Crise interne au PDG : Une bataille de postures
Le Parti démocratique gabonais (PDG) peut-il améliorer sa gouvernance ? Du fait d’une trop forte personnalisation du pouvoir et d’un mélange des genres savamment entretenus, la pratique politique en vigueur dans ce parti se résume aux faux-semblants et étiquettes trompeuses.
La démocratie sortira-t-elle renforcée de la crise interne au Parti démocratique gabonais (PDG) ? S’étant écaillé depuis, le vernis républicain posé par Omar Bongo Ondimba, va-t-il finir par sauter ? Les derniers événements et la bataille interne à ce parti favorisent la transmutation de cette possibilité en probabilité. Du fait de la trop forte concentration de pouvoirs entre les mêmes mains et de la confusion congénitale entre appareil partisan et appareil d’Etat, le PDG apparait désormais sous son vrai visage : celui d’un parti suranné, dépassé, n’ayant pas intégré les évolutions des 25 dernières années. Seul point commun entre les fondeurs de «Héritage et Modernité», les zélateurs du «Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo)» et les bureaucrates des instances partisanes, l’irrépressible volonté de conserver le pouvoir, coûte que coûte, ne suffit plus. En privé, plus grand monde ne conteste le caractère frauduleux des supposées victoires électorales engrangées depuis 1990. Dans le confort des salons, plus personne ne magnifie la présidentielle de 2009. Dans tous les cas, chacun s’efforce de montrer combien sa contribution fut déterminante, non pas pour solliciter les suffrages mais pour échafauder les stratégies et stratagèmes ayant rendu la conservation du pouvoir possible.
A l’origine de cette situation, la nature même du PDG. En faisant du patronyme et des liens familiaux ou matrimoniaux des éléments déterminants dans le choix des dirigeants, les élites ce parti ont ramé à contre-courant de l’histoire. Au bilan peu glorieux de leur formation politique, ils ont ajouté une dimension bonapartiste. A cette volonté d’établir un régime républicain impérial dirigé par un membre d’une famille bien précise, ils ont laissé s’adjoindre un jeunisme débridé. Très vite, cette discrimination par l’âge s’est muée en insouciance voire en infantilisme à leur nez et à leur barbe. Naturellement, tout cela déboucha sur un trouble oppositionnel avec provocation auquel ils eurent du mal à résister. Systématisation de la fraude électorale, prise de liberté avec toutes les normes, codes et repères, exacerbation de l’égoïsme, confiscation de la parole publique, culte de la personnalité, confusion entre biens publics et biens privés… Le PDG se dit démocratique. Mais il fonde son hégémonie sur des principes anti-démocratiques. Le PDG se dit national. Mais, sa pratique politique repose avant tout sur les individus, ravalant les structures au rang de curiosités pour musée.
Crise, dérive et intérêts
Depuis maintenant un quart de siècle, des acteurs de la vie publique n’ont eu de cesse de dénoncer «l’Etat-PDG», «la dérive autoritaire», la tendance du régime à faire de la ruse une vertu et son refus de se plier aux règles, pourtant admises d’un commun accord. Durant les six dernières années, ils n’ont cessé de mettre à l’index «la crise de confiance», «la crise politique», «la crise multiforme», et la dévotion de l’ensemble des leviers d’action à un homme. En faisant fi de toutes ces critiques, le PDG s’est naturellement éloigné de ses objectifs présumés et de la réalité. Arrogant, hostile au débat contradictoire, tout dévoué à la personne de son principal dirigeant ou à la défense de prébendes, privilèges et rentes, il s’est coupé du peuple. Pour les grognards de «Héritage et Modernité», les exaltés du «Mogabo» et la bureaucratie du secrétariat exécutif du PDG, il paraît nécessaire de mentionner des notions de base. Bien avant la gloire, le bien-être ou les intérêts personnels, la politique se résume en l’action, en la recherche d’un équilibre et du développement de la communauté. Elle se pratique collectivement et s’analyse sous l’angle du rapport aux autres et aux autres ensembles. Si elle récuse toute déontologie et ne se conforme pas toujours à la morale, elle requiert de l’éthique.
