Couvre-feu au Gabon : l’économie dans le noir, le moral dans les chaussettes
Une ‘’nuit’’ sans fin ! Alors que le Gabon avait goûté à un semblant de liberté pendant les fêtes de fin d’année, l’espoir d’un retour à la normale s’est vite dissipé avec le rétablissement strict du couvre-feu dès le 2 janvier. Une frustration grandissante pour des populations à bout de souffle, tandis que l’économie, notamment celle de la nuit, agonise. Ce, alors même que les déclarations et mouvements des autorités de la transition ne permettent plus de justifier le maintien du couvre-feu, le président de la transition venant justement d’être délesté des charges ministérielles de la Défense et de la Sécurité.
L’opinion nationale et les amis du Gabon avaient pensé que le dégel interviendrait juste après la détente vécue par les populations durant la période des fêtes de fin d’année, quand le régime de couvre-feu avait été mis entre parenthèses jusqu’au 2 janvier écoulé. Que nenni ! le CTRI a plutôt fait le choix de remettre le couvert sur une situation d’exception qui ne fait que trop durer, au grand dam des populations qui aspirent plus que jamais à davantage de libertés, le souvenir des restrictions relatives à la pandémie du Covid-19 étant encore vivace et ayant mis à la peine bien d’affaires et de personnes.
Privations et asphyxie
À l’évidence, les autorités de la transition font la sourde-oreille face aux nombreux appels et signaux de détresse émis au quotidien par des populations pris à la gorge par toutes les restrictions induites par des journées de plus en plus courtes.
Le stress et l’adrénaline sont perceptibles chez la grande majorité à l’approche de l’heure fatidique (minuit), après des journées de canicule intenable, ces dernières semaines et des embouteillages interminables. Sans compter les barrages de contrôles déployés avant l’heure comme pour retarder volontairement ou les racketter quelques billets.
Il est connu de tous que la journée de l’Homme est répartie en trois (3) sessions – à quelques nuances près – de la manière suivante : 8 heures de travail, 8 heures de relâchement et divertissement et 8 heures de sommeil. Une répartition livrée par de sérieuses études scientifiques jamais démenties à ce jour.
Pourtant depuis cinq mois au Gabon, les nuits sont de plus en plus longues, parfois insomniaques, par le fait du raccourcissement du temps des loisirs et de détente également appelé ‘’after work’’, qui participe quoi que l’on dise, de la construction d’un Homme et d’une société équilibrés.
Divertissements et économie de nuit à l’étroit
Pire, tout un pan de l’économie, celui de la nuit notamment (cafés, bars, restaurants, snacks, boîtes de nuit, casinos et autres), se retrouve depuis lors plongé dans le coma. Ce sont en effet des dizaines de milliers d’emplois gelés et d’innombrables familles désormais contraintes à la précarité, au moment où les nouvelles autorités déploient des sommes d’énergies et d’initiatives en vue de la lutte contre le chômage.
En réalité, au-delà de l’économie de nuit, c’est tout le tissu de l’économie nationale qui suffoque par le simple fait de la chaîne de dépendance entre les différents secteurs d’activités. Les unités économiques et industrielles de jour recevant de moins en moins de commandes des clubs de loisirs et de divertissement qui tournent plus que jamais au ralenti.
Une ligne de défense désormais bien fragile
La vague de sympathie ayant suivi le «coup de la libération», sans effusion de sang ni «chasse aux sorcières» le 30 septembre 2023, a servi, et à juste titre, aux nouveaux hommes forts de Libreville d’afficher à la face du monde, l’image d’un Gabon qui vit et respire à pleins poumons.
Si la prudence aurait pu justifier l’instauration d’un régime d’exception durant une courte période, pour de nombreux gabonais, rien, absolument rien ne peut justifier que les libertés demeurent encore autant restreintes par un couvre-feu qui commence à durer une éternité. À moins, pensent certains, que le CTRI n’est réellement pas encore aux commandes. Ce que dément la toute dernière révision de la Chate de la transition avec le délestage du chef du CTRI des charges de ministre de la Défense et de ministre de la Sécurité, marquant ainsi détente et sérénité à ces niveaux.
De plus, aussi paradoxal que cela puisse paraître dans le contexte actuel, les plus hautes autorités de la transition écument les quartiers du Grand Libreville et le pays tout entier, sans aucune entrave et parfois sans dispositif de sécurité visible et ostentatoire. Elles sont à chaque fois, accueillies avec chaleur et enthousiasme par les populations qui se reconnaissent en leurs dirigeants. C’est la preuve, s’il en faut une, que tout le monde et de façon unanime a définitivement décidé de tourner la page. Sauf le CTRI vraisemblablement ?
Aïeul Barack
3 Commentaires
Un peuple doit parler et défendre ses droits. Mais le peuple gabonais a l’habitude du « on va encore faire comment », c’est à dire un peuple qui est comme du bétail qui suit son pasteur
Et ce sont les mêmes qui viennent nous dire qu’ils travaillent pour le bien des
Populations ces Populations qui souffrent de tout, la vie chère l’insécurité, le chômage ect…eux ils n’ont aucun souci leurs fortunes se chiffre en milliards,
La crise du covid n’a t-elle pas sérieusement éduqué sur la dangerosité de cette mesure de couvre feu prolongé sur l’économie gabonaise ? Combien de commerces et d’établissements vont devoir fermer avant de lever cette mesure ? Savez-vous dans quelle précarité vous plongez des centaines de familles gabonaises, gagne-petit et vivant de cette économie de nuit ? La menace fantôme qui oblige à interdire de circuler entre 00h et 05h, quelle est elle vraiment ? Si tout est restauré, gouvernement et institutions, alors laissez nous respirer, vivre et nous battre pour notre survie.