Can 2021 : Entre exaltation et instrumentalisation
Les doutes suscités par le déroulement de la 33è édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) pointent des manquements aux valeurs du football.
Le soupçon s’est installé. Malgré les précisions de la Confédération africaine de football (Caf), les interrogations fusent. En dépit des contre-feux de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), le doute demeure. Loin de s’éteindre, la polémique enfle. Tout au long de la compétition, des manquements ont été dénoncés. On a parlé de l’arbitrage, jugé trop favorable à certaines équipes. On a pointé l’assistance vidéo à l’arbitrage, utilisée au petit bonheur la chance. On s’est gaussé des tests PCR, perçus comme des instruments de disqualification de certains joueurs. On a raillé les conditions de transport et d’hébergement, décrites comme indignes d’un tournoi de ce niveau. Depuis l’élimination du pays-hôte, les échanges prennent une autre tournure. On convoque l’histoire, on revisite les éditions précédentes, l’objectif étant d’y trouver des arguments à même d’invalider ou de conforter la thèse d’une tricherie au bénéfice du Cameroun.
Complice de manipulation
Contrairement à un poncif répandu, ces récriminations ne dénotent ni la haine ni le ressentiment. Elles expriment plutôt une peine et un ressenti. Désigné pays-hôte de la 33è édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) en 2014, le Cameroun a traversé tant de montagnes russes. Initialement prévue en 2019, la compétition lui fut retirée au bénéfice de l’Égypte, en raison des retards accumulés dans la préparation. Reportée à 2021, elle fut ensuite décalée à 2022, la lutte contre la Covid-19 ayant alors servi de prétexte. Pourtant, quelques semaines avant le coup d’envoi, les doutes persistaient, laissant planer une perspective humiliante pour tout le continent : la délocalisation de la compétition au Qatar. N’eussent-été le savoir-faire diplomatique de Paul Biya et l’entregent de Samuel Eto’o, cette issue aurait été fatale.
Au fait de ces péripéties, certains parlent d’un complot ourdi par la Caf et la Fédération internationale de football association (Fifa). D’autres surestiment le rôle des instances faitières, minimisant celui du pays d’accueil, subitement présenté comme un invité lambda. Il s’en trouve aussi pour se lancer dans des interprétations spécieuses des règles, quitte à se faire l’écho de modifications décidées en opportunité. Aux uns, on rappellera cette vérité : le Cameroun a eu sept ans pour se préparer. Aux autres, on rafraîchira la mémoire : même en Coupe du monde, les plus grosses controverses mettent généralement en scène le pays-hôte. L’Italie en a été victime en 1962 face au Chili ; l’Allemagne en 1966 face à l’Angleterre ; le Brésil, de manière indirecte, face à l’Argentine en 1978… Aux derniers, on redira ceci : les règles ne peuvent évoluer en cours de chemin. L’accepter revient à se rendre complice de manipulation.
Réflexion en quatre points
Comme les compétitions internationales, le sport n’est pas seulement régi par des règles. Il obéit aussi à deux facteurs : la confiance et l’éthique. La première ne peut régner quand tout le monde, à l’exception du pays-hôte, est affecté par un virus. La seconde ne peut prévaloir quand le pays-hôte accepte toutes les incongruités édictées par l’organisateur. Surtout quand ces excentricités sont à son bénéfice, comme on l’a vu contre les Comores, curieusement décimées par le coronavirus. Après tout, le football véhicule des valeurs : respect, tolérance, solidarité et, fair-play. Quel respect quand les règles sont modifiées au gré des circonstances ? Quelle tolérance quand des hymnes nationaux sont oubliés ? Ou quand des supporters du pays-hôte marchent sur le maillot d’une autre équipe ? Quelle solidarité quand le président de la fédération-hôte se confond en déclarations tonitruantes ? Quel fair-play quand tout un pays laisse le sentiment de vouloir l’emporter à tout prix ?
Comme la plupart des pays africains, le Cameroun doit se remettre en cause. Comme eux, il doit conduire une réflexion en quatre points : l’indépendance de sa fédération, la structuration d’un championnat national, la formation et l’encadrement du soutien populaire. Malgré les cinq victoires de son équipe-fanion, la Fécafoot n’est toujours pas capable rétribuer le sélectionneur. Comme au Gabon, on le lui impose. Comme au Gabon, la professionnalisation du championnat demeure un vœu pieux. Conjuguée à l’irrégularité de cette compétition, cette situation freine l’éclosion des talents, compromet l’enracinement des valeurs du football. Du coup, les Lions indomptables se composent essentiellement d’émigrés. Comme en attestent l’absence de résultats en Ligue des champions de la Caf ou au Championnat d’Afrique des nations (Chan), le football de club en pâtit. Or, une «grande nation de football», c’est d’abord une fédération et un championnat national respectés. Une «grande nation de football» ne tient pas ce sport pour un moyen d’exaltation de la fierté nationale. Consciente des risques y associés, elle refuse de prêter le flanc à l’instrumentalisation politicienne du sport.
5 Commentaires
Kiééé !!! ma fille Roxanne, félicitations encore et toujours pour ta maîtrise de la langue de Molière. A Ntare Nzame !!
