En décidant en janvier dernier de procéder à l’ouverture des délégations dans les différentes provinces du pays, l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) semble avoir omis l’essentiel : la mise à disposition de locaux et du nécessaire pour le fonctionnement de ses services dans l’hinterland où ses représentants, y compris ceux nommés en Conseil de ministres, se plaignent d’être privés du strict minimum pour travailler. La structure projette pourtant d’ouvrir des représentations hors du Gabon. Danger en perspective.

Privés du nécessaire pour faire leur travail,  plusieurs délégués provinciaux de l’ANBG broient du noir depuis des mois (image d’illustration). © Freepik

 

Le 19 janvier dernier, l’ANBG avait officiellement lancé son programme d’installation de délégations provinciales à Franceville (Haut-Ogooué). Pour l’occasion, Pr Ruphin Ndjambou avait invité ses représentants et collaborateurs à être des «modèles de dévotion» au service des usagers et à faire preuve de «respect scrupuleux des textes et de la déontologie professionnelle». Seulement, ces exigences se heurtent à la rude réalité à laquelle sont soumis plusieurs de ces collaborateurs. Selon nos informations, des délégués provinciaux de l’ANBG sont difficilement identifiables par les usagers depuis leur installation. La raison en est que certains, si ce n’est la plupart, n’ont pas de bureaux et sont contraints de travailler dans leurs hôtels, appartements ou dans les cybercafés. Pour ceux qui bénéficient d’un cadre de travail plus ou moins appréciable, l’absence d’équipement spécifique est un frein à l’atteinte de leurs missions.

En plus de l’absence de budget de fonctionnement à laquelle ces délégués sont également confrontés, des sources internes ne nient pas les retards, voire le non-versement des salaires dus, y compris pour les promus au Conseil des ministres du 20 mars dernier. Une situation qui toucherait jusqu’aux délégués désignés pour assurer les missions de l’Agence hors du Gabon, notamment en Europe. «On se débrouille à travailler comme on peut malgré tout», confié un des délégués dont le téléphone est devenu son principal outil de travail. Il reconnaît toutefois avoir récemment reçu des garanties de la part de Libreville au sujet de l’amélioration prochaine de leur traitement. En effet, les choses seraient sur le point de changer positivement pour ces délégués. La question du budget de fonctionnement des différentes délégations aurait été prise en compte à la présidence de la République, institution dont dépend l’ANBG. Il serait temps !

Des vérités cachées à Oligui Nguema ?

Nommés il y a plus de cinq mois, des délégués provinciaux et internationaux de l’Agence vivraient donc dans le dénuement et ne parviendraient pas à faire le travail pour lequel ils ont été désignés par le chef de l’État. Celui-ci est-il seulement informé de la situation ? Si oui, pourquoi ne l’évoque-t-il pas lors de ses tournées à l’intérieur du pays ? Ayant plus d’une fois montré sa préoccupation quant à la situation des étudiants boursiers gabonais, comment comprendre que le général Brice Clotaire Oligui Nguema prive depuis si longtemps les délégués de l’ANBG de meilleures conditions de travail ? «Comment faire de la sensibilisation dans des provinces vastes, vérifier ou assurer le paiement des bourses par exemple, sans véhicules ou moyens financiers conséquents ? Le CTRI aurait-il pris la peine de mettre en place une telle structure, sans préalablement la doter de moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission ?» s’interroge un enseignant, par ailleurs parent d’un jeune bachelier.

Ce qui fait dire à certains délégués que le président de la Transition devrait se pencher davantage sur la situation de l’ANBG, en demandant par exemple à visiter les locaux des délégations provinciales et internationales. «Nous ne doutons pas que le directeur général et son équipe font des efforts. Il faut cependant un management très spécifique et plus dynamique pour que cela fonctionne selon les attentes du chef de l’État et celles de nos étudiants. La gestion des bourses au Gabon est un dossier épineux et sensible, qui va jusqu’à entacher la réputation du pays à l’extérieur lorsque cela ne fonctionne pas bien. Or, si les agences internes peinent déjà à démarrer avec les nombreux manquements que l’on connaît, j’imagine bien la difficulté que ce sera pour les représentations à l’étranger, dont plusieurs de celles qui ont été annoncées n’ont pas encore été officiellement ouvertes. Les collègues et leurs familles avec devraient donc connaître les mêmes tracasseries pour ce qui est des logements, des sièges, du transport», a réagi un agent sous le couvert de l’anonymat. Reste donc au CTRI qui entend restaurer la dignité des Gabonais à préserver celles des travailleurs de l’administration publique. Qui plus est, des agents placés sous la tutelle de la présidence de la République.

 
GR
 

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