Candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dévoile peu à peu un programme ambitieux mêlant rupture et continuité. Fort de son expérience au sein de l’appareil d’État, il assume son passé tout en plaidant pour une refonte profonde des structures économiques et politiques du Gabon. De la fin de la rente pétrolière à la suppression du Sénat, en passant par une diplomatie proactive, l’ancien Premier ministre propose une vision pragmatique pour restaurer la confiance des Gabonais.

Alain-Claude Bilie-By-Nze : «Tout capitaine de bateau sait qu’il faut pouvoir naviguer par temps de tempête, tenir la barre, esquiver les récifs et fixer le cap». © x.com/biliebynze

 

Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, a lancé sa précampagne électorale en insistant sur la nécessité d’un véritable renouveau politique et économique pour le Gabon. Dans une série de déclarations percutantes diffusées sur les réseaux sociaux – X (ex-Twitter), TikTok, etc. – l’ancien Premier ministre se présente comme un candidat de l’expérience, prêt à réformer en profondeur les structures du pays.

«J’ai décidé en âme et conscience de me porter candidat au suffrage des Gabonaises et des Gabonais. Ce n’est pas une décision que l’on prend parce qu’on veut juste amuser la galerie. C’est une décision qui relève à la fois de la connaissance qu’on a de soi-même, du rapport qu’on a au pays, des idées qu’on veut défendre.»

Un héritage assumé, une rupture annoncée

Conscient de son passé au sein de l’appareil d’État, Bilie-By-Nze assume son parcours, tout en affichant une volonté claire de tourner la page des errements du système. «J’entends les gens dire : ‘Oui, mais Bilie-By-Nze, c’est l’ancien système.’ Moi, j’assume d’avoir travaillé dans ce système. J’assume que le PDG n’a pas fait que de mauvaises choses.» Il reconnaît que sous le régime d’Ali Bongo, certaines infrastructures clés ont été construites – la Baie des Rois, la voie de contournement de Libreville, le Programme Intégré d’Alimentation en Eau Potable et Assainissement de Libreville (PIAEPAL) – tout en concédant que «la fin n’a pas été ce qu’on aurait espéré

Bilie-By-Nze défend toutefois la nécessité de rompre avec une économie de rente, héritée du modèle colonial, qui maintient le Gabon dans une dépendance structurelle. «Ce modèle économique est à bout de souffle. Cela fait des décennies que nous exportons le manganèse brut. Ali Bongo a tenté une première transformation. Cela n’a pas fonctionné parce que le modèle actuel satisfait beaucoup d’intérêts, beaucoup de lobbies.» Pour lui, le véritable enjeu réside dans une révision complète de la stratégie économique nationale. «Il faut une nouvelle indépendance économique.»

Un pragmatisme réformateur

Bilie-By-Nze : «Ce que l’État a dit qu’il ferait, il doit le faire — c’est ça, une société de confiance» © x.com/biliebynze

Bilie-By-Nze ne se contente pas de dresser un constat : il propose des solutions concrètes, ancrées dans le pragmatisme. L’une des mesures phares de son programme est la suppression du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour financer des projets en faveur de la jeunesse et des personnes âgées. Il défend également la création d’un «minimum jeunesse» pour accompagner les diplômés vers le premier emploi.

Sur le plan institutionnel, il plaide pour une société de confiance, fondée sur une transparence effective et une véritable méritocratie. «C’est quoi une société de confiance ? C’est une société au sein de laquelle ce que l’État a dit qu’il ferait, il le fait. Mais c’est aussi une société où chacun peut, en toute liberté, savoir que s’il aspire à un travail et que ses capacités lui permettent de l’obtenir, il l’obtient. C’est le contraire de la République des copains, des coquins et des consanguins qui a cours depuis 18 mois

