Prévue le 9 janvier à Libreville au siège de la télévision nationale, l’assemblée générale du Syndicat des professionnels la communication (Syprocom) a été interdite par les forces de l’ordre.

Des agents du Syprocom, pourtant en service à la maison Georges Rawiri, ont été interdits d’entrer dans leur lieu de service. © D.R.

 

Arrivés en grand nombre pour assister à leur assemblée générale, le 9 janvier à Libreville au siège de Gabon Télévision, les membres du Syndicat des professionnels de la communication (Syprocom) n’ont pu mener leur activité. Les agents ont purement et simplement été interdits d’accès au lieu de leur assemblée générale.

Une décision ayant provoqué l’ire des concernés qui ne savent à quel saint se vouer, s’ils ne peuvent «tenir une simple réunion syndicale statutaire pour défendre leurs intérêts». Face à cet obstacle, le principal problème devant être évoqué par les syndicalistes au cours de cette réunion : le casting des agents pour les chaînes du groupe Gabon Télévisions, s’est retrouvé en débat dans les coins de rue.

Ce «casting» qui enfume l’horizon de l’audiovisuel public est une démarche initiée par le ministère de la Communication pour répondre aux attentes des téléspectateurs, en termes de qualité des productions à diffuser.

Si l’idée n’est pas mauvaise, c’est sa mise en œuvre qui pose problème. Beaucoup estiment c’est un casting à tête chercheuse et les personnes ressources qui composent son comité d’évaluation sont loin de faire l’unanimité dans la profession. «C’est un comité de copains ! » fulmine un agent.

Pour l’un des membres du Syprocom, «la note signée par Alex Lewoubi Ledendji s’adressait, au départ, à ceux qui manifestaient un intérêt pour le casting». «Il n’y avait donc pas d’engouement. Et pour nous qui sommes de la maison, ce casting ne se justifiait pas», a déclaré ce syndicaliste sous couvert de l’anonymat. Ce dernier a également dit ne pas comprendre pourquoi il se retrouve affecté à l’administration centrale alors qu’il est technicien de formation.

Pour beaucoup d’observateurs, l’affaire est devenue un «pugilat» entre les agents qui ne se sont pas pliés à ce casting, l’administration de Gabon Télévisions et le département ministériel en charge de la Communication. «A la limite, ce sont les personnes devant présenter des émissions ou les journaux qui auraient pu participer à ce casting. On a toujours fait des appels à casting, mais ce n’est pas de la sorte», a fustigé un autre syndicaliste.

A la lumière des statuts de Gabon Télévisions, qui jouit ailleurs d’une autonomie de gestion, «le casting n’est pas statutaire». Pire, le Syprocom est d’avis que le ministère de la Communication, en tant que tutelle, n’avait pas à s’ingérer dans la gestion directe du média public. D’autant qu’il a un Conseil d’administration qui prend des décisions. «Le rôle du ministère n’est pas d’organiser des castings», a martelé une syndicaliste. Celle-ci s’est insurgée  contre le fait que ceux qui ne se sont pas pliés à cette exigence, ont été affectés à d’autres administrations. Il s’agit des affectations disciplinaires.

Dans le même élan, les membres de Syprocom ont dénoncé la décision de la direction de Gabon Télévisions mettant directement ces agents en chômage. «Pourquoi nous mettent-ils au chômage» se sont-ils interrogés, promettant de résoudre cette affaire devant les tribunaux. Autre élément de discorde, la qualité et la capacité du panel constitué pour diriger ce casting. «Que viennent faire Fanny Ella Assa, Angèle Asselé, Melchy Obiang, Roger Mebang Me Nzé (PCA de Radio Gabon) dans ce casting ?», essayait également de comprendre un autre agent pour qui, «ces personnes n’ont pas forcément l’étoffe requise pour diriger ce type d’opérations».

Dans ce contexte, les agents du Syprocom doutent de la volonté du ministère de la Communication de mener des réformes appropriées pour atteindre l’objectif escompté : une production de qualité. «Y a-t-il véritablement volonté de réformer les choses telles que le clament les responsables de la tutelle ? Pourquoi des jeunes diplômés sortis des écoles, il y a moins de cinq ans, sont-ils affectés dans l’administration au motif qu’ils n’ont pas fait de casting ?», s’est interrogé un membre du Syprocom. Ce dernier note que pour des réformes idoines, il aurait été souhaitable que chaque station provinciale ait une équipe assortie d’un cahier de charges. Or «là, on fait du pilotage à vue et du copinage», a-t-il assené.

Au regard ce climat délétère au sein de ce groupe de médias publics, la nécessaire réorganisation de la ressource humaine, l’amélioration des programmes et la qualité des services dus aux téléspectateurs risquent de passer à la trappe.

 
GR
 

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