De nombreux militants PDG disent agir par éthique et conviction. Faut-il leur rappeler leur silence assourdissant face aux brimades diverses dont ont pu être l’objet de nombreux compatriotes (lire notamment «Paul Biyoghé Mba et les revers du cynisme en politique», «Pierre André Kombila, interdit de voyage» ; «Le come-back de l’Union nationale») ? Doit-on raviver le souvenir des nombreux dénis de droit avalisés au nom de la solidarité partisane ? Est-il opportun de signaler le silence consécutif aux révélations de Mediapart sur la pieuvre Delta Synergie (lire notamment «Delta Synergie : Anatomie de la «sangsue» financière des Bongo» et «Le rapport accablant de Mediapart sur Delta Synergie» ) ? Est-ce nécessaire de rappeler le mutisme des ténors dans le débat sur l’état-civil du président de la République ? Face à ces silences multiples, les positionnements des uns et des autres ont des apparences de postures. Or, contrainte ou feinte, la posture est toujours inhabituelle et remarquable…
Libertés et culture démocratique
La rhétorique du cadre PDG se fonde sur un argument spécieux : l’adhésion à une vision supposée. Tout au long du mandat présidentiel en cours, l’opinion a été abreuvée de discours vantant le Plan stratégique Gabon émergent et fustigeant «l’absence de projet crédible en face». Là encore, on était en présence d’une posture voire d’une imposture. Feignant de confondre projet de développement, projet de société et programme de gouvernement, chacun justifiait, à peu de frais, son silence si ce n’est sa complicité dans les dérives constatées et dénoncées çà et là. Cette attitude a fait le lit des «profito-situationnistes aux chaussures enfoncées dans la boue des chemins tortueux de l’enrichissement astronomique sans cause» et autres «félons qui s’évertuent à dissimuler leur perfidie afin de continuer à abuser allègrement de la confiance du chef de l’Etat tout en entretenant des agendas personnels inavoués félons qui s’évertuent à dissimuler leur perfidie afin de continuer s’abuser allègrement de la confiance du Chef de l’Etat, tout en entretenant des agendas personnels inavoués. félons qui s’évertuent à dissimuler leur perfidie afin de continuer s’abuser allègrement de la confiance du Chef de l’Etat, tout en entretenant des agendas personnels inavoués». N’empêche, depuis la sortie d’«Héritage et Modernité», les lignes bougent. De nombreux parlementaires s’expriment à visage découvert, le secrétaire général du PDG a pu rappeler comment il s’est heurté à un mur d’incompréhension depuis maintenant trois ans. En clair, la peur est en passe d’être vaincue et la parole de se libérer. Tout ceci est encore balbutiant, insuffisant, insatisfaisant. Mais les libertés se conquièrent et la culture démocratique s’acquiert.
Pour autant, les attaques ad hominem et propos nauséeux entendus ou lus çà et là, n’augurent rien de bon. S’ils traduisent une conception patrimoniale et monarchique de l’Etat, les identités de leurs initiateurs laissent songeurs. Et pour cause : si l’on en croit les insinuations d’«Héritage et Modernité» ou du secrétaire général du PDG, les jeunes du Mogabo sont derrière cette campagne. Où l’on en vient à se demander comment Alain-Claude Billie By Nzé, Pacôme Moubelet Boubeya, Yves-Fernand Mamfoumbi et Ali Akbar Onanga y’Obégué peuvent être devenus plus rétifs au débat contradictoire que Faustin Boukoubi ? Comment peuvent-ils être plus bonapartistes que Vincent de Paul Gondjout ou Alexandre Barro Chambrier ? C’est là la vraie révélation de la crise interne au PDG : l’acceptation de la démocratie n’est pas une affaire d’âge ou de génération mais une question de principe. Et les principes, il y a longtemps que le PDG les a abjurées….
