Crimes dits rituels : Ebang Ondo entre activisme associatif et militantisme politique
À l’approche de la campagne électorale, jugée comme moment culminant des atrocités qu’elle dénonce, l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), demande au chef de l’État de réviser et de faire adopter l’ordonnance N° 15/PR/2015 du 11 août 2015 et demande à la communauté internationale d’intervenir dans le processus électoral en cours.
Interrompant une tournée interprovinciale entreprise il y a quelques mois, aux fins de sensibiliser et informer les Gabonais sur le sempiternel phénomène des crimes dits rituels, le président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) a animé une conférence de presse le 5 juillet dernier.
Jean Elvis Ebang Ondo a planté le contexte en indiquant que «l’ALCR est une association qui défend l’humain dans son entièreté et considère que la vie est une grâce divine. À l’approche des échéances futures, nous estimons que l’ALCR ne doit pas rester indifférente face à la situation sociopolitique que traverse le Gabon à savoir, la crise multiforme avant ces élections». Il a ensuite tiré la sonnette d’alarme, rappelant que les scandales des crimes rituels atteignent leur paroxysme lors des compétitions politiques au Gabon.
Le président de l’ALCR a rappelé sa participation, en juillet 2012 à Paris, à la rencontre entre les hommes politiques gabonais, la société civile et de la communauté gabonaise de l’étranger, ainsi que son soutien pour la tenue d’une Conférence nationale à Libreville. Il regrette que le pouvoir soit resté sourd à cette «sage idée» et que la crise persiste en s’étendant vers la violence. Et de noter, «l’homme politique nous parle de paix au Gabon. De quelle paix s’agit-il ? De celle des tribunaux ? des cimetières ? Peut-on parler de paix dans un pays où les gouvernants refusent le dialogue et ne savent pas pardonner ?». Jean Elvis Ebang Ondo a fait remarquer que les Gabonais ont peur du poison, des enlèvements, des disparitions, des meurtres, des agressions, des violences et des crimes rituels. «La chasse au sang et aux organes humains revient en force !» a-t-il martelé, avant d’émettre des propositions concrètes dans la suite logique des deux colloques sur les crimes rituels, organisés le 14 juillet 2014 et le 19 juillet 2005 par le gouvernement et le système des Nations Unies.
Malgré les actions de dénonciation de l’ALCR, les crimes rituels persistent, a-t-il souligné. «Oui ! Le gouvernement combat ce fléau en muselant les médias d’État pour ne point en parler. Les journalistes sont menacés et craignent pour leur vie», pense l’inspecteur de l’Éducation nationale. Accusant la succession des conseils des ministres de se cantonner dans les d’effets d’annonce laissant croire à sa volonté de combattre le phénomène, il a regretté qu’aucun homme politique n’ait été entendu ni mis en examen.
Énumérant les promesses non tenues, Ebang Ondo mentionne la réunion extraordinaire convoquée à la présidence de la République par le chef de l’Etat, le 10 avril 2012, après la diffusion sur Canal + (France) du reportage «Les organes du pouvoir», portant sur les crimes rituels au Gabon ; le mémorandum remis au chef de l’Etat, après la marche du 11 mai 2013, ainsi que la décision du conseil des ministres du 13 août 2015 indiquant que «Les crimes rituels avec prélèvement d’organes et autres mutilations des victimes seront dorénavant imprescriptibles et condamnés à la perpétuité». Le leader associatif a regretté qu’à l’occasion du discours bilan du président de la République, le 27 juin dernier, devant les députés et les sénateurs, le président de la République ait littéralement oublié de parler des crimes rituels.
A cet effet, «l’ALCR se permet de demander au chef de l’Etat de réviser, et ceci avant le 27 août 2016, l’ordonnance N° 15/PR/2015 du 11 août 2015 prise en conseil des ministres du lundi 13 août 2015 sur les crimes rituels, pour son adoption. Elle a été invalidée par la Cour Constitutionnelle le lundi 7 décembre 2015», a indiqué le président de l’association, laissant entendre qu’il a apprécié la grève des magistrats pour une séparation effective des pouvoirs. Ce qui le laisse espérer qu’il y aura désormais une chance de voir se tenir des procès sur les crimes rituels.
L’ALCR a lancé un appel solennel à la communauté internationale pour une implication dans le processus électoral pour la présidentielle d’août prochain. «Ne nous abandonnez pas ! Nous avons d’un côté les gouvernants conservateurs et de l’autre, l’opposition mal organisée et fragile. Et le bas peuple dans tout cela ? C’est l’abattoir, la victime des crimes rituels systématique pour la course au pouvoir. De grâce, ne venez pas jouer aux pompiers. Aidez-nous à organiser ces élections à haut risque !», a supplié Jean Elvis Ebang Ondo.
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