Favoritisme ou simple paresse ? Au moment où se tiennent les harmonisations dans le cadre des corrections du BEPC, des soupçons pèsent sur les encadreurs pédagogiques du ministère de l’Éducation nationale après la découverte que l’épreuve de français de la session 2024 a été identique à celle proposée lors du BEPC blanc dans un établissement confessionnel  de Libreville en mars dernier.

Au Gabon, les inspecteurs et conseillers pédagogiques entre soupçons de favoritisme et de paresse. © GabonReview

 

«À quoi servent finalement les inspecteurs et conseillers pédagogiques ? Qu’attend donc le ministère de l’Éducation nationale pour arrêter ça ?» s’interroge, furieux, un enseignant ayant requis l’anonymat tenant à la main l’épreuve d’étude de texte proposée mardi 21 mai aux candidats du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) sur toute l’étendue du territoire national. Comme d’autres, il vient de découvrir qu’il s’agit de la même épreuve de français proposée aux élèves du lycée de l’Alliance chrétienne Jérémie Bakoukou-Ba-Mouidy de Libreville lors du BEPC blanc, en mars dernier. Pour lui, il s’agit indéniablement de favoritisme. «Quelqu’un ou un groupe de personnes au Ministère s’est arrangé à donner un sacré avantage aux candidats de cet établissement. Les coupables doivent être sanctionnés, voire traduits en justice», décrète-t-il.

Moins sentencieux, certains de ses collègues estiment pour leur part qu’il s’agirait plutôt d’une preuve de «la paresse» qui caractériserait les encadreurs pédagogiques chargés de la validation des sujets des épreuves aux différents examens scolaires au Gabon. «Il semble que les responsables pédagogiques soient entrés dans une sorte de garage de la réflexion et de la production. Ils sont désormais abonnés au recyclage et au réchauffé des examens blancs qu’ils se contentent de compiler pour en extraire un sujet avant de le proposer aux examens officiels. C’est grave ! S’ils sont fatigués de réfléchir à la conception des épreuves, qu’ils se fassent remplacer», estime un jeune professeur d’anglais dans un lycée public en province, joint par téléphone.

Risque sur la crédibilité du système éducatif 

Partagés entre les accusations de favoritisme et de manque de motivation chez les concepteurs d’épreuves écrites aux examens nationaux, tous les profs se rejoignent néanmoins sur leur crainte liée à l’absence de crédibilité que ces comportements font peser sur le système éducatif gabonais. D’autant plus que, rappellent-ils, les inspecteurs et conseillers pédagogiques sont tenus de proposer des épreuves inédites et à la hauteur des attentes en matière de niveau des élèves. Or, de l’avis de plusieurs enseignants, les sujets soumis ces dernières années sont en deçà du niveau évalué. «En proposant des épreuves de plus en plus faciles relevant parfois du niveau des classes inférieures, on croit aider cette jeunesse, mais c’est plutôt le contraire que l’on fait puisque cela les rattrapera tôt ou tard», prévient une ancienne examinatrice pour qui «ces concepteurs et valideurs des sujets d’examens nationaux deviennent un danger pour l’école gabonaise».

Dès lors, le ministère de l’Éducation nationale est vivement appelé à revoir la composition et le fonctionnement de la cellule chargée de la conception des épreuves des examens. Certains membres sont d’ailleurs soupçonnés d’informer à l’avance des structures privées de préparation aux examens des sujets qui seront proposés. Ces dernières années plusieurs candidats passés par ces structures ont avoué avoir déjà traité certaines épreuves en travaux dirigés, ces fameux «TD» des prépas Bac/BEPC dans les établissements privés de renom. 

 
GR
 

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