Ce 18 décembre 2024, le gouvernement a levé le couvre-feu, mesure ayant paralysé la vie quotidienne du pays pendant plus de quatre ans. Conditionnée par l’expression floue «jusqu’à nouvel ordre», la nouvelle mesure relance des interrogations sur l’incertitude qui continue de peser sur le Gabon. La formule ouvre la voie à des espoirs de normalisation tout en laissant planer le spectre d’un retour imminent à la case départ. Est-on vraiment définitivement sorti de l’auberge restrictive ?

Entre joie et scepticisme, la levée du couvre-feu soulève plus de questions qu’elle n’apporte de certitudes. © GabonReview

 

Ce mercredi 18 décembre 2024, le gouvernement a annoncé la levée du couvre-feu sur tout le territoire national gabonais. Dans les quartiers et sur les réseaux sociaux, la décision a été saluée avec un grand enthousiasme par une population lassée de cette mesure contraignante. Il n’en reste pas moins que l’expression «jusqu’à nouvel ordre», dans le communiqué officiel, soulève une série de questions et d’inquiétudes. Cette formule laisse entendre que la levée du couvre-feu, contrairement à ce que souhaitent les Gabonais, pourrait ne pas être définitive et que la décision du jour pourrait être réévaluée à tout moment, plongeant ainsi le pays dans une situation où la stabilité semble encore précaire.

Le flou calendaire qui laisse planer le doute

En comparaison avec l’année dernière, le communiqué n°035 du CTRI avait donné et précisé des dates : du 24 décembre 2023 au 2 janvier 2024. Cette fois, il n’y a pas de date butoir, faisant penser que la levée pourrait être définitive et laissant la porte ouverte à un éventuel retour du couvre-feu. Le flou calendaire entourant la décision de ce 18 décembre souligne l’ambiguïté qui plane sur l’avenir du pays.

Un retour aux mesures restrictives, même partiel, semble donc toujours possible. Et cette perspective inquiète, alors que, plus de quatre ans durant, les Gabonais ont vécu sous l’emprise de ces restrictions, d’abord en raison de la pandémie de Covid-19, puis par des ajustements liés au coup d’État d’août 2023.

L’économie, déjà fragilisé par ces couvre-feux successifs, a payé un lourd tribut. Le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et du night-clubbing, bien que modeste, représente environ 3 à 4 % du PIB et emploie plus de 40 000 personnes à Libreville. Les couvre-feux ont paralysé ces industries et créé des milliers de chômeurs. C’est pourquoi la levée de cette mesure est saluée, mais elle s’accompagne d’un sentiment d’inquiétude pour les opérateurs économiques et les travailleurs. La crainte d’un retour à la case départ restant omniprésente.

Une gestion de crise qui interroge

Comparé à d’autres pays africains ayant vécu des coups d’État, comme le Mali, où le couvre-feu post-coup d’État n’a duré qu’un mois, le Gabon semble faire preuve d’une prudence excessive. Après plus d’un an de régime militaire, la junte au pouvoir semble toujours hésiter à lâcher totalement les rênes. Ce «jusqu’à nouvel ordre» reflète une méfiance envers la stabilité intérieure, amenant à des questions sur la confiance que les autorités militaires accordent à la population.

Cette incertitude fait peser un lourd fardeau sur l’économie nationale. Les acteurs économiques, déjà fragilisés, hésitent à s’engager pleinement dans la relance tant que le spectre du couvre-feu demeure. Ce manque de clarté nuit en tout cas au climat des affaires et à la confiance nécessaire pour le redressement du pays.

Les Gabonais, après tant de souffrances, méritent plus que de l’incertitude. Si cette levée marque un véritable tournant, il est essentiel que les autorités rassurent le pays en offrant un avenir sans retour en arrière. Avec le «Coup de libération» marquant le putsch du 30 août 2023, le Gabon doit se libérer définitivement des chaînes du couvre-feu pour espérer se tourner vers un avenir prospère.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Prince dit :

    C’est simple et simpliste à comprendre GR , le couvre feu est levé temporairement c’est tout

  2. Biswe dit :

    Comment être rassuré lorsque deux jours plus tôt, on rasait des pères et mères de familles et puis Bimmm! fin du couvre-feu. C’est juste inconfortable, cette impression d’in-sérénité, non!

  3. Akoma Mba dit :

    Que voulez-vous dans un pays de bénis oui-oui et de moutons qui disent Oui à tout.
    La nouvelle constitution ne prône -t-elle pas la liberté pour Tous? Force est de constater que nous acceptons qu’on nous gère comme du bétail.

    Dans aucun pays au monde sans guerre civile un Couvre-feu a duré autant.Où est la fameuse société ville? À la Soupe du ventre, bien sûr. On va encore faire comment, n’est-ce pas? Et après, ils s’étonnent que les Activiste s’activent et se réactivent.

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