La tension monte d’un cran dans la transition politique finissante au Gabon. Ali Akbar Onanga Y’Obegue, figure du Parti démocratique gabonais (PDG) et ancien ministre, dénonce la censure de son intervention prévue le mardi 4 février 2025 sur Radio Gabon. Cette annulation de dernière minute, ordonnée selon lui par le CTRI, remet au goût du jour les divisions au sein du parti historique et entraine des questions sur la réelle volonté de rupture avec les pratiques du passé, promise lors du coup d’État d’août 2023.

«Empêcher un débat sur une crise politique majeure du PDG est un aveu de faiblesse, une preuve que le CTRI et le directoire illégal et autoproclamé du PDG qu’il instrumentalise et soutient redoutent la vérité», dixit Ali Akbar Onanga Y’Obegue. © GabonReview

 

Dans un message publié sur Facebook ce mardi 4 février 2025, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, secrétaire général du PDG dit «légal» dénonce une censure orchestrée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Son intervention prévue sur Radio Gabon a été annulée à la dernière minute, indiquant la montée des tensions sur l’état de la liberté d’expression dans le pays.

Une crise politique aux multiples facettes

L’ancien ministre devait intervenir dans l’émission «Gabon Politique» sur Radio Gabon de 10h05 à 10h55 pour aborder la crise qui secoue le Parti démocratique gabonais (PDG). L’annulation de l’émission est intervenue «très tard dans la nuit» sur «instructions du CTRI», selon ses dires.  Une décision qu’il qualifie de «scandaleuse» et considère comme «une atteinte à la liberté de la presse».

L’affaire confirme en tout cas la division au sein de l’ancien parti unique. La faction d’Onanga Y’Obegue revendique la «légalité statutaire», face à ce qu’il décrit comme «une frange illégale et autoproclamée depuis le 7 mars 2024». Cette crise interne a un écho certain dans le contexte de la transition politique que traverse le pays depuis le coup d’État du 30 août 2023.

«Comment justifier que le CTRI, qui a dépossédé le PDG du pouvoir d’État en l’accusant de mauvaise gestion, travaille aujourd’hui à maintenir l’influence du parti dans la transition ?», s’interroge Onanga Y’Obegue dans son texte.

Les enjeux de la transition démocratique

L’incident amène en tout cas à s’interroger sur l’orientation de la transition politique. Onanga Y’Obegue relève une contradiction : «Cette alliance contre-nature avec le Directoire illégal autoproclamé du PDG montre bien que l’objectif du CTRI n’a jamais été une rupture réelle avec les pratiques du passé.» Sa faction défend une position : le PDG devrait «se tenir à l’écart du pouvoir pendant cette période de transition» et «occuper une place d’opposition responsable».

«Cette ingérence directe dans la liberté d’expression est d’autant plus grave que le PDG n’est plus au pouvoir. Si le CTRI prétend vraiment vouloir rompre avec l’ancien régime, pourquoi intervient-il pour censurer un responsable d’un parti désormais dans l’opposition ?», interroge l’ancien ministre. Il considère que «cet acte de censure rappelle les méthodes des régimes autoritaires qui musèlent la presse pour empêcher la diffusion de toute information dérangeante

Détournement de la transition démocratique

Onanga Y’Obegue met en garde contre ce qu’il perçoit comme un détournement de la transition : «Le rapprochement entre le CTRI et le directoire illégal autoproclamé du PDG constitue une menace sérieuse pour la réussite de la transition et l’avenir démocratique de notre pays. Il perpétue les pratiques de confiscation du pouvoir et d’instrumentalisation des institutions

L’affaire dépasse le cadre médiatique. Elle pose des questions sur la nature de la transition politique en cours au Gabon. «Le peuple gabonais a soutenu le coup d’État du 30 août 2023 en espérant une transformation en profondeur des institutions et une gestion nouvelle, éloignée des erreurs du passé», rappelle Onanga Y’Obegue, avant d’ajouter que «la transition politique ne peut réussir que si elle s’accompagne d’une rupture claire avec les méthodes du passé

D’une certaine manière, cette situation étale les défis de la transition démocratique gabonaise, notamment sur la liberté d’expression et le pluralisme politique. Pour l’ancien ministre, «l’avenir du Gabon ne doit pas être compromis par des jeux d’alliances opportunistes.» Il appelle à «rejeter cette alliance contre-nature entre le CTRI et le directoire illégal autoproclamé» du PDG.

Au moment de la publication de cet article, aucune voix officielle, ni du PDG ni du CTRI, n’avait réagi à ces allégations.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. NDONG. R dit :

    Le PDG fait ce qu’il fait de mieux depuis 1968, LE CLIENTELISME. C’est une question de survie.
    C’est une véritable déception de constater que ces gens sont toujours aux affaires, à croire que le seul problème du Gabon était Ali BONGO.
    Triste

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