelle n’a pas été associé dans le processus de préparation et de validation du calendrier électoral. Elles assurent que l’ajournement préconisé par Prisca Koho Nlend avait pour but de mieux cerner les irrégularités, afin d’agir en toute connaissance de cause. A en croire leurs propos, c’est dans cette optique que le ministre a prévu une réunion de travail à son cabinet, le 15 juin. Cependant, le processus électoral n’a pas été suspendu. «La CRG est auxiliaire des pouvoirs publics. Dans un pays on respecte les lois», a lâché un volontaire informé. «Lorsque l’autorité demande qu’on sursoit pour entendre toutes les parties et que cette décision n’est pas prise en compte par une intérimaire qui elle-même est candidate, c’est un manque de respect à l’autorité», a-t-il ajouté. «Les volontaires ont donc décidé ce matin d’exprimer leur mécontentement», a-t-il expliqué.
Violation des conventions de Genève
Bien que manifestant pacifiquement au sein de leur siège, les volontaires et membres de la CRG ont été mis à la porte par les Forces de police nationale (FPN). Lesquels ont assuré avoir intervenu à la demande de la présidente intérimaire qui a requis le déguerpissement des volontaires. «C’est une violation de la convention de Genève. Les forces de sécurité et de défense n’ont pas le droit d’intervenir dans un siège de la Croix-Rouge», se sont-ils indignés. «C’est une violation mais nous comprenons qu’ils ont agi sous l’effet d’une mauvaise information», ont-ils dit déçus.
Dénonçant une gouvernance autoritaire, ces volontaires ont fini par regagner leurs domiciles laissant les travaux de l’AG suivre leur cours normal. Néanmoins, ils se demandent quand Véronique Tsakoura va démissionner pour devenir candidate. «Le mal est profond», a commenté un membre. Pour sa part, Gabonreview qui attend une réponse, a sollicité de la présidente intérimaire, une interview.
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