Face aux accusations portées par les syndicalistes, ravivées par le groupe Ebomaf invoquant des lenteurs dans la matérialisation du contrat avec ce groupe, le directeur général de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), le Contre-amiral Alain Jérôme Mounguet Ingoulé, s’est entretenu, le 29 novembre, avec le collège des délégués syndicaux et du personnel. Il a remis les pendules à l’heure

Pancarte des agents de la CNNII lors de la grève pour réclamer leurs arriérés de salaire. © D.R.

 

Arrivé en octobre 2023 à la tête du top management de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), l’actuel directeur général de cette entreprise paraétatique est tombé sur la situation précaire de la structure : absence d’assurance CNSS et de CNAMGS, 17 mois d’arriérés de salaire, paiement par palier et absence de bulletin de salaire. Depuis lors, il tente de ramener la sérénité au sein de l’entité. La démarche a été confortée par une convention de concession signée avec le groupe Ebomaf. Plusieurs pesanteurs subsistent cependant et les agents «visiblement mal informés voire manipulés» accusent. À l’occasion d’une rencontre, le 29 novembre, le Contre-amiral Alain Jérôme Mounguet Igoulé, a livré, sans langue de bois, «sa part de vérité sur la matérialisation de cette concession».

«Il s’essaie au Gabon sur quelque chose qu’il ne maitrise pas : la mer»

Les employés de la CNNII ont, en effet, récemment mené un mouvement de grève visant à interpeller la hiérarchie sur le non-paiement de leurs 17 mois d’arriérés de salaire. Au-delà et faisant fi de toutes les recommandations, explications, démarches et appels à la retenue de leur administration générale, ils ont rencontré le Président directeur général (PDG) du groupe Ebomaf, concessionnaire de la CNNII. S’en est suivie une Assemblée générale des délégués syndicaux et du personnel, le 27 novembre. On note, du procès-verbal, que «le concessionnaire a pris toutes les dispositions pour une mise en route rapide de ladite concession, mais constate malheureusement plusieurs lenteurs émanant de la direction générale de la CNNII et du ministère des Transports». Une affirmation «peu conforme à la réalité», récusent d’autres sources de la Compagnie.

Les syndicalistes ont en outre fait injonction à leur directeur général d’organiser, «sous huitaine», une rencontre entre le PDG d’Ebomaf, leur direction générale, le ministre des Transports et l’ensemble du personnel «afin que ce partenariat prenne réellement effet…». Ils ont exigé également «le règlement intégral des dix-sept mois d’arriérés de salaire sous huitaine…». Faute de quoi, ils allaient renouveler leur grève. Là aussi, à la CNNII, on déplore une «démarche cavalière» frisant «l’insubordination voire une faute professionnelle».

Par rapport à ce qui précède, le directeur général de la CNNII et encore moins sa tutelle, ne se reconnaissent dans une quelconque entrave à la mise en œuvre de ladite convention. Soupçonnant quelques manipulations, le contre-amiral Alain Jérôme Mounguet fait observer qu’«il y a dans ce partenariat des problèmes». Reconnaissant les compétences de ce groupe dans le secteur des BTP, il souligne fort que le groupe Ebomaf «s’essaie au Gabon sur quelque chose qu’il ne maitrise pas : la mer».

«On ne peut rien faire sans navire, parce que le navire c’est notre outil de travail»

Et de rappeler que son action à la direction générale est basée sur la feuille de route définie par la tutelle, sur instructions du président de la République. Dès lors, à son arrivée à la tête de cette entité, il s’est attelé à régulariser la mensualité des salaires, mais aussi à les revaloriser, de même que la ressource humaine. Alain Jérôme Mounguet a également fait cesser certains contrats inopportuns, à l’exemple de la location, à 800 milles francs CFA par mois, d’un véhicule. Mais sans navires, soutient-il, «on ne peut rien faire, parce que le navire c’est notre outil de travail».

C’est dans ce sens que le président de la Transition a trouvé le groupe Ebomaf. «Un partenaire stratégique, indéniable pour le Gabon», a rappelé le Contre-amiral. «Son domaine de prédilection, c’est le BTP. Les routes, les immeubles, les ponts ; il sait le faire», rappelle-t-il, avant de relever que «cette concession a du mal à être mise en exécution aujourd’hui» alors qu’elle stipule qu’Ebomaf achète les bateaux et le matériel technique pour la CNNII. À ce jour, les bateaux ont effectivement été achetés, mais par «des mains moins expertes» en la matière. Conséquence : en dehors d’un seul choisi par les soins de la Compagnie, les autres sont inappropriés pour une exploitation immédiate.

Besoin de 6 milliards de francs CFA pour tout régler

«Un seul bateau est exploitable dès son arrivée ici. Or pour les plus gros, il faut que nos personnels se réadaptent. Il faut un certain nombre de choses», a indiqué le directeur général, précisant avoir suggéré de changer ces navires, en vain. «À qui donc la faute si les choses se sont faites sans les représentants de la CNNII ?», questionne-t-il.

Concernant les titres fonciers, il reconnait également qu’ils n’ont pas pu trouver des espaces constructibles pour permettre à Ebomaf d’ériger un certain nombre d’infrastructures. «On a été incapables de donner au PDG d’Ebomaf des titres fonciers. Mais, ces titres fonciers ne dépendent pas de ma petite compétence, ainsi que de celle du ministre», a-t-il déclaré, ajoutant que «dans la concession, Ebomaf prévoyait 8 milliards de francs CFA pour régler tous les problèmes de la CNNII». Le PDG souhaite désormais plutôt choisir les charges à régler au détriment des autres. Et pourtant, précise-t-on, il s’agit d’un tout.

Entre temps, la CNNII a globalement besoin de 6 milliards de francs CFA pour tout régler. «Pourquoi les arriérés de salaires ne sont-ils donc pas encore payés alors qu’il y a cet argent?», a-t-il questionné, faisant constater le débauchage d’au moins une dizaine d’employés de la CNNI pour une autre société nouvellement créée. On apprend d’ailleurs qu’Ebomaf a déjà mis en place «la Panafricaine de logistique» pouvant concurrencer la CNNII. D’où le désir, de plus en plus manifeste, du PDG d’Ebomaf d’opérer une séparation à l’amiable.

Pour leur part, les syndicalistes qui se sont présentés en ordre dispersé, ont simplement souhaité que leur dignité soit restaurée. Rendez-vous a été pris pour la semaine prochaine.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire