BEAC : «Nous faisons des billets hautement sécurisés», assure Jean Michel Bakobog
Dans des festivités de son cinquantenaire, Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a ouvert à N’Djaména, au Tchad, une exposition où le public est invité à venir découvrir l’évolution des billets de banque. À cette occasion, Gabonreview s’est rapproché du Chef de service Organisation et Sécurité de l’Émission de l’institution, le 21 novembre, pour s’enquérir de plusieurs éléments, comme le processus de fabrication de billets ou encore la sécurisation de ceux-ci face au phénomène inquiétant de la contrefaçon. Ci-après, l’interview de Jean Michel Bakobog.
Gabonreview : Quel est le rôle de votre département ?
Jean Michel Bakobog : Ce département fait partie de l’une des missions de la Banque centrale. La convention régissant l’union monétaire en Afrique centrale a donné le privilège exclusif de l’émission des billets de banque à la BEAC. C’est donc la seule institution qui a le monopole de l’émission des billets de banque. Ce privilège exclusif est par ailleurs assorti d’un certain nombre d’obligations qui constituent les missions fondamentales de notre département : notamment mettre à la disposition des agents économiques des signes monétaires en quantité suffisante, entretenir la circulation de la qualité fiduciaire et lutter contre la contrefaçon. Donc, garantir les utilisations de ces moyens de paiement.
Comment sont fabriqués les billets de banque ?
La BEAC émet les billets et a choisi la Banque de France pour les imprimer. Ça aurait pu être un autre prestataire, mais la BEAC entretient d’excellentes relations avec la Banque de France pour la fabrication des billets. Donc, nos billets sont fabriqués à la Banque de France. Nous passons des commandes qui traduisent généralement les besoins des agents économiques et nous sommes livrés par notre partenaire. Ensuite, nous livrons ces billets dans tous nos centres qui sont dans les six pays de la Cemac. La diffusion auprès du public se fait via système bancaire. Donc, les banques viennent à la BEAC pour faire des prélèvements. Et, à l’issue de ceux-ci, le public peut aller au niveau des banques commerciales pour avoir des billets.
Pourquoi la BEAC fait-elle toujours imprimer ses billets par la Banque de France 50 ans après ?
C’est un choix. Et la Banque de France n’est qu’un imprimeur. Nous pouvons décider d’imprimer nos ailleurs, tout comme nous pouvons décider de construire une usine de fabrication de billets. Mais le choix qui a été fait par nos autorités est celui-ci. Peut-être les choses vont-elles évoluer, mais je n’en ai pas la maîtrise.
Sur quelle base se détermine le quota de billets commandés ?
Ce sont les besoins des agents économiques. C’est nous qui déterminons de la quantité de billets à commander. Dans nos services, nous faisons l’évaluation des besoins de nos banques et comptables publics. Et sur la base de cette analyse, nous dégageons la quantité de billets à commander auprès de la Banque de France.
L’émission du volume monétaire d’un pays est-il lié au dynamisme de son économie ?
Effectivement ! C’est normal. Le dynamisme de l’économie peut traduire la circulation fiduciaire dans un État. À ce facteur s’ajoute également la population. Si un pays compte beaucoup d’habitants, il y aura forcément beaucoup de billets de banque dans celui-ci. Dans la circulation fiduciaire, il y a également beaucoup d’autres éléments comme le niveau du PIB.
Quid de la sécurisation des billets ?
Au niveau de la Banque centrale, la lutte contre la contrefaçon repose sur beaucoup d’éléments. Le premier : des billets de plus en plus sécurisés. Nous faisons des billets hautement sécurisés. Dans la gamme 2002 ou les plus anciennes, nous avons des billets hautement sécurisés. C’est le premier élément de lutte contre la contrefaçon (…) Et pour que le public ne se laisse pas avoir par des billets contrefaits, nous avons des formations du public et des banques. Nous formons les utilisateurs de nos signes monétaires à l’authentification. C’est le deuxième élément. Notre troisième élément de lutte contre la contrefaçon est notre laboratoire d’analyses, où tous les faux billets saisis sont remontés et analysés pour connaitre l’évolution de la contrefaçon. À ce jour, je puis rassurer que nous n’avons pas encore de contrefaçon industrielle, ce sont juste quelques copies. Si le public est suffisamment formé, c’est facile de détecter ces copies.
Quel est le process de recyclage des billets usés ?
Au niveau de la Banque, nous avons des guichets pour remplacer les billets dits mutilés. Si vous avez ce type de billets, vous pouvez vous rapprocher d’une agence de la Banque centrale, nous pouvons intégralement échanger ces billets sans aucun souci. Par ailleurs, la BEAC entretient la circulation fiduciaire par des opérations de tri. Lorsque les banques font des versements dans nos guichets, il y a des tris qualité à l’issue desquels seuls les billets respectant certains standards de qualité sont remis en circulation. Tous les autres sont destinés à la destruction. Aussi, l’entretien de la qualité de la circulation fiduciaire est du ressort de la BEAC, mais d’autres intervenants doivent aussi agir. Par exemple le public, qui gagne à entretenir les billets de la meilleure façon possible. Le public a aussi une responsabilité dans la qualité fiduciaire. Nous avons également les banques, qui ont l’obligation de reverser à la BEAC, tous les billets collectés auprès du public. Le cas échéant, nous n’avons pas la maîtrise sur la qualité.
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