Six mois après la signature d’un contrat jugé léonin avec Karpowership, la SEEG se retrouve dans l’impasse : pas d’électricité produite, des coûts en décollage et une centrale flottante fantôme. Une situation ayant poussé les autorités de transition à envisager une rupture de contrat, au risque d’un arbitrage international coûteux. Pourquoi le contrat Karpowership pourrait tourner au contentieux international et pourquoi Jeannot Kalima est dans le viseur de la DGR ?

La clé de calcul inscrite dans le contrat aboutit à la vente d’électricité à la SEEG à hauteur de 123 francs CFA/kWh, contre 55 francs aujourd’hui. Avec un risque potentiel de procès à l’international, la centrale électrique flottante de Karpowership devient problématique. © GabonReview

 

La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) cherche à se défaire d’un contrat électrique controversé signé avec le groupe turc Karpowership, révèle Africa Intelligence ce 28 octobre 2024. Cette convention, poussée et paraphée en mai dernier par le ministre de l’Énergie Jeannot Kalima, visait à introduire au Gabon une centrale électrique flottante en vue d’améliorer l’approvisionnement en électricité à Libreville. Six mois plus tard cependant, le projet stagne, la centrale flottante n’est toujours pas opérationnelle. Une situation qui alarme les autorités de transition, la SEEG étant déjà lourdement endettée.

Le 16 octobre dernier, selon le média spécialiste en révélations sur les réseaux de pouvoir, les milieux d’affaires et les cercles d’influence, une réunion d’urgence s’est tenue au siège de la SEEG, en présence de hauts responsables dont deux généraux du CTRI, Jean-Félix Akaga et Dieudonné Pongui. Face à une quinzaine de directeurs, le représentant de Karpowership s’est trouvé en difficulté pour justifier les retards d’installation, officiellement dus à des désaccords sur l’avancement des frais.

Il se trouve que le coût de l’électricité, prévu à 123 francs CFA/kWh selon le contrat, dépasserait de loin le tarif actuel de 55 francs CFA/kWh, aggravant de ce fait les préoccupations financières de la SEEG et du pays qui devra également casquer.

En cours, une enquête menée par la Direction générale des recherches (DGR) s’intéresse particulièrement aux conditions de signature du contrat. Jeannot Kalima, le ministre de l’Énergie, est notamment dans le viseur des enquêteurs pour avoir précipité la conclusion de l’accord le 10 mai, malgré les réticences des ministres de l’Économie et des Comptes publics.

Le président Oligui suit personnellement ce dossier épineux. Une réunion s’est d’ailleurs tenue le 21 octobre au palais du Bord de mer pour évaluer les options. La situation est d’autant plus délicate qu’une rupture de contrat exposerait la SEEG à une procédure d’arbitrage devant la Chambre de commerce et d’industrie de Paris avec des conséquences financières lourdes pour le Gabon.

Karpowership, contacté par Africa Intelligence, maintient sa position et annonce un début d’opérations commerciales pour «fin novembre», dans un contexte où la résolution de la crise énergétique apparaît comme un enjeu majeur avant le prochain scrutin présidentiel.

Alors que les délestages s’amenuisent mais pourraient revenir à la prochaine petite saison sèche, la transition gabonaise se retrouve devant un dilemme : persévérer avec un contrat coûteux ou affronter une bataille juridique incertaine. Les jours à venir seront déterminants pour l’avenir énergétique du pays.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Obiang dit :

    APPRÉCIEZ D’ABORD LES EFFORTS ET ENSUITE IL FAUT CRITIQUÉ .

    MOI JE REMERCIE LE PRÉSIDENT QUI CHERCHE DES SOLUTIONS POUR AMÉLIORER LES CONDITIONS DE LA POPULATION MAIS IL Y A UNE PARTIE QUI M’A INTÉRESSÉ LORSQU’ILS ONT PARLÉ DE LA SAISON SÈCHE.

    MOI JE VEUX QUE LES DIRECTEURS ET LE GOUVERNEMENT SE LANCE À CONSTRUIT UNE CONDUITE QUI SERA PIQUER DANS LE FLEUVE DE KANGO ET FAIRE DES BARRAGES DANS LES PROVINCES, POUR ÇA JE SUIS PRÈS À ACCEPTÉ QU’ON RÉDUIT MON SALAIRE JUSQU’AU LANCEMENT DES TRAVAUX.

    MERCI.

    CORDIALEMENT…

    • La Rédaction dit :

      Parfois, avant de commenter et poster il faut vraiment lire l’article et ne pas se contenter du titre.
      Où donc voyez-vous une critique ? Cet article expose une situation qui préoccupe justement le CTRI.
      Merci de continuer à nous suivre.

  2. Jhibet dit :

    Bjr à tous et à toutes,

    Donc la SEEG achète son courant à 55 frs le Kwh et nous facture à combien ? Ah,vous aussi : du simple au double !!! Enfin, si j’ai bien compris…

    Slts

  3. MONSIEUR A dit :

    Il me semble que les 55 Frs/KWh sont les coûts de production de l’électricité à partir des centrales hydro-électriques (KINGUELE, TCHIMBELE, POUBARA, BONGOLO, etc…).

    Les coûts de production de l’électricité des centrales thermiques (utilisant le gasoil) sont plus élevés, et se situent autour de 150 à 160 Frs/KWh environ.

    En vendant le KWh à 123 F CFA, Karpowership est légèrement en dessous des coûts de production des centrales thermiques de la SEEG (OYEM, MOUILA, TCHIMBANGA, MAKOKOU, etc…) mais la marge de bénéfice est très négligeable.

    La solution reste la poursuite des constructions des barrages hydro-électriques à travers le pays et établir une interconnexion des centrales afin de minimiser les baisses de production d’électricité pendant les grandes saisons sèches.

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