Covid-19 : L’Afrique définitivement hors circuit ?
La crise du coronavirus met en exergue les faiblesses structurelles des Etats. Trop de pays africains donnent l’impression de faire des malheurs des Etats-Unis, de la France, de l’Italie ou de l’Espagne, la justification de leurs insuffisances.
L’Afrique est-elle définitivement hors circuit ? Est-elle incapable de faire face aux défis de l’époque ? Apparu en Chine, un virus à la progression fulgurante le laisse penser. Semant la panique, installant la peur du lendemain, le covid-19 met en lumière la faible structuration de nos sociétés. Dans la plupart des pays, les gouvernements peinent à formuler des stratégies endogènes de riposte. Donnant le sentiment de reproduire le schéma européen, ils égrènent des mesures pas toujours conformes à l’avancée de la pandémie ni à la configuration des infrastructures et encore moins à la réalité socio-économique. Pendant ce temps, les populations laissent éclater leur émoi, se demandant comment tout cela va finir.
A l’épreuve du temps
Tout en remettant en cause les discours convenus sur les systèmes de santé, la crise du coronavirus met en exergue les effets pervers de la gouvernance en vigueur depuis bientôt trois décennies. Même si on peine encore à en évaluer l’onde de choc, elle souligne les faiblesses structurelles des Etats. Certes, nulle part au monde, la situation n’est sous contrôle : aux Etats-Unis, en France en Italie et en Espagne, le nombre de victimes ne cesse d’aller crescendo. Mais, trop de pays africains donnent l’impression sinon de se satisfaire des malheurs d’autrui, du moins d’en faire une justification de leurs insuffisances. Incapables d’identifier leurs atouts ou de déceler les opportunités offertes par le déroulement des événements, ils ne parviennent pas à se surpasser. Comme dépassés par les circonstances, certains en arrivent à décréter le confinement général, sans en évaluer la faisabilité et, encore moins, le contrecoup économique ou social.
Dans ce contexte, on ne peut ne pas envisager le pire. Au plan social, les mesures d’accompagnement annoncées çà et là, parfois à l’emporte-pièce, pourraient se heurter à deux écueils majeurs : la mobilisation effective des fonds et, la mise en place de mécanismes de redistribution compatibles à la réalité. Surtout, dans des pays dominés par le secteur informel, où l’urbanisation anarchique a rendu chimérique tout plan d’adressage. Au plan économique, les effets conjugués de la baisse des cours des matières premières et de l’arrêt des investissements étrangers devraient être décuplés par le caractère inabouti de la transformation des structures de production. Au plan politique, le déficit de légitimité ne militera pas en faveur de nombreux régimes. Si des voix dissidentes ne se sont toujours pas fait entendre, cette unanimité aura beaucoup de mal à résister à l’épreuve du temps. Déjà, à mots à peine couverts, certains gouvernements sont accusés de profiter du covid-19 pour limiter l’exercice des droits civils et politiques.
Valeur d’avertissement
Depuis les indépendances, jamais les pays africains n’ont été mis à l’épreuve de façon aussi synchrone. Certains comme les Seychelles, l’Egypte ou l’Afrique du Sud pouvaient prétendre s’être dotés d’infrastructures modernes. D’autres, à l’image de Maurice, de l’Algérie ou de la Tunisie pouvaient affirmer avoir fait des efforts dans le développement humain. A l’instar du Botswana, du Cap-Vert ou du Ghana, il s’en trouvait pour vanter leur gouvernance démocratique. Sans crier gare, le covid-19 est venu mettre en évidence les limites de ces stratégies nationales, mises en œuvre sans vision intégratrice. Autrement dit, il a pointé la nécessité de construire des ensembles sous-régionaux, articulés et fonctionnant aux critères de convergence. Au grand dam des populations et, peut-être, pour le grand malheur de nombreux régimes, les systèmes de santé symbolisent le retard des processus d’intégration. Même si l’Union européenne se révèle impotente en l’espèce, on ne peut se satisfaire de l’atonie de l’Union africaine. En tout cas, son silence traduit un déficit de vision d’ensemble et une absence de démarche prospective.
Reste maintenant à tirer les enseignements d’une telle situation. Reste aussi à anticiper pour mieux envisager l’avenir. Déjà, certains cercles d’influence prédisent une catastrophe politique en Afrique. Eu égard aux accointances de nombreux régimes, ces analyses ont valeur d’avertissement. Au lieu d’imposer des mesures hors sol à des populations déjà éreintées par le quotidien, d’attendre une hypothétique aide extérieure ou de s’accrocher à un vague espoir de vaccin, les gouvernements africains doivent mettre l’imagination au pouvoir. Ils doivent exploiter au mieux la relative jeunesse de leurs populations. Autrement, ce sera la chienlit avec, à la clef, d’incalculables risques politiques.
