Cemac : L’Afrique centrale pense l’avenir du Franc CFA
Le Colloque sous-régional de haut niveau «Monnaie et développement en Afrique centrale», organisé par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), s’est ouvert ce jeudi 17 novembre à Libreville. Deux jours durant, universitaires et praticiens du monde de la finance, de l’économie, de la communication, de la société civile vont passer en revue, la situation économique, financière et monétaire dans la zone au prisme de la monnaie qu’est le franc CFA. Les travaux ont été ouverts par le ministre gabonais de l’Économie, Nicole Janine Lydie Roboty-Mbou.
Le summum de l’intellect de la sous-région en ce qui concerne les questions de monnaie, d’économie, de finance et de développement se retrouve dans la capitale gabonaise dans le cadre du Colloque sous-régional de haut niveau «Monnaie et développement en Afrique centrale». Initiative de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), ce rendez-vous offre et ouvre un réel débat sur les relations entre les pays de la Zone Franc et la France afin d’une potentielle révision de la Convention de coopération monétaire. Mieux, il s’agit de réfléchir sur les mécanismes opérationnels à mettre en place ou la mutation institutionnelle à opérer en vue de proposer un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune.
En effet, dans la perspective d’une nouvelle coopération monétaire avec la France, les Chefs d’État ont «chargé la Commission de la Cemac et la BEAC de proposer un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune». Leurs orientations ont été réitérées à ces deux institutions relativement à la réflexion ouverte sur le cadre et les conditions d’une nouvelle coopération monétaire avec la France lors de la Conférence extraordinaire du 21 août 2021 à Yaoundé (Cameroun). C’est dans ce sens que se tiennent à Libreville ces travaux.
En lieu et place du Premier ministre, le ministre gabonais de l’Économie et de la Relance, Nicole Janine Lydie Roboty-Mbou a ouvert les travaux, rappelant que «dans le domaine de l’Union économique, les Chefs d’État ont, notamment, affirmé la nécessité de favoriser le développement économique des États grâce à l’harmonisation de leurs législations, à l’unification de leurs marchés et à la mise en œuvre des politiques communes dans les secteurs essentiels de leurs économies».
«La monnaie doit être un instrument stratégique…»
Pour elle, les experts sont appelés à «cibler de façon précise et réaliste les mécanismes opérationnels à mettre en place ou la mutation institutionnelle à opérer en vue de proposer un schéma conduisant à l’évolution de la monnaie commune tel que demandé par la plus haute instance décisionnelle de la Cemac» à savoir le Conférence des Chefs d’État.
Le professeur Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac, faisant savoir qu’on aurait tort de voir en la présente mobilisation «une occasion de querelles de plus entre économistes», a laissé entendre que «les problèmes en discussion aujourd’hui touchent le public ; parce que nous vivons dans un monde dans lequel les questions monétaires s’imposent à nous, à chaque instant de notre vie».
«Qu’elle soit nationale ou régionale, une monnaie doit être un instrument stratégique de remodelage de l’appareil de production d’un pays, de définition de ses choix de spécialisation, de redynamisation de ses investissements, de l’accélération de son rythme de formation de capital et d’utilisation de facteurs de production», a-t-il dit.
Pour lui, le schéma conduisant à l’évolution de la monnaie commune demandé par les chefs d’État se rapporte à «l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France à savoir : la garantie de convertibilité illimitée par la France de la monnaie émise par la BEAC, le franc CFA ; la fixité du taux de change, la liberté de transfert entre pays membres de la BEAC et la France et la centralisation des réserves auprès d’un compte d’opérations ouvert au Trésor français».
Les participants ont jusqu’au 18 novembre pour produire une réflexion devant orienter les débats et certainement ouvrir la voie à une nouvelle et réelle coopération monétaire avec la France. Et dans ce sillage, le Pr Mesmin-Noël Soumaho, le recteur de l’Université Omar-Bongo, a laissé entendre «qu’il est temps que la coopération monétaire entre la Cemac et la France évolue, et ce colloque vise une réflexion profonde et féconde devant aboutir à cet objectif».
3 Commentaires
Ça va être un gros coup pour les habitants
Tout cela est du simulacre !
Pour moi, je ne vois que deux solutions au problème du franc CFA : monnaie coloniale issue du nazisme monétaire.
Soit on procède à un transfert de propriété du franc CFA de la France au pays de cette zone, soit nous (zone cemac) créons notre propre monnaie !!!
Et nous avons les leviers pour le faire dans notre zone !!!
LES 10 CHOSES À RETENIR SUR LE FRANC CFA :
1. Le Franc CFA fut créé le 26 Décembre 1945 par décret du General de Gaulle.
2. Le sigle Franc CFA signifie « Franc des Colonies Françaises d’Afrique ».
3. Le Franc CFA est une monnaie coloniale française imprimée à Chamalières en France.
4. Ce système met en esclavage 15 pays d’Afrique (Comores inclus) et constitue le seul système monétaire colonial au monde encore en activité.
5. Cette monnaie étant arrimée à l’Euro, les pays africains sont dès lors inscrits en 2ème division de la zone euro. A ce titre, il ne bénéficie d’aucune aide de la Banque Centrale Européenne (BCE).
6. Le Franc CFA est un système qui enrichit la France, en transférant systématiquement au Trésor Français les devises étrangères (dollars, euro, yen).
7. Plus de 12 milliards d’euros venant des banques centrales africaines sont stockés au Trésor français dans un compte d’opération. Cela signifie que ces pays africains ont accès seulement à 15 % de leur argent.
8. La France place cet argent dans des placements financiers juteux générant ainsi des intérêts (plusieurs centaines de millions d’euros)
9. A chaque fois que l’Etat français prête de l’argent à un pays africain, c’est avec les intérêts générés par ce compte d’opération. Comble de l’ironie, l’Etat français demande aux pays africains de le rembourser plus tard.
10. Dans les 3 banques centrales de la zone franc, des administrateurs français siègent aux Conseils d’Administration (CA) et possèdent un droit de veto garantissant ainsi la mise en œuvre des intérêts stratégiques de la France en Afrique.
Connaître ça par cœur nous aidera dans notre combat quotidien.