Alors que FlyGabon, fierté nationale fraîchement inaugurée, prend son envol, une plainte déposée par deux entrepreneurs revendiquant la propriété de la marque menace de perturber l’essor de la nouvelle compagnie nationale. Entre allégations contestables et enjeux stratégiques, l’affaire génère des interrogations sur l’avenir de l’aviation gabonaise et les intérêts en jeu.

La demande d’une somme aussi exorbitante à une compagnie venant à peine d’effectuer son vol inaugural pourrait être interprétée comme une forme de chantage économique déguisé. © GabonReview

 

Révélée par Africa Intelligence le 5 septembre, une tache a déjà été lancée sur le blason tout neuf de FlyGabon. Selon le média d’informations confidentielles, MM. Bruce Augoula et Mohamed Diarra Magniki ont intenté une action en justice contre la nouvelle compagnie nationale aérienne du Gabon, alléguant une utilisation abusive de la marque «FlyGabon» qu’ils affirment posséder. Les plaignants réclament une «injonction permanente de cessation des nuisances» ou, à défaut, une astreinte de 150 millions de francs CFA par jour. Rapportée à l’échelle d’une compagnie naissante, la somme semble tout de même relever davantage de l’extorsion que d’une compensation raisonnable.

Une analyse de la situation révèle pourtant des failles béantes dans l’argumentaire des plaignants. Daté du 23 août 2024, un courrier de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) jette un tout autre éclairage sur ce dossier. Adressé à Maître Jean Remy Bantsatsa, avocat des plaignants, ledit dévoile une réalité bien différente de celle présentée par MM. Augoula et Magniki.

L’Anac y affirme sans ambages que la société Fly Gabon SA, représentée par les plaignants, «n’a jamais acquis de statut de compagnie aérienne» au sens de la réglementation gabonaise. Plus révélateur encore, l’agence souligne que malgré une demande initiale en 2017, la société «n’a définitivement pas soumis les dossiers inhérents à sa demande de permis à ce jour, à savoir : son dossier juridique, financier et économique, ainsi que son dossier technique.»

Autant de choses qui mettant en évidence la fragilité des revendications des plaignants. Comment une entité n’ayant jamais franchi les premières étapes pour devenir une compagnie aérienne peut-elle prétendre à des droits exclusifs sur une marque dans ce secteur ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que, comme le souligne un haut cadre du ministère des Transports cité dans un média local, «Fly Gabon est une marque déposée, pas la leur. Ils n’ont jamais été compagnie aérienne. Ils n’ont jamais obtenu de CTA [Certificat de Transporteur Aérien].»

Dans un contexte plus large, FlyGabon, lancée récemment par le chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguéma, représente bien plus qu’une simple entreprise commerciale. Après 18 ans d’absence d’un transporteur aérien national, elle incarne les aspirations du Gabon à renforcer sa connectivité interne et internationale, un enjeu crucial pour le développement économique et social du pays. Dans cette optique, la plainte apparaît comme une manœuvre inopportune, voire malveillante, visant à déstabiliser un projet d’intérêt national. La demande d’une somme aussi exorbitante à une compagnie qui vient à peine d’effectuer son vol inaugural est en tout cas inappropriée et pourrait être interprétée comme une forme de chantage économique déguisé.

Il est également pertinent de s’interroger sur le timing de cette action en justice. Pourquoi les plaignants ont-ils attendu le lancement effectif de FlyGabon pour faire valoir leurs prétendus droits ? Cette temporalité suspecte renforce absolument les doutes sur la bonne foi des instigateurs de cette procédure.

Bien que le respect du droit et la protection de la propriété intellectuelle soient des principes fondamentaux, les éléments disponibles suggèrent que la plainte contre FlyGabon repose sur des bases particulièrement fragiles, voire fallacieuses. Il appartient maintenant à la justice de dissiper ces nuages juridiques et de permettre à FlyGabon de poursuivre son essor, pour le bénéfice de tous les Gabonais.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. De Kermadec dit :

    Et ce n’est qu’un début

  2. Akoma Mba dit :

    C’est si facile. Au lieu de FlyGabin, que ce soit GabonFly ou HabonWings et le tour est joué. Pardieu!

  3. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Comment au Ministère des transports n’a t-on pas vu venir cela ? . C’est tout une procédure avant d’aboutir au décollage d’une compagnie surtout après plus de 30 ans d’errance. Et puis bon DIEU, c’est pas les noms qui manquent au moment ou on prône le retour aux sources. La culture à Gabao renferme des milliers et des milliers de noms originaux. Mr le Ministre agissez s’il vs plait. Amen.

  4. Akoma Mba dit :

    Retour aux sources dans un monde du XXième siècle? Sincèrement, pourquoi les gabonais ont l’ignorance de croire qu’il n’y a que les noirs qui ont des sources. Nous vivons au Moyen_Age comme Paris au XIXème siècle. Pendant que nous y sommes pourquoi ne pas aller puiser l’eau au margigot au lieu d’avoir un robinet? Quel pays et comme disent les anglais, il n’ya pas plus heureux qu’un ignorant. Avançons et arrêtons de vouloir aller en arriére.Parfois la mentatlité rétrograde de mes frères gabonais me dépassent!

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