6 Commentaires
« La crise du coronavirus met en exergue les faiblesses structurelles des Etats. »
Ca pourrait porter à en rire si la situation n’était pas aussi grave. Donc, il aurait fallu le covid 19 pour se rendre compte de tout ça ? Vous êtes sérieux ? Dans ce cas la situation est bien pire qu’on ne le croit. Pauvres de nous.
@Fille. Votre problème est que votre champ de vision se limite à votre Gabon, qui n’est cité nulle part dans l’article. Croyez-vous que Maurice, le Ghana ou l’Afrique du Sud ne pensaient pas être structurés ? Ne croyez-vous pas que les peuples de ces pays découvrent les faiblesses de leurs États ? Ne croyez-vous pas que l’Afrique du Sud réalisé qu’ elle ne peut être un îlot organisé au milieu d’un océan de pagaille ? Ne croyez-vous pas que le Ghana réalisé que ses efforts seront presque vains tant qu’ aucun Togo ce sera le règne de l’incompétence ?
En tout cas, ne comptez pas sur le gouvernement de VOYOUS du Gabon. C’est d’abord leurs poches qui compte.
Il faut que les gabonais en particulier, et les africains en général, comprennent que gouverner une nation c’est SE SACRIFIER. C’est un SACERDOCE que d’occuper une fonction dans un gouvernement.
Quand on devient MINISTRE, on doit se dire ceci: je suis un homme ou une femme sacrifié(e). Et à la fin de son mandat ministériel, cet homme ou cette femme doit être fier(e) d’avoir accompli son travail avec abnégation.
Un président de la république ou un premier ministre ou ministre tout simplement doivent être des personnes qui savent se sacrifier pour la nation sans rien attendre de retour. Ils le font pour le BIEN de leur pays et pour le bien des enfants de ce pays.
Pensez-vous que le régime BONGOISTE s’est sacrifié pour la nation gabonaise depuis plus de 50 ans ? Répondez…
@Fille. Votre problème est que votre champ de vision se limite à votre Gabon, qui n’est cité nulle part dans l’article. Croyez-vous que Maurice, le Ghana ou l’Afrique du Sud ne pensaient pas être structurés ? Ne croyez-vous pas que les peuples de ces pays découvrent les faiblesses de leurs États ? Ne croyez-vous pas que l’Afrique du Sud réalisé qu’ elle ne peut être un îlot organisé au milieu d’un océan de pagaille ? Ne croyez-vous pas que le Ghana réalisé que ses efforts seront presque vains tant qu’ aucun Togo ce sera le règne de l’incompétence ?
L’analyse qui est faite de la situation africaine dans ce document est très pertinente. Je la salue.
Le problème des Africains se résume dans le passage suivant: « Au plan politique, le déficit de légitimité ne militera pas en faveur de nombreux régimes. Si des voix dissidentes ne se sont toujours pas fait entendre, cette unanimité aura beaucoup de mal à résister à l’épreuve du temps ». Dans beaucoup de pays les dirigeants ne sont pas de grandes personnalités avec des aptitudes de visionnaire utiles à toute gouvernance responsable . Beaucoup sont des parvenus, opportunistes arrivés à la tête des pays dans des circonstances influencées par les forces étrangères. En manque de légitimité, ils ont monté des systèmes pour conserver coûte que coute ce butin qu’est le pouvoir. Avec pour outil principal des partis politiques transformés en véritables sectes où la contradiction est proscrite et seule l’allégeance au chef compte. Voilà en substance ce que signifie faire le politique en Afrique. Comment crée-t-on des richesses? Ca c’est pour les autres, les Occidentaux. L’ASIE qui était au sortir de la colonisation au même niveau que l’Afrique est en passe de devenir la région la plus riche du monde. Elle le sera dans les toutes prochaines années. L’Africain noire en manque d’identité passe son temps à mimer l’Occidental, le Blanc, veut lui ressembler. La Franc-maçonnerie ou la Rose-Croix pour lesquels nos Dirigeants incitent les jeunes à intégrer, pour participer à la gestion des affaires publiques a apporté quoi à l’Afrique noire notamment? Rien du tout. C’est pas pour nous ces choses-là, même dans les valeurs universelles il y a les spécificités propres à chacun. Les jeunes y sont conduits pour obtenir des postes, profiter des avantages du pouvoir en acceptant de s’aliéner, de perdre sa personnalité et de se soumettre aux maîtres de pacotille comme guides, souvent moins brillants