Comparution de Kelly Obiang et Cie en civil : coupables avant d’avoir été jugés ?

Comme lors de l’ouverture du procès vendredi, le lieutenant Kelly Obiang et ses coaccusés soupçonnés d’avoir tenté de renverser le pouvoir en janvier 2019 comparaissent ce lundi 21 juin devant la Cour spéciale militaire sans leurs uniformes, comme des civils. Les putschistes présumés semblent déjà avoir été condamnés avant leur passage devant les juges.

Kelly Ondo Obiang et compagnies sont jugés, en civil, devant la Cour spéciale militaire. © D.R.
Le lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses 8 coaccusés auraient-ils déjà été condamnés pour le putsch manqué du 7 janvier 2019 ? Si sur le papier les 9 militaires et gendarmes bénéficient encore de la présomption d’innocence, dans les faits, leur traitement devant la Cour spéciale militaire montre le contraire.
Fait marquant lors de l’ouverture du procès le vendredi 18 juin : le jeune lieutenant de la Garde républicaine et ses coaccusés n’arboraient pas leurs uniformes comme cela aurait dû être le cas, conformément à la loi. Les observations de leurs avocats n’y ont rien fait. Ce lundi, jour de la reprise du procès, les 9 accusés comparaissent à nouveau en civil, comme s’ils avaient déjà été officiellement radiés des effectifs militaires du pays.
«Ils sont militaires, jugés par une cour militaire composée par des militaires en uniforme, pour des infractions militaires ; tout ceci conformément au Code des juridictions militaires», s’offusque un juriste qui dit suivre de près l’affaire, bien que condamnant l’initiative du lieutenant de 23 ans.
Au Gabon, on est donc bien loin de la célèbre affaire Dreyfus du nom du capitaine français accusé de trahison. Si le soldat Alfred Dreyfus avait comparu en uniforme, ce n’est que lorsqu’il avait été condamné en 1894 que ses attributs militaires lui avaient été retirés. Il a finalement été innocenté.
Kelly Ondo Obiang, Estimé Bidima Manongo, Dimitri Nze Minko, Ben Mvoumbi Wora, Paul Sabibi Ibinga, Gilles Yoka, Guy Roger Mintsa Mi Ona, Armel Adana et Ralem Abel Ango encourent la réclusion criminelle à perpétuité et une amende de 100 millions de francs CFA.
Ce lundi, avocat des accusés, Me Jean-Paul Moumbembé a soulevé l’inconstitutionnalité de l’article 451 du Code de procédure pénale selon lequel «le pourvoi n’est pas suspensif». Article sur lequel le président de la Cour s’est appuyé vendredi pour rejeter les exceptions soulevées par Me Anges Kevin Nzigou, autre avocat de la défense.

2 Commentaires
Cela aussi fait partie du scénario de la série « Made in Gabon ».
Gabon où vas tu avec autant d amateurisme et de déni de droit ? C est avec ça que vous allez développer le pays et le faire rentrer dans le Commonwealth ? Commencez par respecter les droits humains la démocratie et la justice . La communauté internationale vous observe