Le natif de Ntang-Louli appelle également à une diplomatie proactive, inspirée du modèle d’Omar Bongo. «Omar Bongo a réussi à positionner le Gabon sur la carte diplomatique mondiale. Il faut une diplomatie qui permettra aux entreprises gabonaises de trouver des débouchés, notamment au sein de la CEMAC et de la CEEAC.» Il prône une «immigration choisie», tout en insistant sur le respect des accords communautaires : «Je parle là de la libre circulation des personnes et des biens. Ce n’est pas le libre établissement : le Gabon aura le droit, sous ma présidence, de choisir qui vient s’installer. Je suis très clair sur ce sujet. Il nous faut une immigration choisie. Nous ne pouvons pas subir l’immigration : il faut une immigration choisie, assumée, en fonction de nos besoins. Ceux qui n’ont rien à faire chez nous doivent repartir chez eux, sauf les ressortissants de la communauté, en fonction des accords que nous avons signés

«Je connais mon pays. Je sais ce que les Gabonais attendent»

Fort de son expérience au sein du pouvoir, Bilie-By-Nze se présente comme un candidat capable de gouverner dans la tempête. «Tout capitaine de bateau sait qu’il faut pouvoir naviguer par temps de tempête. Il faut, dans ces conditions-là, être en capacité de tenir la barre, d’esquiver les récifs, de fixer le cap.»

La dimension humaine de son projet transparaît dans sa vision d’une société équilibrée, où le mérite et la justice sociale priment. «Les Gabonais attendent de leur dirigeant l’honnêteté, la probité. Mais ils attendent aussi que le dirigeant mette en place une transparence, une vraie démocratie, le respect de l’État de droit.»

En se positionnant à la croisée des chemins entre expérience et renouveau, Bilie-By-Nze tente un pari risqué : réconcilier le passé avec l’avenir, tout en proposant une rupture décisive avec un modèle économique et institutionnel jugé obsolète. «Changer le système avec les mêmes personnes ? Aucun système ne peut changer dans ces conditions.» Le 12 avril 2025, les Gabonais auront à trancher.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Le discours de ce monsieur transpire le narcissisme et la mythomanie. Il illustre bien cette tendance à dire : « Ce que j’ai fait n’est peut-être pas parfait, mais ce n’est pas si mauvais, il y a du bon dedans. » En somme, Bilie Bi Nze se donne des airs de responsabilité avec des paroles creuses, convaincant ceux qui ne savent pas lire entre les lignes. Mais pour ceux qui ont une vision plus lucide, son message au peuple gabonais est clair : « Vous exagérez. Vous en faites trop sur les limites des réalisations et de la gouvernance du PDG et des Bongo. »

    Peut-on faire confiance à un tel homme ? Peut-on rêver d’un Gabon meilleur avec quelqu’un qui nous force sans cesse à accepter la médiocrité du PDG comme un succès ? Un homme qui semble incapable de comprendre qu’un 2/20 n’est pas un résultat acceptable, sous prétexte qu’un effort a été fourni pour obtenir ces deux points. Non, ACCBN, 2/20 est un échec total. C’est un score qui ne fait que renforcer le regret de tout patriote face aux décennies de règne des Bongo.

    Prenons l’exemple de la Baie des Rois : certes, elle a été construite. Mais quand ce projet a-t-il réellement commencé ? A-t-il suivi son plan et ses délais ? Et que dire de la diplomatie d’Omar Bongo, bâtie en détournant des ressources qui auraient dû améliorer le quotidien des Gabonais ? Bilie Bi Nze feint d’oublier qu’Omar distribuait les mallettes d’argent du Gabon pour s’acheter une influence, y compris au sein de la classe politique française. C’était une diplomatie, oui, mais une diplomatie au service du rayonnement personnel d’Omar Bongo, bien plus qu’au bénéfice du Gabon.

    Alors, est-ce ton projet ? Continuer à détourner les ressources du développement du Gabon pour acheter une reconnaissance diplomatique ? Aujourd’hui, avec plus de 30 % de la population vivant dans la pauvreté, les Gabonais préfèrent sans doute passer inaperçus, tant que cela leur permet d’assurer leurs besoins essentiels avant de rêver à des ambitions dignes des nations les plus riches.

