Covid-19 : L’Afrique déjoue-t-elle les pronostics ?
Beaucoup prédisaient une catastrophe avec l’arrivée du Covid-19 en Afrique. Mais pour l’instant, selon les derniers chiffres, établissant la situation épidémiologique à 69 947 cas, 2 410 décès, le continent reste peu touché.
Trois mois après son premier cas de Coronavirus déclaré en Égypte le 14 février, le continent compte, selon le dernier bilan du 13 mai 2020, un peu plus de 70.000 cas, soit 1,6% du total mondial alors qu’il représente 17% de la population mondiale. Le virus y a causé la mort de quelque 2.500 personnes. Un bilan épidémiologique qui semble fausser les prévisions défaitistes des puissances occidentales, mais la prudence reste de mise sur l’évolution d’une pandémie qui pourrait progresser lentement et perdurer.
Pour Bill Gates, le fondateur de Microsoft, dont la fondation s’intéresse de très près à la pandémie, dans une région où les bidonvilles sont surpeuplés et les systèmes de santé, précaires, la maladie pourrait coûter la vie à 10 millions d’Africains, un chiffre impensable. Bienheureusement, le cataclysme redouté paraît plutôt lointain.
Selon certains experts partageant l’optimiste africain toutes précautions gardées «le continent pourrait être épargné par les pires aspects de la pandémie». Cela s’expliquerait estiment-ils par deux hypothèses : la précocité des mesures barrières et la jeunesse de la population.
S’agissant de l’application des mesures barrières, «il y a eu des mesures de confinement prises assez tôt qui ont ralenti la courbe. La plupart des pays ont mis en place ces mesures à peine le premier cas détecté», souligne le responsable Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Brazzaville, Michel Yao, interrogé par l’AFP.
Or, «en France, on a mis 52 jours après le premier cas pour prendre des mesures. Il y avait alors 4.500 cas. En Côte d’Ivoire, 5 jours après le premier cas, on a fermé les écoles et les frontières. Une semaine plus tard, c‘était le couvre-feu», indique le Dr Jean-Marie Milleliri, épidémiologiste et spécialiste de santé publique tropicale à Abidjan, relayé par Africanews.
La jeunesse pour atout
Environ 60% de la population a moins de 25 ans. «L‘âge médian tourne autour de 19 ans. Il y a aussi une espérance de vie plus faible avec moins de personnes âgées. Donc moins de cas, et un virus moins actif», selon le Dr Jean-Marie Milleliri. «De plus, la densité de population est plus faible en Afrique, limitant ainsi la propagation du virus, de même que la faible mobilité des populations africaines par comparaison aux populations occidentales», explique au Cameroun Yap Boum II, épidémiologiste de Médecins sans frontières (MSF).
«En Occident, les plus affectées sont les personnes âgées», rappelle le professeur Omar Sarr, enseignant-chercheur à la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Il ajoute que les personnes âgées sont souvent «porteuses de comorbidités», facteurs de risques aggravants pour le Covid-19.
Toutefois, selon la directrice du Global Health Network au département de médecine Nuffield de l’Université d’Oxford, Trudie Lang, il serait erroné et potentiellement dangereux de tirer des conclusions hâtives. «Il est vraiment important de parvenir à des conclusions fondées sur des preuves tangibles. Il est vital de mener des recherches sur l’évolution de la maladie afin d’aider les gouvernements à mettre en œuvre les stratégies adéquates», a-t-elle déclaré, indiquant que nous devons continuer à prendre des mesures et à faire des tests.
1 Commentaire
C’est surtout les pronostics des média et des pseudo comités scientifiques qui sont déjoués.
Il n’est pas très difficile de montrer qu’en appliquant le même modèle de propagation déjà alarmiste appliqué en Europe (et qui était supposé faire 500000 morts en France) sur l’Afrique avec une pyramide des âges totalement différente on arriverait à un taux de mortalité inférieur à 0.1%.
Quand vous dites qu’au Gabon ce sont les 30-50 ans les plus touchés c’est un biais de raisonnement car ce type de ratio doit se faire par tranche d’age.
Déjà si l’épidémie avait vraiment pris selon les même proportions qu’en Europe, on aurait plus de 15000 cas par jour (soit une centaine de cas détectée par jour ce qui est loin d’être le cas). En supposant même que ce soit le cas au final on aurait moins de 500 morts sur Libreville. Dans la réalité ce modèle ayant montré qu’il est largement alarmiste on peut vraisemblablement diviser ces chiffres par 5 et on sera plus proche de la réalité. La seule chose qu’il y a a faire c’est de maintenir les comportements de distanciation dans le doute et pour éviter un afflux vers les hôpitaux. Mais faut arrêter d’appliquer des raisonnement européens
aux villes africaines car un confinement stricte produira bien plus de morts et de détresse que ce virus au moins en Afrique et on est en train de s’en apercevoir.
Ce qui est certain c’est que les épidémiologistes qui étaient déjà les parents pauvres de la médecine ne sortent pas grandis de cette crise…