Dans le tumulte des réactions suscitées par l’arrestation de Novelas Overmax, deux voix se distinguent par leur clarté et leur force : celles de Ferel, animateur de «24 Nuances de Slam» sur Gabon 24, et de Farel Mba Ndong, influenceur web. Tous deux décryptent avec acuité une affaire qui dépasse le simple cadre judiciaire pour interroger la liberté d’expression et la responsabilité des institutions au Gabon. Leurs analyses, à la fois percutantes et sans concession, offrent un éclairage précieux sur une mesure jugée disproportionnée par une partie de l’opinion publique.

L’arrestation du lanceur d’alerte Novelas Overmax, sous la transition militaire en cours au Gabon, alimente la chronique, notamment sur les réseaux sociaux où nombreux appellent à sa libération. © GabonReview

 

Superette Casino centre-ville de Libreville, samedi 8 février. Un soudain black-out dû à une coupure d’électricité survient. La lumière est rétablie en moins de 45 secondes. Il n’en fallait pas plus pour que dans la file d’attente devant les caisses, quelqu’un lance : «Voilà : moins d’une minute ! C’est pas l’hôpital général où on attend longtemps pour qu’après on jette en prison celui qui ose en parler». Dans les échanges un nom est cité plusieurs fois : Béatrice Yvette Nguema Edzan, médecin militaire. Général de son grade, elle dirige le Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL), communément appelé Hôpital général. Nombreux l’accusent d’abus d’autorité.

Il y a, en effet, qu’une affaire amenant à s’interroger sur l’équilibre entre liberté d’expression et répression judiciaire sous la transition militaire en cours au Gabon, alimente la chronique, notamment sur les réseaux sociaux :  Novelas Overmax, lanceur d’alerte, est en détention préventive à la prison centrale de Libreville depuis bientôt une semaine. Il est accusé de «diffusion de fausses informations» après avoir signalé l’absence de groupe électrogène au CHUL lors d’une coupure d’électricité. Une bonne partie de l’opinion publique dénonce une mesure jugée excessive et liberticide. Parmi les voix pullulant sur Facebook à ce sujet, celles de Ferel, animateur de l’émission «24 Nuances de Slam» sur Gabon 24, et de Farel Mba Ndong, animateur et influenceur web, résonnent particulièrement fort.

Ferel : « Un groupe électrogène absent est présent par son absence »

Connu pour ses chroniques percutantes et incisives, Ferel recentre le débat sur le fond du problème. Pour lui, la question n’est pas la présence ou l’absence d’un groupe électrogène, mais plutôt l’obscurité qui a régné dans l’hôpital pendant plusieurs minutes. «Un groupe qui ne fait pas son travail est présent de par son absence», explique-t-il, soulignant qu’un hôpital digne de ce nom doit réagir immédiatement en cas de coupure. «S’il y a un groupe, qu’il se fasse entendre, qu’il se fasse sentir», ajoute-t-il, comparant la situation à un «pistolet sans balles» face à un braquage.

Le présentateur de «24 Nuances de Slam» interpelle également les autorités sur leur réaction disproportionnée. «Ce sont les réactions qu’on a lorsqu’on n’aime pas la vérité», affirme-t-il, rappelant que la coupure, bien réelle, aurait pu causer un préjudice grave aux patients. «Vous portez plainte plus vite que vos groupes ne prennent le relais», conclut-il, soulignant une justice plus prompte à réprimer qu’à protéger.

Farel Mba Ndong : «La justice doit arrêter d’être aux ordres»

Même son de cloche, presque, du côté de Farel Mba Ndong.  Le YouTubeur, animateur web et influenceur gabonais dénonce une justice «aux ordres», agissant sans discernement. «On appelle à l’arrêter, ils arrêtent. On dit d’envoyer en prison, ils exécutent. Non», déclare-t-il. Pour lui, le cœur du débat est simple : «Y avait-il du noir à l’hôpital général, oui ou non ?» Il rappelle que la vidéo de Novelas Overmax est un constat, non une invention. «Il a juste fait un constat. Et ce constat était lequel ? L’obscurité à l’hôpital général», insiste-t-il.

L’animateur web pointe également l’incohérence d’un système judiciaire qui emprisonne un lanceur d’alerte tout en laissant en liberté des responsables de détournements de fonds ou de violences. «Ceux qui ont pillé le Gabon aujourd’hui circulent librement, sans être inquiétés», dénonce-t-il. Et de rappeler que la détention de Novelas Overmax viole l’article 14 de la Constitution gabonaise, qui garantit la liberté d’expression. «Il n’a ni insulté, ni créé une rébellion, ni fait de la mauvaise propagande. Il a juste fait un constat», souligne-t-il.

Farel Mba Ndong met également en avant les risques encourus par les patients lors de cette coupure. «Un hôpital ne peut pas rester plus d’une minute dans le noir. Un groupe électrogène, c’est instantané», rappelle-t-il. Pour lui, cette affaire révèle un problème plus profond : «Pourquoi, dans ce pays, lorsqu’une personne dit la vérité, lorsqu’elle critique, elle devient l’ennemi des autorités ?»

Une mesure qui interroge

Les arguments de Ferel et Farel Mba Ndong éveille l’opinion à une réalité bouleversante : la détention de Novelas Overmax semble moins motivée par une infraction pénale que par une volonté de faire taire une voix critique. En invoquant l’article 93 du Code pénal, les autorités gabonaises tentent de justifier leur action, mais elles semblent oublier que la liberté d’expression est un pilier fondamental de toute démocratie. Comme le rappelle Farel Mba Ndong, «la liberté d’expression est un droit fondamental. Or, ici, ce droit a été bafoué».

L’affaire génère par ailleurs un questionnement sur la responsabilité des institutions. Si le CHUL disposait effectivement d’un groupe électrogène, pourquoi n’a-t-il aussitôt pas fonctionné ? Et si la coupure était si brève, pourquoi les autorités réagissent-elles avec autant de fermeté face à une simple dénonciation ? Comme le souligne Ferel, «vous avez donné le fouet pour qu’on vous batte».

Résolument, la détention de Novelas Overmax est perçue par une bonne frange de l’opinion comme une mesure disproportionnée et liberticide. Les arguments de Ferel et Farel Mba Ndong rappellent que la vérité ne devrait jamais être un crime. Les autorités gabonaises gagneraient à écouter ces voix critiques plutôt qu’à les réprimer.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. ACTU dit :

    Les autorités Gabonaises n’ont rien à gagner en gardant ce jeune activiste en détention. Même s’il y a eu maladresse, ce jeune n a fait que dire la vérité, même si cela fait mal de l’entendre .

    ..QU’ ON LE LIBERE …et tout le monde sortira grandi ..et allons a l’essentiel!

  2. ACTU dit :

    La vraie question est comment on fait pour sortir de cette situation moyenâgeuse ou l’eau et l’électricité manquent ?

    Le gouvernement et surtout la SEEG doivent communiquer au moins une fois par mois pour rendre régulièrement compte aux Gabonais de l’avancement de ce dossier  » EAU-ELECTRITE AU GABON

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