CAN 2012 : Joseph Antoine Bell, les premiers matchs, les Panthères du Gabon et l’organisation
Auteur du livre « Vu de ma cage » et consultant de RFI sur la CAN Orange 2012, l’ancien gardien de buts et international Camerounais, Joseph Antoine Bell, réponds aux questions de Gabonreview sur la première journée de la CAN 2012. Il pose son regard sur les équipes de la Guinée Équatoriale, du Sénégal et de la Lybie et se prononce sur les Panthères du Gabon et l’organisation de la compétition.
Que pensez-vous de la première journée de cette CAN, notamment de la prestation de l’équipe du Sénégal ?
A mon avis, la prestation du Sénégal a été décevante et ce n’est pas seulement un problème de résultat. Le Sénégal nous doit autre chose en termes de manière et de qualité de jeu que ce qu’on a vu. C’est clair. Je crois personnellement qu’il serait dangereux, pour les Sénégalais, d’accepter un peu trop vite et facilement les avis de favoris qu’on veut leur faire endosser. Donc, ce n’est pas une surprise, l’équipe du Sénégal se construit. C’est une épreuve et, je crois, que dans la logique de reconstruction de cette équipe, cette défaite fait plus de bien que de mal. Parce que les Sénégalais ont encore toutes leurs chances pour se qualifier et que cette défaite va les pousser à prendre conscience du fait qu’ils ne sont pas favoris mais qu’ils doivent continuer à travailler, dans le sens de ce qu’ils ont montré auparavant, pour revenir au sommet
Pour les autres, il n’y a pas de surprise à ce que la Guinée Équatoriale batte la Lybie. Après tout les Libyens sont, à mon avis, sous entrainés, et la surprise serait peut-être de voir la Guinée Équatoriale jouer aussi bien qu’elle l’a fait hier. Mais, elle l’avait déjà fait dans le passé. J’ai vu les Équato-guinéens battre le Cameroun, même si le Cameroun est une référence plus mythique qu’actuelle.
Que pouvez-vous dire de plus sur la Lybie ?
Il serait difficile d’être plus exigeant que cela concernant l’équipe de la Lybie. Elle a fait ce qu’elle pouvait mais on a bien vu que ces garçons ne mentaient pas lorsqu’ils disaient qu’ils n’ont pas suffisamment joué et on sait dans quelles conditions ils ont vécu la préparation à cette compétition. On peut apprécier ou pas, mais la réalité est que cette équipe-là a vécu dans des conditions difficiles et on a vu des joueurs avoir des crampes à une heure de jeu à peu près. Ce qui veut bien dire qu’ils n’ont pas beaucoup joué depuis. Mais, sur le fond la Lybie pratique un beau football. Mais, si vous êtes perturbés pendant l’année de la compétition, vous serez moins bons tout de même.
On n’a pas encore vu les Panthères du Gabon jouer à cette CAN, mais vous avez dû suivre sa préparation. Pouvez-vous faire un petit pronostic, une petite extrapolation sur ce que pourrait faire l’équipe du Gabon ?
Le danger est de m’attribuer des dons que je n’ai pas. Vous voulez me faire juger des équipes qui n’ont même pas encore joué. Mais, je crois qu’il faut respecter le travail des uns et des autres et au lieu de supputer sur ce qu’ils peuvent faire, les attendre et leur donner une chance de montrer ce qu’ils peuvent faire. On n’a plus longtemps à attendre avant de voir le Gabon entrer en compétition. Ce qui est certain c’est que le Gabon, à mon avis, comme les autres, est dans un groupe difficile. Mais cette équipe a quelque chose de particulier, c’est la gestion de son environnement. Je ne sais pas comment cela a été fait. Mais, vous savez, il y a un danger à promettre la victoire à tout le monde. Il y a 16 équipes et j’ai l’impression que tout le monde ne parle que de victoire. Il aurait été plus sage pour certains de prendre la victoire la plus évidente pour tout le monde. Le Gabon comme la Guinée Équatoriale organisent. Il y a une première victoire à remporter, c’est celle de l’organisation. Je crois que c’est celle-là qu’il fallait mettre en avant, la victoire purement sportive étant quelque chose de plus aléatoire et précisément quelque chose qui ne peut pas appartenir à tout le monde. Tout le monde ne gagnera pas, alors que tout le monde peut s’organiser.
À propos de l’organisation, justment, qu’est-ce que vous pouvez en dire au bout de quelques jours ici au Gabon. Les choses marchent-elles comme vous l’aurez souhaité
Quand on a le devoir de juger, je pense qu’il faut savoir prendre quelques précautions. Le Gabon, comme la Guinée Équatoriale, n’avait pas organisé un tel évènement auparavant. Il y aura donc forcément des couacs. On a enregistré des couacs dans des pays beaucoup plus habitués à de telles organisations. En revanche, ce qu’il faut voir, c’est la volonté de bien faire, qui est manifeste, et la volonté de donner satisfaction à tous. Et, je crois, qu’il est tout juste regrettable, mais ça c’est un peu l’Afrique, qu’en définitive on se rende compte qu’on n’est pas totalement prêt et donc, qu’à un moment donné, on n’a pas calibré ses efforts. Mais la volonté est totale et c’est regrettable que cela soit récurent en Afrique, qu’on arrive et qu’on trouve que les engagements qui ont été pris ne sont pas remplis. On dirait qu’on a manqué de temps, comme si on n’avait pas su composer avec le facteur temps. Ceci dit, pour l’instant tout le monde remarque que les choses vont dans le bon sens, pour peu qu’on soit tolérant. Mais, je crois aussi, qu’il faut dire, à l’endroit des organisateurs, que cette tolérance ne doit pas devenir de la complaisance. Il nous reste trois semaines à passer ensemble, il ne faut donc pas arrêter les efforts qui sont entrepris.
Le pronostic du pronostic. Quelles sont à votre avis les quatre équipes qui pourraient arriver en finale ?
C’est difficile à dire. Je crois qu’il serait plus honnête à l’égard des entraineurs et des joueurs, d’avoir vu jouer chacune des équipes au moins une fois. Sinon, nos pronostics seraient des pronostics sur le papier, des pronostics purement théoriques, qui seraient loin de la réalité du terrain. Je crois donc, qu’en respectant les uns et les autres, le pronostic sera plus honnête et il se rapportera plus à ce qu’on a vu qu’à ce qu’on pense.
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