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La seule chose que je vois c’est que l’ancien camarade OBO faisait manger le maximum de personnes, presque tout le monde avait sa part de gateau d’une façon ou d’une autre. le nouveau camarade ALI lui s’est entouré de certaines personnes qui lachent rien au passage et meme quand il fait la rotation certains vieux grognards espèrent entrer au gouvernement ou autre mais rien ils veulent ainsi marchander pour rester au PDG mais dans tout ca le peuple on s’en fou tout ceux qui gesticulent là s’ils sont nommés demain on en parlera plus avancé du Gabon basta.
Le culte de la pensée unique et du tout va bien, a éloigné les dirigeants des cris de désespoir et des besoins essentiels du bas peuple.
Le refus du débat contradictoire ourdi de l’arrogance inutile des nouveaux maitres, n’a fait qu’accroire le fosse entre la classe dirigeante et le peuple.
Les petits sorciers qui ont vite compris l’ignorance des jeux politiques du Président de la République, l’on vite utilisé telle une marionnette pour leurs propres intérêts.
Ils sont devenus le peuple que le P.R. devrait coute que coute entretenir, enrichir.
Leur enrichissement inexpliqué et insolente étaient vu par le Président comme l’accomplissement du Peuple de Kinguele, d’Atsibetsos, d’Atongabe, de fouika, d’Ingara, de potos ou simplement de Moanda 3.
Ou sont-ils aujourd’hui, pour expliquer au Peuple réel du Gabon le fondement de leurs richesses.
Alain-Claude Billie By Nzé, Pacôme Moubelet Boubeya, Yves-Fernand Mamfoumbi et Ali Akbar Onanga y’Obégué, bien malin le gabonais qui a un souvenir des papas de ces enfants gâtés.
Une jeunesse qui avait encore a apprendre, s’est vite engluée dans des pratiques sataniques aux objectifs tordus.
S’enrichir a tout prix, au mépris des valeurs communes qui fondent notre République.
Cette inconséquence d’Ali de s’être entouré de cette nouvelle race de crapauds, nous ramène a nous interroger sur sa filiation avec Omar BONGO, personnalité ayant des vertus indiscutables sur les valeurs entre générations.
Ali s’est tout seul tiré une balle a fragmentation sur le pied.
L’heure du bilan a sonné. Il n’est plus réclamé que par les jaloux de l’opposition, mais par les ingrats du PDG aussi.
Qui vivra verra.
Le débat actuel au sein du PDG et la mise en avant des courants politiques est une bonne chose même si les desseins des uns des autres sont inavoués car tous de loin ou de près on été aux affaires, ce qui induit que leurs responsabilités de la situation difficile du pays leur incombe à tous. Concernant la guéguerre que se livre fractions, cela n’est plus ou moins qu’un réveil de conscience d’une part et une défense des acquis d’autre part car au final tous se retrouverons derrière Ya Ali pour 2016 et je terminerai en citant propos de feu Omar Bongo qui disait en son temps: le chien aboi, la caravane passe…
Roxane Bouenguidi a une fois de plus esquissé avec brio l’ensemble des freins et dérives qui caractérisent le PDG. En introduisant dans son analyse la simple et pourtant importante question de savoir si « La démocratie sortira renforcée de la crise interne au Parti démocratique gabonais (PDG) ? », il n’est pas présomptueux d’y répondre par la négative.
Le PDG c’est un parti-État ayant une longévité au pouvoir de près de 50 ans, avec en l’espèce une confusion des genres, de moyens et même patronymique… Le PDG c’est l’État, ses membres sont ceux qui administrent, gèrent de la base au sommet de l’État. Le PDG c’est la captation et la concentration des moyens matériels et financiers de l’État, ses membres sont placés dans les plus hautes sphères de décision et tiennent de main forte la quasi-totalité des administrations financières de l’État. Le PDG, c’est le résultat d’Omar Bongo Ondimba, parti qui vit le jour sur les bords de la bouenguidi à Koula-moutou un certain mars 68 mais dont aujourd’hui ceux qui en détiennent le pouvoir feignent d’ignorer que Marcel Eloi Rahandi Chambrier, Jean François Ntoutoume Emane ainsi que d’autres encore vivants ont droit de citer, d’opinion au vu de leur participation et leur apport non négligeable auprès du Grand Camarade feu Omar Bongo Ondimba par opposition du seul fait que Ali Bongo Ondimba, fils (sic) d’Omar Bongo Ondimba, en est devenu héritier et, qui au demeurant, refuse toute forme de critique et tout débat contradictoire confirmant ainsi que le PDG c’est BONGO tout court !
