Covid-19 : Quand le «Coffin Dance» des porteurs ghanéens de cercueils conquiert le monde
Qualifié par les médias occidentaux de «mème» de l’année pour avoir intensément circulé sur la toile mondiale ce trimestre, les «dancing pallbearers», ces Africains portant un cercueil en dansant, sont résolument un phénomène mondial. Selon le «Washington Post», ils sont devenus les porteurs d’un slogan mondial, en pleine pandémie de Coronavirus. Décryptage et origine d’une curieuse tendance.
Ils sont partout sur les réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Twitter, Instagram, TikTok, Likee, etc.) Ils servent à tourner en dérision une situation tout en prévenant du danger de mort y relatif. Les «dancing pallbearers» (porteurs de cercueils qui dansent) et leur «Coffin Dance» (danse du cercueil) ont résolument conquis la planète, le phénomène n’étant pas seulement africain.
Travelin Sister et la mort comme nouveau départ
Coiffés de toques, arborant des lunettes de soleil, des costumes impeccables et des chaussures deux tons vernies, ce groupe de Ghanéens portant un cercueil déroule une incroyable chorégraphie durant les obsèques. Il faut dire qu’en Afrique, singulièrement dans leur pays le Ghana, il y a une vie après la mort selon les croyances ancestrales. La mort y est donc considérée comme un nouveau départ pour la personne décédée. C’est à cet effet que lors des obsèques des danseurs sont conviés, en vue d’accompagner, dans la joie, la personne décédée vers sa nouvelle vie. Une manière d’alléger également la peine émotionnelle des parents et amis du défunt. (Voir vidéo)
Le phénomène serait sans doute resté purement ghanéen si, en 2015, Travelin Sister, une bloggeuse très connue pour le partage de ses voyages, sur les médias sociaux, n’avait pas diffusé les images des funérailles de sa belle-mère au Ghana mettant en scène ces danseurs. Le succès de la vidéo ayant poussé la BBC à réaliser un documentaire sur ces danseurs époustouflants, le phénomène s’est déclenché, se répandant comme une trainée de poudre à travers le monde.
Message mondial de lutte contre le Covid-19
Avec la pandémie du Covid-19, outre le partage sur les réseaux sociaux des informations sur le Coronavirus, la diffusion des «mèmes» a augmenté de manière exponentielle, les gens ayant besoin d’humour en ces moments difficiles et d’incertitude. Le scenario est presque toujours le même : d’abord, des images de quelqu’un d’imprudent, frôlant un accident ou vivant une situation risquée (chute à vélo, baignade dangereuse, plongeon, haltérophilie démesurée, promenade insensée, etc.). Ensuite, apparaissent ces danseurs au cercueil et leurs chorégraphies. En ces temps de pandémie mondiale, ces montages vidéos lancent généralement un message de mise en garde, incitant souvent au respect du confinement : il ne faut pas se mettre en danger et risquer la mort pour rien. «Restez chez vous ou le «Coffin Dance» sera exécuté pour vous».
Les «dancing pallbearers» ont ainsi remplacé «La Faucheuse», image d’Épinal de la mort dans la culture européenne. Si dans la toute première vidéo du genre, la musique d’ambiance était «Sweet Mother» du défunt chanteur nigérian Prince Nico Mbarga, en Occident, la bande-son a été remplacée par la chanson «Astronomia» de Vicentone et Tony Igy.
PME florissante et «Mème» de l’année
Les «Coffin Dancers» ou «dancing pallbearers» sont donc devenus des stars aussi bien au Ghana que dans le reste du monde. Dans le réel, ils appartiennent à une entreprise, Pallbearing & Waiting Services, créée en 2004 par un certain Benjamin Aidoo, un ancien étudiant qui payait ses études en travaillant comme porteur de cercueils. Son idée : «célébrer la vie et répandre la joie lors des cérémonies funéraires». Il emploie aujourd’hui une centaine de personnes à travers le Ghana.
En tout cas, le «Coffin Dance» est en passe de devenir, selon de nombreux sites et journaux occidentaux, le «Mème» de l’année du Covid-19. Ce concept, le mème, désigne, selon le dictionnaire Linternaute, «tout objet, concept ou attitude liée à l’Homme, qui se transmet en s’adaptant par tout moyen de communication. Le terme est utilisé sur internet pour désigner tous les contenus propagés rapidement sur le réseau.»
Qui a dit que les Africains n’étaient pas inventifs ? A l’antipode de la controverse autour du Covid-Organics malgache, le «Coffin Dance» et ses «dancing pallbearers» auront montré un autre visage du continent noir durant la grande pandémie du Covid-19.
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