Seulement, vois-tu, ma fille, la critique est aisée. Je ne suis pas contre la critique des « autres », mais il serait aussi bien de voir la paille (si ce n’est pas une poutre) dans notre œil.
Il n’y a qu’une seule et vraie réponse aux différents malaises (dans tous les secteurs) de l’Afrique (subsaharienne surtout), c’est la mauvaise gouvernance par ceux qui n’ont jamais été votés par le peuple. Mais il y a aussi le tribalisme qui fait en sorte que nos pays ont du mal à décoller. Le tribalisme peut être même PIRE que la francafrique. Parce que, si on arrivait déjà à bien nous entendre, malgré nos barrières linguistiques et culturelles, ce serait déjà une petite avancée dans le progrès de nos états. On pourrait en débattre longuement. J’espère seulement que tu vois où je veux en venir ? LE MAL DE L’AFRIQUE C’EST LA FRANCAFRIQUE, MAIS AUSSI (ET PEUT-ÊTRE SURTOUT) LE TRIBALISME.
Apprenons à nous aimer, malgré nos différences linguistiques et culturelles, et tout ira BIEN pour nos pays d’Afrique.
Si j’arrive à SOIGNER CONVENABLEMENT les MIENS sur tous les plans (santé – éducation – loisirs – etc.),que je fasse de même avec les autres qui ne sont pas de ma tribu ou de mon clan. Je ne suis pas devenu ministre pour ma tribu ou pour mon clan, mais plutôt pour l’ensemble des gabonais (peu importe leur origine ethnique).
Cet article aurait été complet s’il avait commencé par une véritable auto-critique (voir parabole de la poutre et de la paille.)
commençons par étaler nos insuffisances et nous saurions mieux comment parler de celles des autres.
Vous parlez de la rétribution d’entraineur…Peut être avez-vous oubliez comment Daniel Cousin a été traite dans son propre pays, où il a du faire des pieds et des mains pour se faire payer?
Aussi a-t-il fallut que The Guardian vienne s’intéresser de notre sport en général et football en particulier pour qu’enfin nos propres journalistes puissent en parler?
Vous dites que l’Equipe Camerounaise est composée de joueurs Camerounais jouant à l ‘étranger ( ce que vous appelez a tort et abusivement émigrés).Mais au moins ils sont comme d’autre équipes Africaines, plus solidaires avec leur équipe et joueurs, Lorsque nous, nous lapidons publiquement nos joueurs.
L’exclusion de nos joueurs (PEA et 2 de ses autre collègues) n’est pas du fait de la CAF. C’est bien l’entraineur Importe de France ou d’ailleurs qui était a la manœuvre avec quelques cadre de la FEGAFOOT .
On aurait pu contester les décisions de la CAF si c’était le cas. Mais l’entraineur estime que cela n’était pas possible parce qu’il voulait s’assurer qu’il soit couvert(?) avant de procéder a une quelconque réclamation?…drôle d’argument pour un entraineur!!!!
Toutes les compétions du monde sont faites de magouilles même en Europe ou en Amérique. Cela n’est pas propre à l’Afrique centrale, au Cameroun ou autres. Avez-vous oublie les diverses condamnations de Platini et consorts…
Posez-vous de vraies questions et vous aurez des réponses adéquates.
Voici quelque unes :
1-Pourquoi l’Afrique avec autant d’équipes talentueuses est aussi sous-représentée a la Coupe du Monde ?
2-Pourquoi le tribalisme persiste-t-il dans nos sociétés ce qui impacte négativement nos sports et football notamment ?
@Actu. Il me semble que l’auteur écrit, à plusieurs reprises, « Comme au Gabon…. «
Pour ma part je pense si vous aviez pris vraiment de rester neutre et de rester neutre avant d’écrire votre article vous auriez eu beaucoup de réponse à certains de vos questions et puisque certains chaînes françaises comme l’équipe qui est un média sportif très puissant à apporter un démenti et à présenter ses excuses pour avoir véhicule des fausses informations puisqu’ils avaient des journalistes sur le terrain les aînés vous ont donné quelques pistes de réflexion je pense vous n’avez tous éléments pour donner un avis sur l’organisation de cette can parce que l’enjeu n’était même sportif
Déjà en interne et surtout en externe
Si vous avez bien suivi la can ce qui ce passait hors du terrain était plus médiatisé que ce qui ce passait sur le terrain
En Europe il y a des erreurs d’arbitrage également et des polémique hors des stades lors des compétitions mais regardez la réaction des journalistes il minimise le problème hors stades et reste focus sur le terrain
Nous africains nous devons nous poser des questions et surtout arrêter de nous faire des guerres gratuits
Les médias français sont donc les plus crédibles et nous devons nous aligner sur leurs écrits, même quand nous avions nous-mêmes nos gars sur place ?
Bob Marley chantait : « Emancipate yourselves from mental slavery »
(Affranchissez-vous de l’esclavage mental)
None but ourselves can free our mind
(Personne d’autre que nous ne pourra libérer nos esprits).
Merci tout de même, cher chauvin, de continuer à nous suivre.