    Mais au-delà de tout, Bilie Bi Nze est l’antonyme même de l’honnêteté et de la probité. S’il en avait ne serait-ce qu’une poussière, il aurait depuis longtemps dénoncé cette gouvernance qu’il continue de défendre. C’est d’ailleurs la différence avec Oligui, qui, bien qu’ayant appartenu à ce même régime, a su prendre ses responsabilités lorsque Ali Bongo a dépassé les bornes dans sa trahison du Gabon et des Gabonais.

    Toi, Bilie Bi Nze, tu regrettes surtout qu’Ali Bongo n’ait pas pu s’imposer frauduleusement lors d’une élection organisée dans une opacité totale, sous des lois iniques violant les principes démocratiques et méprisant la communauté nationale et internationale. Cette même communauté internationale que tu appelles aujourd’hui à ton secours, alors que lorsque tu étais au pouvoir, tu faisais tout pour museler son droit de regard en invoquant la souveraineté du Gabon. Mais aujourd’hui, ce peuple n’aurait-il plus droit à cette souveraineté simplement parce que tu as perdu tes privilèges ? Ton opportunisme est sans borne.

    Non, Bilie Bi Nze. Le Gabon mérite mieux. Devant les gabonais, quoi que tu dises, Oligui avec ses limites a gagné sa légitimité à diriger le Gabon ces années après nous avoir débarrassé d’un Ali Bongo qui visiblement n’était plus en capacité de diriger le Gabon et défendre son honneur, de Sylvia de Nourredine et de la Young Team que les gabonais ne voulaient pas. 2 ans est insuffisant pour lui retirer le bénéfice du doute qu’il a dignement gagné, bien qu’ayant appartenu au régime déchu. Merci de l’accompagner dans cette élection où il est le grand favori du vote du peuple qui considère que c’est un grand pas avoir tournée la page sombre de la famille Bongo avec sa main mise sur les institutions et l’économie du pays. Tu ne peut pas dire un peu merci que l’etat récupère un peu ce que les Bongo ont pris. Pas sur qu’avec toi notre pays aurait réussi aurait demandé et obtenu ces parts de Afrijet et Ceca Gadis, société bâtis en volant l’etat. Tu ne peux pas etre aussi efficaces que le militaire BCON pour essayer de réparer le mal du PDG et des Bongo que tu considère qu’ils ont fait autant de choses pour les Gabonais.

  2. DesireNGUEMANZONG dit :

    J’ai une question pour Billie-by-Nzé : A combien chiffrez-vous vos mesures? Je pense que je n’aurai pas de réponse.

    Une phrase a attiré mon attention ⚠️ . C’est la suivante :
     » Tout capitaine de bateau sait qu’il faut pouvoir naviguer par temps de tempête. Il faut dans ces conditions-là être en capacité de tenir la barre, d’esquiver les récifs, de fixer le cap ».

    Tout capitaine digne de ce nom doit assurer la sécurité de son équipage et
    n’engage pas le navire en cas de tempête. Il faut lire la météo avant
    d’appareiller.

    Il faut préciser une chose : c’est le capitaine du navire qui fixe le cap (Le Président). Il ne tient pas la barre. Il y a un barreur à bord du navire (Le Premier Ministre). Et aucun capitaine n’engage son navire sous une tempête. C’est de l’amateurisme. Sur l’échelle de Beaufort, une tempête c’est force 10
    avec une vitesse de vent de 89 à 102 km/h (capable de déraciner un arbre). Vous risquez un naufrage assuré (sinking) et ramener des morts à terre.

    Avec un capitaine comme vous, je ne monte pas à bord du navire. Car vous m’inspirez pas confiance.

    Je parle en connaissance de cause. Car titulaire de deux permis de navigation.

    Cordialement.

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