Dans cette confusion, on en est arrivé à créer un système d’apparatchiks où s’entremêlent profit dû au rang, légitimité politique ou non, prestige, enrichissement ostentatoire, pouvoir…
Cette confusion a tellement marqué l’opinion qu’il n’est pas rare pour plusieurs de penser (encore), croire que le PDG rime avec salut social au détriment de toute idéologie politique. Qui dans nos familles respectives n’a connu un frère, une sœur, une mère ou un père disant (ou voulant) aller militer dans ce parti pour soit un emploi, une promotion ou la confirmation d’un poste politique ?
Aujourd’hui l’écart entre le politique et le gabonais est plus qu’important; trop de promesses non réalisées, des choix politiques, socio-économiques non prioritaires et pour reprendre Roxane Bouenguidi, «l’Etat-PDG», «la dérive autoritaire», «la crise de confiance», «la crise politique», «la crise multiforme» sont imputable à un seul homme, celui qui incarne le PDG, Ali Bongo Ondimba. Comme dirait un « turfiste », il n’est plus question de miser sur le tocard des courses…
Il est donc grand temps que les gabonais tournent la page, l’heure n’est plus à la préservation des acquis avec son corolaire d’injustice sociale et de précarité extrême mais à l’éclosion d’une nouvelle classe politique ancrée dans le réel jeu démocratique et à la construction d’une alternance apaisée. Que le PDG nous lâche les baskets !
C’est toujours avec beaucoup de joie que je lis et on sort de la avec un plus, belle prose bonne continuation
tout est dit.
Étant des personnes réfléchi et sensé,les membres du PDG ne se feront aucune gué guerre.surtout pas pour votre plaisir
il y’aura jamais de guerre au seins du PDG
Mogabo toujours cet esprit sectarisme, de noyau dur, de clan de la part de bilié bi nzé
Je salue le coup de maitre, une fois de plus, de RB et de la Rédaction de Gabonreview. A propos de ce sujet, je considère aussi que le président Ali Bongo ne mesure pas encore assez bien l’étendue de sa responsabilité, sinon il ne multiplierait pas autant d’erreurs politiques. Il doit s’imaginer, à tort, que sa présence à la tête du pays est un droit naturel comme celui dont jouit, par exemple, le roi du Maroc. S’il a des disponibilités à apprendre davantage en politique, il devrait déjà se rendre à l’évidence que ses procédés sont en totale inadéquation ave le rôle majeur qui lui a été confié.
Dans ces conditions, la responsabilité du PDG est de s’armer de courage, de ne pas se taire mais de dénoncer haut et fort, la nullité du chemin proposé par le distingué camarade, et de réclamer la nécessité de revenir en arrière. Car on peut se demander, à juste titre, si la « solidarité partisane » devrait prévaloir sur la solidarité nationale ou sur la volonté de rendre réalisable la volonté démocratique commune ? C’est pourquoi, à mon humble avis, la loi sur les partis politiques mérite cent fois, d’être revue afin que, d’une part, les fondateurs de ces associations ne soient plus considérés comme des propriétaires naturels, que leur rôle y soit réduit au même niveau que celui de n’importe quel adhérent afin que tout parti politique gabonais, quelles que soient ses orientations idéologique et politiques, devienne in fine, une propriété pleine et entière de la Nation uniquement, et que quiconque ne soit plus disposé à sacrifier sur l’hôtel de la reconnaissance ou de la fidélité, les intérêts supérieurs de tous les Gabonais.
Bravo et merci Roxanne, pour vos analyses de haut vol. Bonne continuation à toute l’équipe de GR.