Ce mercredi 5 juin à Libreville, le Regroupement des musulmans pour l’éducation et le développement (Remede) a dit prendre acte de la scission de la communauté musulmane du Gabon. Dans le sillage de la crise qui secoue cette communauté dans le pays, le Remede a dit devenir «l’outil de gestion de la communauté religieuse» et s’engage à œuvrer pour un retour aux fondamentaux dans ce pays laïc.

L’imam Moslim Mouissi Mouissi (en blanc) lisant la communication du Remede, le 5 juin 2024. GabonReview

 

Au Gabon, la communauté musulmane devrait désormais être représentée par deux organes toutes deux fondées conformément à la loi 35/62 régissant les associations dans le pays. Dans le sillage de la crise qui secoue cette communauté depuis l’arrivée au pouvoir des militaires, une partie de cette communauté réunie au sein du Regroupement des musulmans pour l’éducation et le développement (Remede), a dit ce mercredi 5 juin, œuvrer pour un «retour au fondamentaux». Ce, dans un contexte où l’islam était présenté comme le symbole du pouvoir dans un pays où, bien qu’étant laïc, le chef de cette communauté religieuse était «paradoxalement» le chef de l’État.

Retour aux fondamentaux

Considérant que le Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG) a imposé la scission de cette communauté en organisant «un mini congrès dit sixième congrès», le Remede a dit prendre «officiellement acte de cette scission». « À cet effet, l’iman Benyamin Andjoua Obolo est Amir et président du Remede», a déclaré en qualité de porte-parole du Remede le 5 juin, l’imam de Mouila, Moslim Mouissi Mouissi. «Cette association devient l’outil de gestion de la communauté religieuse», a fait savoir l’imam. Dans sa démarche et à l’instar du CSAIG, le Remede se positionne comme l’interface entre la communauté musulmane du Gabon et les pouvoirs publics.

Mieux, ce regroupement estime que les affaires des communautés religieuses ne doivent pas être administrées par des politiques, mais par «l’élite religieuse» dont les imams et théologiens gabonais. «On nous a fait croire que les musulmans devaient se regrouper autour d’une seule association. On a décidé de revenir sur les fondamentaux. Qu’ils ne prétendent pas que le CSAIG est le seul représentant de la communauté musulmane», ont commenté les imams et théologiens réunis au sein du Remede. Cette association ne reconnaît pour ainsi dire, pas la qualité de chef de la communauté musulmane du Gabon à Abdur-Razzaq Guy Kabongo qui aurait été désigné par le président de la Transition.

Quelques imams présents, le 5 juin 2024. © GabonReview

«Ne touchez pas aux mosquées que vous n’avez pas construites»

«On a dit au CSAIG prenez tout l’argent, prenez les écoles (…) Ne touchez pas aux mosquées que vous n’avez pas construites», ont commenté ces frères musulmans annonçant que le Remede se réserve le droit d’administrer les différents lieux de culte identifiés par ses soins. Le Remede a motivé sa décision par différentes considérations, dont le caractère clivant de la désignation des représentants de la communauté musulmane au Dialogue national inclusif (DNI) où il n’y avait pour ainsi dire, pas des imams issus du consensus qui avait adoubé l’imam Andjoua ; le fait que le CSAIG sortant n’a construit aucune mosquée et ne détient aucun titre foncier en matière des lieux de culte.

Le fait que les imams, cadres et fidèles religieux musulmans ont épuisé toutes «les voies de recours pacifiques pour faire entendre raison sur le respect de la norme religieuse en matière de gouvernance dans État laïc et démocratique» ; le fait qu’une poignée de fidèles musulmans fasse usage de la force pour être à la tête de la communauté musulmane refusant par ailleurs de mettre en place un bureau inclusif et responsable sous la tutelle d’un seul chef religieux rompu à la tâche montrant de ce fait sa volonté d’imposer la scission. «Fort de ce qui précède, la communauté musulmane met en garde contre les éventuels troubles qui pourraient découler de la gestion de l’un de ses fidèles qui s’est imposé sans expérience religieuse à la tête de celle-ci», a déclaré l’imam Moslim Mouissi Mouissi.

 
GR
 

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