Condamnation de B. Laccruche : Respect strict de la loi ou règlement de compte ?
Le 29 octobre dernier, Brice Laccruche n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes. Sévère, sa peine – 5 cinq ans de prison avec une amende cinq millions de francs CFA- a des allures de règlement de compte ou d’une justice à la carte, au regard des largesses accordées à d’autres justiciables poursuivis pour des faits similaires : Magloire Gambia, Noël Mboumba, Ismaël Ondias Souna…
Au Gabon, la justice ne lésine pas face aux fraudeurs de la République. Brice Laccruche Alihanga l’a appris à ses dépens le 29 octobre dernier. Alors qu’il a reconnu les faits qui lui étaient reprochés – obtention frauduleuse d’un document administratif -, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo a écopé d’une peine maximale de cinq ans de prison ferme assortie d’une amende de cinq millions de francs CFA.
Lors de sa comparution l’intéressé a expliqué que son «père» qui l’a «totalement élevé se nommait Laccruche Alihanga et non Fargeon», supposé être son géniteur. Si la peine prononcée par les juges est conforme à la loi, elle suscite tout de même certaines interrogations. Au sein de l’opinion, nombreux sont ceux qui la trouvent sévère à l’endroit d’une personnalité ayant servi la République, certes avec des ratés comme beaucoup d’autres.
Selon Arnaud Tchombo, journaliste au mensuel La Nouvelle République, cette peine est «inquiétante pour les droits de l’homme Gabon. Comment peut-on infliger une telle peine à un citoyen ayant déjà purgé près de deux ans en détention et qui a reconnu les faits en expliquant n’avoir pas, manifestement, bénéficié de bons conseils, puisque ce sont des magistrats qui lui ont indiqué la démarche à suivre pour restituer en droit et dans son état civil une situation qu’il vivait en fait».
Pour un membre de la société civile, défenseur des droits de l’homme, interrogé sur l’affaire, la peine infligée à l’ancien bras droit d’Ali Bongo est «très sévère, vu que c’est une situation que Laccruche n’a pas forcement voulue. De surcroit il n’est pas exclu de voir dans la société gabonaise des enfants porter le nom d’un oncle ou d’une tante et quand certaines grandes familles gabonaises ont vu leur état civil évoluer du point de vue de la filiation».
Une condamnation aux allures de règlement de compte
Du point de vue de la loi, la peine infligée au fondateur de l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev) ne souffre d’aucune contestation. C’est la peine maximale prévue par les dispositions du Code pénal. Il reste que pour une certaine opinion, ce verdict n’est rien d’autre qu’un «règlement de comptes».
Un avocat au barreau du Gabon regrette la peine est «exceptionnellement disproportionnée», d’autant que le «mensonge n’a permis aucun privilège à Laccruche ni lésé qui ce soit, vu que le père Laccruche lui-même a revendiqué sa paternité au nom de la coutume obamba». Et le même avocat de poursuivre : «il est curieux la justice soit clémente pour les crimes de sang où l’opinion assiste avec stupéfaction des sursis prononcés lors des verdicts, mais ne considère pas que dans le cas de Laccruche il n’existe aucune circonstance atténuante ».
Justice à deux vitesses
Il y a quelques années, le gouvernement de la République a fait de la lutte contre la corruption et les détournements des deniers publics son cheval de bataille. Cette action a été marquée par le lancement entre autres, de l’opération Mamba ayant débouché sur l’arrestation des plusieurs hauts dignitaires accusés d’avoir détourné des fonds publics. Seulement, à y voir de près aujourd’hui, plusieurs de ces cadres bien qu’ayant été clairement reconnus coupables, ont pour la plupart, recouvré leur liberté, en dépit de la gravité des faits dont ils étaient accusés. A titre d’exemple, le cas de Magloire Gambie qui, bien qu’accusé de détournements massifs de plusieurs milliards de francs CFA a recouvré sa liberté après trois ans de détention et une transaction pénale.
Plusieurs mois après Magloire Gambia, l’opinion était médusée de ce que Ismaël Ondias Souna arrêté lors de l’opération Scorpion pour détournement de 60 millions de francs CFA, n’ait écoper que de dix ans de prison avec sursis. Le plus curieux parmi tous les exemples est celui de Noël Mboumba, arrêté également dans le cadre de l’opération Scorpion. Bien qu’ayant reconnu publiquement avoir détourné plusieurs milliards de francs CFA, l’ancien ministre du Pétrole a recouvré sa liberté sans avoir comparu devant un juge. Plus grave, Noël Mboumba a regagné sans sourciller le Parti démocratique gabonais et mène ses activités politiques sans être inquiété.
Tous ces exemples constituent pour les fidèles de Laccruche Alihanga, du «deux poids deux mesures». D’autant plus que selon eux, la condamnation de l’ancien collaborateur d’Ali Bongo intervient 10 mois après que le Groupe de travail de l’Onu avait demandé sa mise en liberté immédiate après avoir jugé sa détention arbitraire. Tout ce feuilleton donne matière à s’interroger sur la partialité réelle de la justice gabonaise.
5 Commentaires
Ou sont les magistrats qui avaient signe le document?Ont-il mené une enquête avant de signer?En tout cas!!!!
@ Belossi
Voilà une question très pertinente.
Dans ce pays on ne jouit d’aucun avantage de l’état social et on est soumis à tous les hasards de l’état sauvage.
Moi qui ai le mal du pays, ce genre de situation n’est pas cependant pour précipiter mon retour.
Les politiciens de tous BORDS de notre pays (députés et sénateurs surtout) ne savent-ils pas qu’ils sont UNE FORCE pour faire TRÉBUCHER DÉFINITIVEMENT ce régime POURRI des Bongo-Valentin adoubé par la nébuleuse Françafrique ? A eux d’agir VITE pour libérer le pays.
Nous savons tous que les décisions de justice au Gabon viennent de la présidence de la république tant que vous êtes avec eux vous pouvez commettre autant de crime que vous voulez sans être inquiété.