Divisée dans la foulée de la déchéance d’Ali Bongo, par ailleurs raïs, la Communauté musulmane du Gabon (CMG) se rassemble à nouveau. Des imams et théologiens qui brandissaient le consensus autour de l’imam Benyamin Andjoua Obolo désigné président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG) et chef de la CMG ont dit, dimanche 28 janvier, avoir choisi de se réconcilier avec les autres frères. Ils reconnaissent être allés à l’encontre des principes islamiques et de la Charte qui régit la CMG.

L’imam Ismaël Mouango (au centre) lisant la déclaration de réconciliation. © Gabonreview

 

Des théologiens, imams, fidèles en général qui, dans la foulée de la déchéance d’Ali Bongo avaient nommé l’imam Benyamin Andjoua Obolo comme président du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG) et chef de la Communauté musulmane du Gabon (CMG), se sont ravisés. Quatre mois après des divergences et incompréhensions, ils ont choisi de revenir au sein du CSAIG. «Notre action initiale, qui visait à désigner unilatéralement un président pour le CSAIG, a été motivée par un désir sincère de servir notre communauté et d’agir selon ce que nous considérions alors comme étant conforme aux principes islamiques», a expliqué le 28 janvier, l’imam Ismaël Mouango, le porte-parole des anciens dissidents.

Quatre leçons apprises

S’ils disent avoir interprété le consensus des savants comme justification pour leur démarche, ils reconnaissent que cette approche initiale était inadéquate, inadaptée et ne reflétait pas pleinement les enseignements de la foi musulmane confrontée à la réalité présente du Gabon, un pays laïc. Alors que cette période de dissidence et de divergence a été marquée par certains événements, dont l’interdiction faite à l’imam Benyamin Andjoua Obolo de se prévaloir de la qualité du CSAIG, ces musulmans disent avoir compris quatre choses. La première, «que la désignation du responsable d’une communauté en Islam ne doit pas être limitée à un groupe réduit de personnes, mais devrait plutôt émaner d’une consultation plus large (shûrâ)».

La deuxième, «que la fitna (discorde) au sein de la communauté est un danger plus grave encore, condamné par l’Islam» ; la troisième, «la violation des dispositions de la Charte du CSAIG, notamment les articles 14 et 20, alinéa 2». La quatrième, a indiqué l’imam Ismaël Mouango que «la décision du tribunal de première instance de Libreville, qui a qualifié de trouble à l’activité du CSAIG. la désignation de l’imam Benyamin Andjoua Obolo comme président et interdit à ce dernier de se prévaloir de cette qualité, a également joué un rôle déterminant dans notre réflexion». «Cette décision judiciaire a mis en évidence les conséquences légales de nos actions et a renforcé notre compréhension de l’importance de l’ordre et de la légalité dans la gestion des affaires de notre communauté», a-t-il ajouté.

Photo de famille avec des anciens dissidents et quelques musulmans lors de la déclaration du 28 janvier 2024 à la mosquée Hassan II de 17Libreville. © Gabonreview

Participer au congrès pour mieux aller de l’avant

Il rappelle qu’en islam, la justice et le respect de la loi sont des valeurs centrales. «Notre intention initiale, bien qu’honorable, a mené à des actions qui ont perturbé la sérénité et l’ordre au sein de notre communauté, ce qui va à l’encontre des enseignements de l’Islam sur la justice et le respect de l’ordre établi», a déclaré le porte-parole. «Notre retour au sein du CSAIG est donc un acte de réconciliation et d’engagement renouvelé envers l’unité de notre communauté», a-t-il affirmé. Lui et les siens admettent qu’en tant qu’institution, le CSAIG joue «un rôle vital dans la régulation des affaires islamiques au Gabon et doit être soutenu dans ses efforts pour servir au mieux les intérêts de tous les musulmans du Gabon».

Disant avoir réévalué leurs actions à la lumière des principes islamiques, du respect de la Charte et de la décision de justice, ils implorent la miséricorde et le pardon d’Allah pour les erreurs commises et s’engagent à travailler avec diligence et intégrité pour le bien de la CMG. «Nous espérons que notre démarche encouragera la réconciliation, l’unité, et la paix au sein de notre communauté, dans le respect des enseignements de notre foi et des lois de notre pays», a dit Ismaël Mouango invitant les musulmans à participer au congrès extraordinaire. «Une occasion cruciale pour décider ensemble, conformément aux principes islamiques de la shûrâ, de l’avenir de notre communauté», a-t-il déclaré.

 
GR
 

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