Marché financier : Roland Berger à la rescousse de la BVMAC
Evoluant dans un marché étriqué et constamment en rivalité avec la place de Douala (Cameroun), la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) de Libreville fait appel à l’expertise du cabinet d’études parisien.
Siège de la BVMAC à Libreville. © news.alibreville
Quelle approche pour un marché financier régional en Afrique centrale ? Quelles mesures pour développer le marché financier de la Cemac ? Quel schéma pour rapprocher les deux places boursières de la sous-région ? Comment enrichir la cote officielle de la BVMAC ? Autant de questions qui préoccupent les responsables de la Commission de surveillance du marché financier d’Afrique centrale (Cosumaf). Alors que le Cameroun, par l’entremise de la Douala stock exchange (DSX), se cherche une véritable raison d’exister, tout en compliquant sérieusement l’action de sa «sœur» du Gabon, la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), qui ne se porte pas mieux, cherche désespérément à s’imposer comme l’unique place financière de la sous-région. Une ambition portée par la Cosumaf, qui a récemment approché le cabinet Roland Berger strategy consultants, pour tenter de sortir la bourse de Libreville de sa difficile situation.
Créée il y a sept ans, la BVMAC, si elle compte à ce jour quelques émissions des titres de dette d’une poignée d’établissements (BGFI Holding Corporation, BDEAC, Alios Finance Gabon) et d’un Etat (Tchad), n’a réussi à coter qu’une seule entreprise : Siat Gabon. Une cotation qui s’est d’ailleurs faite sans le soutien du Cameroun, dont le régulateur boursier s’était montré ouvertement contre l’implication des investisseurs camerounais dans les actions du groupe agro-industriel. Pour la Cosumaf, il s’agit de mener une étude sur le potentiel du marché financier de la sous-région, qui compte six pays et une quarantaine de millions d’habitants. Objectif: attirer les entreprises de la sous-région vers la place de Libreville. Financée par la Banque mondiale, cette étude devrait aboutir à un diagnostic, rapporte le site de Jeune Afrique, selon lequel le cabinet «va s’attacher à rencontrer tous les acteurs du secteur : autorités ministérielles, organisations patronales, chambre de commerce, entreprises du portefeuille de l’Etat, entreprises privées et sociétés financières».
Au terme de cette étude, la BVMAC dont la mission est d’organiser et animer le marché financier régional, pourrait parvenir véritablement à favoriser le financement des entreprises et Etats de la zone Cemac, à financer les grands travaux et infrastructures transrégionaux, à promouvoir le marché financier et développer la culture boursière, tout en soutenant l’intégration régionale, la croissance et le développement économique.
3 Commentaires
Voici une heureuse nouvelle pour notre sous-région. Mais est-ce que les dirigeants de la BVMAC ignorent réellement quoi faire pour sortir leur structure de la passe difficile dans laquelle elle se trouve ? J’ai souvenance du post de notre ami, le brillant (par ses observations) Joe Canada, qui a suggéré ici même une spécialisation de chacune des deux bourses d’Afrique Centrale dans des opérations complémentaires. Mais qu’à cela ne tienne. Il est à déplorer le fait qu’une bourse de la sous-région, au nez et à la barbe des chefs d’Etat, appelle ouvertement (pour ne pas dire : les oblige) d’autres opérateurs économiques à se détourner d’une opération boursière initiée par ou en faveur d’un autre opérateur économique de la Cemac. L’intégration régionale qu’on appelle de tous nos vœux viendra finalement dans quelles conditions ? Si cette bourse de Douala a été tolérée, alors qu’on sait pertinemment que sa création est une sorte de rébellion face au choix régalien des Chefs d’Etat d’implanter la BVMAC à Libreville, pourquoi faut-il lui laisser toute la latitude de devenir un trouble-fête qui mène des opérations de déstabilisation des autres économies d’Afrique centrale, sans que quiconque ne pipe mot, ne lève le petit doigt ?
Parceque le Cameroun est la première puissance économique de la sous région
Voilà une réaction qui ne peut qu’inciter le Cameroun à développer la place de Douala. Il est vrai qu’en Afrique centrale, deux Bourses de valeurs mobilières se partagent l’espace. – Espace BVMAC : Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad. -Espace DSX Douala : Le Cameroun.
Le Cameroun a le droit, et c’est le choix qu’il a fait, de se doter des institutions nécessaires au financement de son économie. Le Cameroun n’empêche pas les sociétés congolaises, centrafricaines, gabonaises, équato-guinéennes et tchadiennes de se faire cotées à la BVMAC. A part le Tchad et le Gabon, quel Etat de l’espace BVMAC participe à l’animation du compartiment des obligations de la BVMAC ? Le Congo et la Centrafrique et la Guinée Equatoriale sont absents sur le marché de la BVMAC.
Plutôt que de s’acharner sur le Cameroun et la Douala Stock Exchange, demandez aux entreprises de l’espace BVMAC (Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad) d’animer leur marché. Si vous réussissez cela, la BVMAC aura fait un grand pas.
Tout comme la SIX Swiss Exchange, Rwanda Stock Exchange et autres bourses nationales dans le monde, la Douala Stock Exchange à toutes les chances de se développer et d’être très utile pour aux petites, moyennes et grandes entreprises camerounaises et donc à l’économie camerounaise.
Il ne faut pas penser qu’en ayant choisi de développer une bourse nationale le Cameroun acceptera la disparition de la DSX. On aimerait voir les pays de l’espace BVMAC soutenir le développement de la BVMAC et cessez de vouloir faire la guerre au Cameroun.