Covid-19 : Les militaires gabonais snobent-ils la vaccination ?
Comptant parmi les catégories prioritaires de la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19 dans le pays, les militaires gabonais ont été rappelés, le 2 août dernier, à l’obligation de se faire vacciner massivement. Un rappel à l’ordre prouvant un manque de promptitude à l’exécution de l’ordre hiérarchique. Leur attitude s’inspire-t-elle du sort de leurs homologues français non contraints à la vaccination ? Y a-t-il cacophonie entre les indications d’Ali Bongo et ceux de Michael Moussa Adamo ?
Vraisemblablement, les militaires gabonais boudent la campagne de vaccination en cours. En témoigne une note du secrétaire général du ministère de la Défense. Datée du 2 août, le message est adressé au commandant en chef de la Gendarmerie nationale, au chef d’état-major général des forces armées gabonaises (CEMGFA), au commandant en chef de la Garde républicaine (GR), au Directeur général des services de santé militaire (DGSSM) et au Directeur général du génie militaire (DGGM) pour «Pour action». Le message leur demande de «rappeler à l’ensemble de [leurs] personnels, les instructions du ministre de la Défense, selon lesquelles vaccination est obligatoire et qu’ils doivent se faire vacciner massivement.»
Ce message-rappel du ministère de la Défense aux dirigeants des forces de défense ne démontre-t-il pas que les militaires boudent la campagne de vaccination en cours ? Ceux-ci ne s’étonneraient-ils pas de la distorsion entre l’exigence du ministre de la Défense et l’annonce du président de la République, le 22 mars ? Si ce jour-là, un peu après l’arrivée des 100 000 doses de vaccin offert par la Chine, Ali Bongo annonçait que «seront vaccinés en priorité les personnels de santé, les forces de sécurité et de défense, les personnes âgées et les personnes à risque», il avait de même précisé, sinon souligné : «Je tiens à rappeler à tous que le vaccin n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé par les autorités sanitaires nationales et internationales.» Contre toute attente, le 28 mai, au cours de la conférence de presse du gouvernement le ministre de la Défense brandissait la contrainte : «Pour les forces de l’ordre, le choix du vaccin ne se pose pas, il est obligatoire», déclarait Michael Moussa Adamo.
Le 1er juin 2021, quatre jours après l’annonce de Michael Moussa Adamo, le chef d’état-major général des Forces armées gabonaises, le général de division Yves Ditengou, martelait qu’«il appartient à chaque niveau de la hiérarchie de prendre les responsabilités pour amener, à partir de leurs exemples, tous leurs hommes à se faire vacciner». Les militaires ne se sont visiblement pas exécutés.
Sans doute les soldats Gabonais notent-ils qu’en France où les autorités gabonaises copient presque systématiquement leur gestion de la crise de la crise sanitaire, l’armée n’est, à ce jour, pas concernée par l’obligation vaccinale. À l’exception des soldats mobilisés à l’étranger, précisait début mai, la ministre française des Armées, Florence Parly.
Selon l’Amiral Gabriel Mally Hodjoua, secrétaire général du ministère gabonais de la Défense nationale, la contrainte des militaires au vaccin tient de l’objectif d’avoir 50% de la population totale vaccinée. Pourtant, même en faisant vacciner ses 5000 hommes (chiffre du Global Fire Power 2020), le pourcentage ne frémirait que de manière presque imperceptible.
À ce jour le taux de couverture vaccinale complète est de 4%, dont 70% issus de la vaccination des étrangers. Il n’y a donc pas que les militaires qui rechignent à se faire vacciner. (Lire, «Pourquoi les populations sont-elles réfractaires au vaccin ?»
Nombreux parmi les populations pensent que toute cette tergiversation pourrait amener le Gabon à imiter le pass sanitaire obligatoire de Macron. Mais, y a-t-il un trophée, une récompense internationale pour les pays les plus vaccinés à des élixirs si controversés et pour le moment en expérimentation ? En tout cas, après le port du masque, les confinements, les couvre-feux ou la fermeture de nombreux publics tels que les cafés, les restaurants ou les lieux de culte, l’instauration d’une telle obligation constituerait une nouvelle mesure coercitive. Les populations en ont soupé.
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3 Commentaires
Les gars ont compris qu ils ne peuvent se faire harakiri
Et pourtant le boss Ali l’a fait. Où en est la confiance jurée au chef suprême?
Il faut etre idiot pour ne pas savoir que personne ne fait confiance a un voleur, un tricheur, un menteur, un cancre comme Ali Bongo. Il faut être bête pour croire que la confiance ne se mérite pas.