Promis en juillet 2016 par le commandant en chef des Forces de police nationales (FPN), les chiffres de la criminalité au Gabon n’ont pas été communiqués depuis un an. La suspicion des populations quant aux informations livrées par les forces de sécurité est restée intacte.

Comme son prédécesseur, Lambert-Noël Matha instruira-t-il les Forces de police nationales à communiquer les chiffres sur leurs activités ? © Gabonreview

 

On y avait presque cru. Réputées pour leur mutisme, les FPN avaient promis de s’ouvrir davantage et autant que possible à la presse nationale et internationale. Si l’un des objectifs visés par Jean-Clotaire Oye Zué était d’en finir avec l’image pour le moins écornée de la police, l’opération de charme lancée le 13 juillet 2016 à la faveur d’une conférence de presse avait un but précis : informer les Gabonais de ce qu’il se faisait pour leur sécurité. Il fallait rassurer les populations, tout en rendant compte. «Nous avons désormais l’ambition et l’obligation de communiquer avec vous, parce que nous sommes un service public et les populations ont besoin de savoir ce que nous faisons sur le terrain pour leur sécurité», avait alors déclaré le commandant en chef des FPN face à la presse.

Seulement, depuis un an, plus aucune autre rencontre du même genre n’a été organisée. L’on en vient à penser que, comme le ministère de la Défense nationale récemment, les FPN ont décidé de classer «secret» leurs informations. D’aucuns, plus critiques face à ce mutisme, vont jusqu’à croire que le commandant en chef des FPN préfèrerait désormais laisser la place à la rumeur plutôt qu’à la parole officielle.

Or, depuis les émeutes du 31 août 2016, à Libreville et dans d’autres localités du pays, les populations se posent de plus en plus de questions sur les activités des forces de polices : Qui fait quoi ? Comment est assurée leur sécurité ces derniers temps ? Doit-on faire confiance à tous les agents en service dans les rues de la capitale ? Mystère et boule de gomme.

La confiance des populations vis-à-vis des FPN, elle, tend à s’amenuiser. Mieux, leur suspicion à l’égard des flics est restée intacte quand elle n’a pas simplement grandi. Pas étonnant que le dernier communiqué publié par la police au sujet de la femme nue dans un véhicule au carrefour des Charbonnages ait été raillé par les internautes.

En juillet 2016, les responsables de la Police d’investigation (PJ), de l’Office centrale anti-drogue (Oclad) et le préfet de police adjoint de Libreville, sur instructions du ministre de l’Intérieur de l’époque, s’étaient résolus à partager les statistiques de leurs différentes opérations durant la période mai-juin 2015. L’on avait notamment appris que l’Oclad avait procédé à l’interpellation de 123 personnes et saisi d’importantes quantités de cannabis (195,636 kg), d’héroïne (96 g) et de cocaïne (54,5 g) pour une valeur d’environ 126,6 millions de francs CFA.

La brigade anti-criminalité («commissariat central»), en charge des questions de sécurité publique, de salubrité et de tranquillité, dans la même période, a enregistré 90 infractions, dont 46 vols, 10 vols de véhicules, 29 abus de confiance, 7 escroqueries, 22 destructions de biens, 2 menaces et une voie de faits, un meurtre, 8 recherches dans l’intérêt des familles (Rifa), 32 mises à disposition. Pour l’heure, les chiffres de 2016 et ceux du premier semestre de 2017 restent attendus.

Jean-Clotaire Oye Zué avait promis que les différents services sous son autorité se plieront, «tous les deux mois», à l’exercice de «vérité», et aussitôt que la nécessité de communiquer se fera sentir. Visiblement rien ne presse.

 
GR
 

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