qu’eux. Le fond du mal c’est ça celui-là. Cette aliénation des Africains qui se poursuit avec le concours de ceux qui sont sensés les guider. les Africains ne croient pas en eux-mêmes, en leur capacité à entrer en compétition avec l’Occident ou le reste du monde. Regardez nos dirigeants où se soignent-ils quand ils sont malades? Combien de présidents chinois, Sud-Coréens Japonais, Thaïlandais, etc . se soignent en Europe quand ils sont malades? Quand SARKOZY s’est permis de venir se moquer des Africains à Dakar en disant qu’ils ne sont pas suffisamment rentrés dans l’Histoire, les gens ont réagi sentimentalement comme d’habitude. Alors qu’il avait raison sur certains plans. La bonne réaction est celle de démontrer à l’Occident et au reste du monde qu’on est capables d’assumer notre destin sur certains plans. Or ça ne se voit pas dans les domaines technologique, scientifique et industriel notamment. Nous ne sommes mêmes capables de fabriquer de simples masques ou de produire de la nivaquine pour tout le continent. Il faut attendre toujours le Blanc. L’INDE qui a aujourd’hui une industrie pharmaceutique semblable à celle des pays occidentaux était au même niveau de développement que l’Afrique au sortir de la Colonisation. Elle est aujourd’hui leader mondial dans les technologies de développement d’applications informatiques, avec ratio d’informaticien/ habitant supérieur à celui de l’Europe. Quel est aujourd’hui l’apport réel de l’Afrique au fonctionnement du monde, de l’Humanité? J’insiste sur le mot Aujourd’hui pour éviter qu’on me parle des pyramides et des Pharaons d’il y a 4000 ans avant JC. Vous voyez bien, plus grand chose du côté de l’Afrique. Nos dirigeants et nos élites de manière générale doivent apprendre à se faire respecter en nous décomplexant, en utilisant la force de notre jeunesse au lieu de se perdre dans des comportements dépassés dont l’issue ne pourrait être que la déchéance à terme de nos micros pays pour le plupart. L’Afrique demeure l’un des rares continent où des présidents ont des règnes de plus 30 ou 40 ans. Est-ce normal dans le monde d’aujourd’hui?
Il est difficile de parler du retard actuel de l’Afrique sans pour autant evoquer l’histoire, sinon on oublierait volontairement une partie des causes explicatives de la situation actuelle. Que serait devenue par exemple l’Amerique (USA) sans l’apport de l’Afrique? Notre continent est martyrise a plusieurs egards. La traite negriere pendant plusieurs siecles a contribue au developement des USA et l’Europe et a appauvrit le continent noir humainement et intellectuellement parlant. Les Etats-Unis, quand bien meme certaines personnes aient du mal a le reconnaitre, se sont construits avec de la main d’oeuvre gratuite noire. La contribution des noirs dans le rayonnement des USA est indeniable dans la science, la technologie, l’education, la culture, le sport, le social, la politique etc… Pour ne citer que les quelques cas suivants: Georges Washington Carver, Charles Drew, Philip Emeagwali, Garrett Morgan, C. J. Walker, Michael Jackson, Mae Jemison, Mary Jackson (NASA), Martin Luther King, Malcom X, Colin Powel, Barack Obama, Jackie Robinson, Mohamed Ali, Arthur Ashe, John Coltrane, Duke Ellington, Miles Davis, les universites noires (HBCU), etc…
Alors de la a venir nous dire que le noir n’est pas encore entre dans l’histoire c’est faire preuve de mauvaise foi. Les Etats-Unis en sont la preuve contemporaine de la contribution des noirs.
Loin de moi l’idee de vouloir excuser nos dirigeants noirs Africains actuels qui sont de vrai complexes face aux occidentaux, car ils sont en partie responsable du retard de l’Afrique dans le concert des nations. Mais il faut egalement reconnaitre de l’autre cote que ce retard est du au fait que le continent soit toujours pris en otage par les forces etrangeres a differentes epoques (traite negriere, colonisation, neo colonialisme, FranceAfrique, …). La Chine constitue devant nous la derniere preuve de la main etrangere qui veut s’accaparer de toutes nos richesses naturellles en echanges des biens en valeur de monnaie de singe.
Donc la solution passe d’adord par une prise de conscience de nos cultures et de notre enorme potentiel economique (resources naturelles).