Création du CNCSPAT : Une usine à gaz de plus
Rappelant le Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE), le Conseil national de coordination et de suivi du Plan d’accélération de transformation (CNCSPAT) résulte des revirements et incohérences du gouvernement. Mal ficelé, le PAT paraît peu propice au suivi/évaluation.
Incompétence ou inconséquence ? Un peu moins de deux ans après la suppression du Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent (BCPSGE), les bricolages juridico-institutionnels sont toujours de saison. A la faveur du Conseil des ministres du 22 janvier courant, un Conseil national de coordination et de suivi du Plan d’accélération de la transformation (CNCSPAT) a été créé. Rattachée à la présidence de la République, cette entité est «notamment (chargée) de coordonner (et) suivre l’exécution des projets et réformes (et) transmettre régulièrement les informations (…) nécessaires à la prise de décision au président de la République et au Premier ministre.» Au plan organisationnel, le CNCSPAT comprend un comité d’orientation stratégique, une plénière du conseil et quatre cellule thématiques.
Suivi/évaluation des politiques publiques
Justifiant la dissolution du BCPSGE, le gouvernement avait vanté un souci «d’efficacité, de productivité et de clarification des compétences», insistant sur la nécessité de se conformer aux «orientations du Plan de relance de l’économie.» Cette fois-ci, il évoque une volonté de «suivre au plus près l’exécution (du PAT) et de proposer toute recommandation liée à sa bonne exécution.» Au-delà du choix des mots, la rhétorique et les objectifs supposés restent les mêmes. Autrement dit, le CNCSPAT reprend les missions jadis dévolues au BCPSGE, à savoir : le suivi/évaluation des politiques publiques. Concrètement, la collecte, le traitement, l’analyse, et la diffusion des informations relatives aux politiques publiques seront de sa responsabilité. A intervalles réguliers, il devra livrer son appréciation de la mise en œuvre et des résultats obtenus.
De cette description surgissent un certain nombre de questions. Le BCPSGE avait-il les moyens de faire son travail ? Si oui, où sont consignés les résultats ? Pourquoi les projets suivis par ses soins n’ont-ils pas aboutis ? Pourquoi a-t-il finalement été dissous ? Si non, quelle était la plus-value de son rattachement à la présidence de la République ? Les missions de BCPSGE ayant été confiées au secrétariat général du gouvernement (SGG), quid de la répartition des rôles ? Pourquoi reconduire un dispositif ayant fait la preuve de son inefficacité ? Sans apporter de réponses à ces questions, on parvient à une déduction : le gouvernement pèche par un déficit de réflexion, conjugué à une mauvaise compréhension des procédures et une méconnaissance de l’appareil d’Etat. D’où ses incessants revirements. D’où aussi ses incohérences.
Effets d’annonce
Certes, les politiques publiques doivent comprendre un mécanisme de suivi-évaluation. Nécessaire, cette exigence n’est pas suffisante. Sans réelle planification, le suivi/évaluation ne peut donner des résultats. Or, la planification dépend de cinq éléments : la structure organisationnelle, la gestion de l’information, la capitalisation des acquis et les ressources humaines ou financières. Très peu pris en compte lors de la formulation du PSGE, ces points ne l’ont pas davantage été durant l’élaboration du PAT. Autrement, certaines thématiques auraient émergé toutes seules, notamment la mobilisation de l’administration, la centralisation des données, l’encouragement à la réflexion critique et, les besoins en main d’œuvre. Rose Christiane Ossouka Raponda pourra toujours présenter le PAT comme une politique publique. Celui-ci restera mal ficelé. Face à cette insuffisance, le suivi/évaluation restera une gageure. Et le CNCSPAT une usine à gaz de plus.
Si le gouvernement avait voulu positionner le CNCSPAT dans le paysage institutionnel, il aurait agi loin de tout simplisme mystificateur. Au lieu de concevoir une brochure de propagande, il aurait produit un document de politique publique. Au lieu de se livrer à un exercice de communication, il aurait fait de la politique. Comme toujours, il a confondu annonces et réalisations. Comme souvent, il a vanté son idée avant d’en évaluer les contours et la faisabilité. Pourtant, l’expérience du BCPSGE a montré combien une structure pouvait se révéler impotente quand sa mise en place ne résulte pas d’un vrai processus de planification stratégique. Si elle veut se donner une chance de réussite, Rose Christiane Ossouka Raponda doit rompre avec les effets d’annonce.
2 Commentaires
Concrètement la collecte des prébendes
Pour accepter ce qui est dit ici par Roxane BOUENGUIDI il faut être libre intellectuellement, avoir la capacité de s’élever moralement et de reconnaître de manière honnête si ce qui est dit est vrai, même en partie et avoir le courage de rectifier le tir.
Malheureusement je ne pense pas que le niveau des gens comme Madame Rose OSSOUKA et la pratique de la politique au sein du PDG n’autorisent des comportements libres et honnêtes. Toute réflexion ou suggestion qui ne viendrait pas de la secte PDG ne peut être retenue. Comme si les intelligences étaient toutes concentrées dans cette organisation. L’intérêt du pays leur importe peu, ce qui compte c’est de suivre fidèlement ce que le cercle restreint du pouvoir arrête comme « stratégie ». Mais qui composent ce cercle restreint, au regard de l’amateurisme dans lequel naviguent les différents gouvernements on ne peut douter que le cercle restreint ne soit composé que de petites gens sans bagage nécessaire et suffisant à la conduite des affaires publiques. On aura beau changé des premier ministres, le mal est certainement ailleurs et tout le monde, surtout au PDG le sait. L’exemple du coordonnateur des affaires présidentielles en est le plus patent. Quel est le bagage intellectuel de ce jeune homme, quelle est son expérience dans la gestion des affaires administratives du pays, quelle est son expérience politique. A-t-il été ne serait-ce que sommairement préparé à une telle responsabilité. Il s’agit des affaires présidentielles à caractère public, qui concernent l’Etat Gabonais et non les affaires présidentielles à caractère privé, qui concerneraient son père. Ce risque est énorme. Tout le monde au PDG, le voit mais s’en accommode tels des sujets du roi.
La qualité des hommes est au cœur de tout. On peut inventer toute sorte de plans, mais si les hommes qui sont sensés les exécuter sont minables, le résultat est souvent sans surprise.
Faut regarder la question de façon globale et surtout arrêter avec les effets d’annonce. Ce sont les résultats concrets qui pourront changer l’opinion du peuple 2023 venue, malgré que celui-ci sache pertinemment que les passages en force sont monnaie- courante dans notre pays.