Le jeune Hans Obame Otounga aurait subi des actes de torture, le mois dernier. Hier mardi 9 juillet, devant le Tribunal correctionnel, son avocat, Me Moumbembé a révélé les conclusions d’un rapport médical qui semble confirmer cette thèse.

Le dos de Hans Obame Otounga tel que montré sur les réseaux sociaux, quelques jours après sa sortie de séquestration. © D.R.

 

En détention préventive depuis six jours, Hans Obame Otounga sera fixé sur son sort le 28 juillet courant. Hier, mardi 9 juillet 2024, ce jeune gabonais a comparu devant le Tribunal correctionnel de Libreville, car poursuivi par le Ministère public pour diffusion de fausses informations.

Les faits reprochés et la plaidoirie de l’avocat

Les faits qui lui sont reprochés remonteraient au mois de juin dernier. Le prévenu aurait diffusé des informations mensongères, en produisant un enregistrement audio dans lequel il soutient avoir été victime de sévices corporels durant sa séquestration dans une habitation privée à La Sablière, quartier huppé de Libreville. Un enregistrement qui aurait causé un trouble à l’ordre public, selon l’accusation.

Se tenant à côté de son conseil, Me Jean-Paul Moumbembé, Hans Obame Otounga n’a pas manqué de donner sa version des faits. Il a ainsi expliqué que le 28 du mois écoulé, au terme de sa garde à vue, son avocat s’est rendu à son domicile pour qu’il lui relate ce qu’il s’est passé entre son interpellation et à sa libération. Le professionnel du droit avait d’ailleurs enregistré les propos de son client, en présence de la mère de ce dernier et d’autres membres de sa famille. À la barre, le prévenu a affirmé ne s’être contenté que d’informer sur ce qu’il avait vécu et qu’il n’était pas l’auteur de l’audio en question ni son diffuseur.

De son côté, Me Moumbembé s’est attelé à démontrer que le jeune compatriote avait bel et bien été victime de torture. «Avez-vous vu le dos et les autres parties du corps de cet enfant ?», a-t-il interrogé. Ajoutant que «Hans a été arrêté à son domicile par des individus en cagoule qui lui ont également fait porter une cagoule. Il a passé 14 jours en garde à vue». Avant de revenir sur le jour de la relaxe de son client, le 28 juin dernier, il dit avoir été alerté ce jour-là un agent de la Direction générale des recherches (DGR), qui l’aurait informé de la mise en liberté de Hans Obame Otounga. C’est ainsi qu’il s’est immédiatement rendu au domicile du concerné, accompagné d’un membre de l’association SOS Prisonniers.

Les preuves médicales

Y étant, il aurait appelé le procureur de la République pour lui signifier son initiative d’un enregistrement audio et le lui envoyer. «Mon client n’a donc pas fait d’affabulation. C’est moi qui ai enregistré et j’ai envoyé l’enregistrement à deux personnes, dont Thibault Adjatys, le grand-frère de mon client», soutient l’avocat. Et celui-ci de poursuivre : «Il est évident que la publication de cet audio et les révélations qui y sont faites n’ont guère plu aux tortionnaires de Hans. C’est du reste pour cela qu’il aurait de nouveau été arrêté. Par la suite, j’ai appris que mon client a encore été arrêté

Mais l’avocat ne s’est pas s’arrêté là. Il produit alors au tribunal un certificat médico-judiciaire établi après examen de son client. Selon ce document, l’agression physique subie par Hans Obame Otounga a entraîné de multiples cicatrices générales, des contusions dermatologiques ; des insomnies et peurs hallucinatoires ; des traces de ligatures des poignets gauche et droit avec insensibilité des mains ; des dorso-lombalgies invalidantes ; de multiples épisodes de syncopes ; plusieurs plaies buccales avec hémorragies buccales et des douleurs pelviennes avec anurie.

Toutes choses qui prouveraient que le jeune homme aurait été victime de torture. Au terme des débats, le Tribunal a renvoyé les parties au 28 juillet prochain pour rendre sa décision.

 
GR
 

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